Parfois, dans le monde de l’art, la planche à billets s’affole et certaines œuvres se vendent à des prix stratosphériques. C’est le cas de Rhin II (ou Rhein II), une œuvre un peu particulière réalisée par le photographe allemand Andreas Gursky. Voici la petite histoire de ce cliché, immortalisant une partie du fleuve qui longe Strasbourg, et qui est resté pendant longtemps la photo la plus chère du monde.
Photographe, et professeur à l’Académie publique des beaux-arts de Düsseldorf, Andreas Gursky est spécialisé dans les clichés très grands formats à haute définition. Certains d’entre eux peuvent atteindre jusqu’à quatre mètres d’envergure.
Un jour de 1999, Gursky se balade sur les rives du Rhin comme vous et moi, quelque part autour de Oberkassel (à Düsseldorf, en Allemagne). Comme de nombreuses personnes, il flâne au bord du fleuve et sort son appareil photo, pour prend un cliché qui pourrait sembler banal.
Cette photographie représentant un bord du Rhin, après plusieurs tours de mains et une impression grand format, deviendra, et restera pendant longtemps, la photo la plus chère du monde.
Andreas Gurksy : le gigantisme et la beauté du réel
Très coté sur le marché de l’art, Gursky aime la précision, le gigantisme et porte un amour inconditionnel au détail. C’est ce qu’il nous donne à voir à travers ses photographies monumentales.
Ses œuvres, objectives, offrent un focus grand format sur des lieux, des moments de vie, et des scènes du quotidien tout à fait ordinaires.
Un parc éolien, les rayons d’un supermarché, une barre d’immeuble ou encore une librairie, avec lui, on est comme dans une sorte de réalité augmentée.
Mais la réalité n’est pas aussi lisse que l’on peut le penser. En effet, certaines de ses photographies sont débarrassées par l’artiste des détails superflus, notamment grâce à des modifications numériques. L’objectif est simple : garder l’essentiel.
Pour Rhin II, par exemple, la photo a été retouchée pour devenir d’une homogénéité presque absolue. L’usine, les poteaux électriques, le ciel bleu nuageux, tout ça a sauté pour que notre regard se fixe uniquement sur ce cours d’eau non-identifiable qui semble couler au milieu de nulle part.
« Rhin II » : un cliché qui affole les compteurs
Bien qu’Andreas Gursky soit présent sur le marché de l’art depuis le début des années 80, sa photographie des rives du Rhin a fait chavirer les salles de vente, plus que n’importe laquelle de ses œuvres auparavant.
En effet, en 2011, ce tirage de 190 × 360 cm est adjugé chez Christie’s (à New York) pour la modique somme de 4,3 millions de dollars (3,2 millions d’euros). À l’époque, cette somme fait de Rhin II la photo la plus chère jamais vendue dans le monde.
Détrônée depuis, notamment par Phantom de Peter Lik (adjugée à 6,5 millions de dollars en 2014), la photo d’Andreas Gursky appartient désormais à un collectionneur privé qui a souhaité rester anonyme.
On ne pourra donc certainement jamais voir de nos yeux cette oeuvre majeure de l’histoire de la photographie contemporaine.