Le 2 mars dernier, le Team Strasbourg lançait la deuxième partie de sa saison face à Montpellier. Pour l’occasion, on est allé les voir tâter l’eau de la piscine de la Kibitzenau avec 600 autres passionné(e)s. Armoires à glace, slips de bain et beaucoup de buts : dans la capitale alsacienne, on ne rigole pas avec le water-polo.
Si, à Strasbourg, plusieurs équipes sportives trustent les meilleures divisions françaises, peu ont réussi à être championnes de France. D’ailleurs, il y a un seul club qui a raflé plus d’un titre : le Team Strasbourg, double champion de France de water-polo, en 2018 et 2019.
En ce moment 2e du championnat derrière les intouchables du Cercle des nageurs de Marseille [seule équipe à les avoir battus cette saison, ndlr], le Team Strasbourg recevait Montpellier à la Kibitzenau devant 600 personnes pour une deuxième partie de saison qui s’annonce musclée. Et comme à Pokaa, on n’a pas peur de se mouiller, on est allé voir à quoi ça ressemblait.
L'avant-match : armoires à glace, slips de bain et handball dans l'eau
Bien arrivé(e) dans les tribunes de la Kibitzenau, on se pose sur un petit coussin à l’effigie du Team Strasbourg pour profiter de la fin de l’échauffement des deux équipes. Manque de bol, on a choisi le mauvais côté : on ne voit que l’équipe de Montpellier s’entraîner. Néanmoins, on remarque déjà quelque chose : le water-polo, c’est un sport pour les armoires à glace.
Pour le Team Strasbourg, après renseignement, le joueur type fait environ 1m90 et approche les 85/90 kilos. Ça promet de belles bagarres dans l’eau. Pas de protections : juste un casque et un slip de bain. Pour un sport de contact, ça fait peu, et il va y avoir un peu de bousculade, toujours dans les règles du jeu.
Et justement, en parlant des règles, on profite de la fin de l’échauffement pour se les remettre en tête. Pour faire simple : le water-polo, c’est un peu comme du handball, mais dans l’eau. Il y a 7 joueurs contre 7, avec un gardien, reconnaissable avec son bonnet rouge. Le Team Strasbourg a d’ailleurs celui de l’équipe de France, en la personne d’Hugo Fontani, qui revenait tout juste des Championnats du monde à Doha où les Bleus ont terminé 4e.
Le match se déroule en quatre quart-temps de 8 minutes, avec des phases de possession de 30 secondes. À chaque fois que le ballon sort, le chrono s’arrête. Il y a des exclusions, des lignes de couleur qui s’illuminent dans la piscine et on peut marquer des buts avec n’importe quelle partie du corps – sauf un poing fermé. Les joueurs sont prêts à rentrer dans la piscine ; nous, on a l’eau à la bouche, prêt(e)s à plonger avec eux.
Le match : ici, c'est clairement Strasbourg
Les lumières s’éteignent, Sirius de The Alan Parsons Project retentit à la Kibitzenau : aucun doute, le Team Strasbourg n’est pas là pour rigoler. Tous les joueurs rentrent dans l’arène, prêts à en découdre, pendant que les supporters/trices se chauffent la voix en énonçant le nom des joueurs. Mais avant de voir s’affronter les armoires à glace, petit moment inattendu pour les néophytes : la Marseillaise retentit.
Une fois les lumières rallumées, place à l’action. Les Strasbourgeois(es) nagent plus vite que leurs homologues montpelliérains et prennent le premier ballon. Et ils ne sont pas venus pour décortiquer les Smarties : première action, premier but. Une force de frappe offensive, qui sera d’ailleurs la bonne habitude strasbourgeoise pour ce match.
Les Montpelliérains ont quelque peu la tête sous l’eau et malgré les exploits de leur gardien, ils doivent céder plusieurs fois sous les coups de boutoir strasbourgeois. L’occasion de voir à quel point le water-polo est un sport intense : ça va vite, le ballon circule de bras en bras et ressemble à un boulet de canon une fois qu’un des joueurs tire. Bilan du premier quart-temps ? 4-2 pour le Team Strasbourg.
Le deuxième quart-temps ressemble comme deux gouttes d’eau au premier : les vagues strasbourgeoises se font de plus en plus grandes, et Montpellier boit clairement la tasse. À la mi-temps, le score est de 8-4. Juste le temps de se resservir un verre d’Elsass Cola avec la paire de knacks qui va bien, et on est parti pour un troisième quart-temps un peu plus serré. Mais le Team Strasbourg garde le cap et aborde la fin de match confortablement devant avec un 11-6, bénéficiant d’une efficacité sur jeu rapide et des actions rapidement construites.
Le dernier quart-temps sera un festival offensif, avec 12 buts marqués en seulement 8 minutes. Un spectacle bien apprécié par les 600 personnes présentes ce soir pour encourager le Team Strasbourg, qui finira à 18 buts marqués, deuxième meilleure performance cette saison, après les 19 pions passés à Nice.
Le Monténégrin Vlado Popadić se sera bien régalé, avec 6 buts à lui tout seul. Le Team Strasbourg reste solidement accroché à sa 2e place, et a bien montré qu’à la Kibitzenau, c’est lui qui fait la loi.
Le débrief : un sport qui va vite
Bilan ? C’était impressionnant, et surtout rapide : en une heure, c’était terminé. Il ne fallait pas regarder son portable plus de deux secondes, de peur de manquer une action. Les poloïstes nagent vite, dans des allers-retours bluffants. Et la coordination qu’il faut avoir pour garder le ballon en main, se maintenir dans l’eau et prendre la bonne décision force le respect. Surtout quand tu as des colosses de deux mètres en face de toi.
Le Team Strasbourg ayant directement marqué le match de son empreinte, l’ambiance sur place n’était pas celle des jours où le score est serré tout du long. Néanmoins, le moment était plus qu’agréable, et le water-polo est actuellement le sport où Strasbourg s’en sort le mieux depuis des années. Alors n’hésitez pas à plonger une tête, et pourquoi pas le 6 avril prochain, pour le choc contre le Cercle des nageurs de Marseille. À coup sûr le match de la saison !