Ce 12 mars, Archipel 2 dévoilait ses dernières constructions. Habitat réservé aux femmes victimes de violence, plusieurs tiers-lieu, un parking et un grand parc : zoom sur les dernières nouveautés du projet urbain le plus représentatif des ambitions de la municipalité écologiste.
« Renforcer le statut européen de Strasbourg, c’est ancrer l’Europe dans son urbanisme à travers les nouveaux quartiers qui émergent ». Par ces mots, Jeanne Barseghian donne le ton : à Strasbourg, l’Europe doit également passer par des politiques publiques, à l’échelle de la ville. L’ambition est donc grande pour le quartier Archipel 2.
Complètement repris en main par la municipalité écologiste, le projet s’est orienté vers des logements plutôt que des bureaux, pour accueillir 1.500 habitant(e)s dans le futur. Un tournant nécessaire selon Suzanne Brolly : « On a besoin de logements, on se passerait bien de la crise qui se passe aujourd’hui ».
La municipalité a également insisté sur l’importance des espaces verts, avec la construction d’un grand parc de 4 hectares qui permettra de mieux relier différents quartiers entre eux : au nord le parc de l’Aar à Schiltigheim, au sud la place Adrien Zeller jusqu’au Parc du Contades et à l’est les berges du canal de la Marne au Rhin.
Il y aura également une promenade arborée, ainsi que deux passerelles cyclables, et 4 projets immobiliers prévus pour 2026, qui commencent doucement à sortir de terre. Ces derniers intégreront des logements sociaux et une halle gourmande, comme on vous l’expliquait dans nos colonnes en septembre dernier.
4 nouveaux ensembles immobiliers, entre tiers lieux, logements abordables et hôtel d’insertion réservé aux femmes
La seule variable encore inconnue était le résultat de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) lancé à l’été 2022, pour occuper 18.000 m² de logements et de locaux d’activités supplémentaires. Et ce 12 mars, c’était le grand jour : les quatre derniers lots de ce « fer de lance de l’innovation écologique et sociale », ainsi que leurs futures fonctions ont été dévoilés lors d’une conférence de presse organisée à l’hôtel AC Marriott.
Les promoteurs et architectes se sont succédés pour présenter les nouveautés, PowerPoint et pecha kucha [présentation orale avec à projection de diapositives toutes les 20 secondes] à l’appui. Au-delà de la démarche qui peut prêter à sourire et du nombre de tiers-lieux qui, additionnés, formeraient un lieu, il est surtout important de retenir les nouveautés qui arrivent dans le quartier à l’horizon 2030.
C2 : Un parking, un grand local à vélo et des produits locaux
Premier à sortir de terre, à l’horizon 2027, l’ensemble C2 sera le seul à ne pas avoir de logements. À la place, il servira plusieurs fonctions utilitaires : un parking en silo de 157 places, mais également 290 m2 de local à vélos pour une bonne partie de l’ensemble immobilier d’Archipel 2. Le promoteur Linkcity et les architectes AMP Architecture et Associés promettent également une promenade urbaine, avec galerie couverte qui crée un parcours jusqu’au parc.
L’ensemble accueillera 3.750 m2 de bureaux et 1.250 m2 de locaux pour l’Agence du climat et la maison de l’Habitat, mais aussi pour un tiers-lieu solidaire géré par Créative Vintage, la Conciergerie solidaire et Hop’la. On pourra y retrouver des produits locaux et de saison, ainsi que des services de conciergerie.
D1 : des logements, un tiers-lieu européen et un café
Strasbourg étant la capitale de l’Europe, impossible qu’un des projets immobiliers ne comporte pas de dimension européenne. Entre ici le projet Confluence, avec comme promoteurs Weller/Lux et comme architectes atelier Buisson et Rey-de-Crécy [architecte du stade de la Meinau et d’autres lots d’Archipel 2, ndlr] : 44 logements en accession et 3 logements sociaux, annoncés comme « modulables, avec de grandes baies vitrées ».
Viennent s’ajouter 720 m2 de locaux, dont un tiers-lieu au premier étage, européen évidemment, « afin d’attirer de nouveaux acteurs, structures associatives et ONG oeuvrant autour de l’Europe juste à côté du Parlement européen ». Un café complète l’offre au rez-de-chaussée, pour ouvrir le bâtiment vers l’extérieur et les habitant(e)s. Horizon de lancement ? 2028.
D2 : une résidence étudiante, un hôtel d'insertion et de l'hébergement réservés aux femmes
C’est sans doute cet ensemble qui est le plus novateur dans Archipel 2 : nommé “Ville hospitalière”, le projet mené par Bouygues et Lieux Fauves prévoit d’abord une résidence étudiante de 86 logements de 23 m2 chacun, avec des espaces partagés comprenant une salle de sport, une cafèt’, une laverie et une salle de travail.
Mais c’est dans les 1.600 m2 de locaux restant que le projet change la donne : gérés par l’Auberge Audacieuse, qui regroupe la Fondation des Femmes, la Banque des Territoires et Solidarités Femmes 67, il proposera un hôtel d’insertion réservé aux femmes ainsi que des hébergements dédiés aux femmes en processus d’autonomisation, comme par exemple s’extraire de situations de violence conjugale. Un chouette projet, là encore à l’horizon 2028.
D3 : héberger les troupes du Maillon et proposer des logements pour personnes atteintes de troubles autistiques
Pour le dernier ensemble immobilier, prévu également en 2028, Promogim et Weber et Keiling/Seyler et Lucan ont voulu mettre l’accent sur « la culture et l’humanisme ». Pour le volet culture, l’ensemble accueillera 451 m2 de locaux, notamment utilisés pour héberger les artistes et les troupes du Maillon, le théâtre juste à côté.
Pour le côté humanisme, ils proposent 39 logements sur 15 niveaux, dont 3 réservés à des personnes présentant des troubles autistiques et à des jeunes en situation de rupture familiale. Le tout, avec un accompagnement et un suivi personnalisé prévu. Un peu de social dans l’immobilier, ça ne fait jamais de mal.
Ce 12 mars, Archipel 2 a dévoilé ses derniers ensembles immobiliers. Près de deux ans et demi de travail, de consultations et de décisions ont mené à cette vision de la ville du futur que souhaite la municipalité. Il n’y a plus qu’à patienter pour en voir les résultats concrets mais, une chose est sûre : à la fin de la décennie, le Strasbourg que l’on connaissait aura énormément changé.
“la construction d’un grand parc de 4 hectares qui permettra de mieux relier différents quartiers entre eux : au nord le parc de l’Aar à Schiltigheim, au sud la place Adrien Zeller jusqu’au Parc du Contades et à l’est les berges du canal de la Marne au Rhin” : Strasbourg a définitivement abandonné son ouest, où elle continue pourtant d’entasser les habitants le long d’axes surchargés, sans respiration et sans “Europe” à y distiller comme dans tous ces ” nouveaux quartiers émergents”.
Pas de développement en mode projet pour la Montagne verte, par exemple, mais une densification sans programme d’ensemble et qui ne s’accompagne d’aucune offre élargie et actualisée par rapport au nombre accru d’habitants sur l’axe Montagne verte, Ostwald, Lingolsheim en matière de transports collectifs.
Exemple : attendre 3 bus archi pleins le matin aux heures de pointe pour se rendre en cours.
Le rétablissement de la ligne 2 ne dispense pas de renforcer la cadence des bus C1 ex L1) aux heures de pointe.