Il y a cinq ans, Chérif Chekatt ouvrait le feu sur des passant(e)s lors du marché de Noël de Strasbourg. Cinq personnes perdent alors la vie, onze seront blessées. Ce jeudi 4 avril, cinq semaines après le début du procès, les accusés ont été fixés sur leur sort. Des peines allant jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle ont été prononcées par la cour d’assises spéciale de Paris.
Nous sommes le 11 décembre 2018, il n’est pas encore 20h et le marché de Noël bat son plein. En un instant, armé d’un revolver ainsi que d’un couteau, Chérif Chekatt tue, au hasard, cinq personnes et en blesse 11 autres.
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L’horreur frappe Strasbourg
Bien que blessé à un bras par des militaires de l’opération Sentinelle, l’auteur de faits parvient à s’échapper après l’attaque. Il prend en otage un chauffeur de taxi, qu’il libère par la suite. En parallèle, l’État islamique revendique l’attaque sur le marché de Noël.
Pendant deux jours, le Christkindelsmärik ferme ses chalets et l’odeur du vin chaud est remplacée par celle des bougies qui jalonnent, à côté des fleurs, les pavés de notre cité. Le 13 décembre, après 48 heures de cavale, Chérif Chekatt est tué par une patrouille de police au Neudorf.
Délinquant multirécidiviste de 29 ans et fiché S depuis 2015 pour radicalisation islamiste, l’homme connaissait bien le milieu judiciaire.
Cinq semaines de procès
Ce procès devait, entre autres, répondre à plusieurs questions, notamment sur la course meurtrière de Chérif Chekatt et sur les éléments de complicité des accusés.
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Début mars, devant la cour d’assises spéciale de Paris, les parties civiles (dont les victimes) avaient également pu témoigner.
Une étape essentielle, comme l’expliquait maître Friederich, au début du procès : « C’est surtout un moment important dans le processus de résilience et de reconstruction pour les victimes et les proches. Ils ont été meurtris, ils ont été bouleversés par cet événement. »
Des peines allant jusqu'à 30 ans de réclusion criminelle ont été prononcées
Absent du procès (sa mort empêche toute poursuite judiciaire à son égard), Chérif Chekatt n’était pas le seul concerné par cette affaire. Depuis le jeudi 29 février, quatre hommes, soupçonnés d’avoir apporté une aide à l’assaillant, ont été jugés. Ce jeudi matin, ils se sont exprimés une dernière fois devant la cour d’assises spéciale de Paris, avant qu’elle ne se retire pour délibérer.
Après de longues heures, le verdict est tombé aux alentours de 21h :
- Audrey Mondjehi, 42 ans, a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle, pour association de malfaiteurs terroriste criminelle (avec une peine de sûreté des deux tiers). La cour n’a pas retenu la complicité d’assassinat terroriste. De plus, elle prononce une interdiction définitive du territoire français à son égard. Il a aidé le djihadiste Chérif Chekatt à se procurer une arme.
- Frédéric Bodein et Christian Hoffmann sont condamnés pour association de malfaiteurs de droit commun. Le premier écope d’une peine de quatre ans d’emprisonnement, dont un an avec sursis probatoire (il en a déjà effectué trois en détention provisoire). Le second est condamné à une peine de cinq ans d’emprisonnement, dont six mois avec un sursis probatoire. Il a déjà réalisé une grande partie de sa peine en détention provisoire, il devra donc porter un bracelet électronique pour purger le reste.
- Stéphane Bodein (le frère de Frédéric) est reconnu non coupable et a été acquitté, sa présence au moment de la vente de l’arme du crime n’a pas pu être prouvée.
- Le cousin éloigné des deux frères, Albert Bodein, âgé de 83 ans, sera jugé plus tard en raison de ses problèmes de santé (pour éviter un ajournement).
Après ce verdict, la reconstruction sera encore longue pour les familles, les ami(e)s des blessé(e)s… Mais aussi pour l’entourage des cinq hommes décédés, dont on voulait rappeler les noms, pour ne pas oublier : Kamal Naghchband, 45 ans, Bartosz Piotr Orent-Niedzielski dit « Bartek », 34 ans, Antonio Megalizzi, 28 ans, Pascal Verdenne, 61 ans et Anupong Suebsamarn, 45 ans.