Après une première édition à succès au printemps 2023, les Bibliothèques idéales consacrent un nouveau « Temps des féminismes ». Du 24 au 28 janvier, retrouvez une trentaine d’événements aussi littéraires qu’engagés, poétiques ou politiques, chantés, contés ! Avec des auteurs et autrices, des militant(e)s tel(le)s que Maïa Mazaurette, Lauren Bastide, Océan, Michelle Perrot. L’objectif ? Réfléchir ensemble sur le monde, d’hier à demain, par le prisme de l’histoire au féminin. Un rendez-vous immanquable, alors que Strasbourg deviendra d’ici quelques mois “Capitale mondiale du livre”.
Parmi les quelques « Détours » annuels, les Bibliothèques idéales (BI) ont marqué 2023 d’un premier Temps des féminismes, en mars. Un rendez-vous littéraire et engagé qui a convaincu nombre de Strasbourgeois(es) qui s’étaient empressé(e)s de remplir la grande salle de l’Aubette.
Une première édition qui avait vu défiler, sur un week-end, pléthore d’invité(e)s prestigieux/euses tel(le)s qu’Ovidie, Michelle Perrot ou Edwy Plenel.
Pour sa deuxième édition, Le Temps des Féminismes se voit rallongé : passant de deux à cinq jours de rencontres, de concerts et de débats. Preuve de l’intérêt porté par le public sur la première, et de l’importance, aussi, de discuter du féminisme et de ses enjeux contemporains (et on nous annonce déjà sa reconduite : le Temps des féminismes deviendra un rendez-vous annuel et on s’en réjouit).
Notons-le également : l’événement s’inscrit dans le projet « Lire notre monde » de la ville, à quelques mois de la labellisation par l’UNESCO de Strasbourg en tant que « Capitale mondiale du livre » (pour un an). Une première française, soutenue par les acteurs et actrices de notre « ville carrefour d’idées et de débats », comme par ses habitant(e)s.
Mais revenons à cette seconde édition… Du 24 au 28 janvier, elle se consacrera à des questions de société, et se penchera sur des « destins exceptionnels, [nous dit-on, ndlr] entre rires et larmes, de celles qui ont ouvert le chemin et qui font de leur combat et de leur vie une œuvre d’art ». Au programme : une trentaine d’événements, répartis entre la BNU (Bibliothèque nationale et universitaire) et diverses librairies strasbourgeoises.
Comme il est évidemment difficile de tous les citer, nous avons dégagé quelques grandes thématiques… Avec des rendez-vous que l’on se note déjà par ici. Une sélection d’immanquables – bien que chacun(e) en trouvera probablement d’autres, dans l’ensemble de la programmation qui est à retrouver ici.
La période post-#MeToo
Dans cette seconde édition, on note qu’un gros focus sera mis sur notre rapport à la sexualité et à la domination masculine… Et pour faire se rencontrer les idées, les BI croisent aussi les invité(e)s.
Elles mettront ainsi côte à côte Juliette Oury (Dès que sa bouche fut pleine, chez Flammarion) et la célèbre chroniqueuse sexo Maïa Mazaurette (Le sexe selon Maïa, chez Points). Une rencontre « entre plaisirs et tabous ».
Mais parlons-en, de tabous… Alors que l’heure est à la lutte contre les violences sexuelles, et à leur dénonciation, les BI nous inviteront à nous questionner sur « la survivance de fantasmes de domination dans notre imaginaire érotique ».
En effet, l’artiste et militant Océan (que l’on connaît entre autres pour sa série documentaire éponyme), auteur de Dans la cage (Julliard) et Vanessa Springora (éditrice au sein de la collection « Fauteuse de trouble » chez Julliard, et autrice du Consentement récemment adapté au cinéma) se pencheront ensemble sur « L’érotisme à l’épreuve des violences ».
Rose Lamy (Préparez-vous pour la bagarre : en bon père de famille), Capucine Delattre (Un monde plus sale que moi), Léontine Behaeghel (Cinq petites tristesses) réfléchiront d’ailleurs ensemble à « Un monde post-#MeToo ».
Les trois autrices s’interrogent, chacune à leur manière et selon leur parcours, à « la domination masculine, [au] mythe de l’émancipation par la sexualité et de la condition de victime ». Une rencontre qui abordera, elle aussi, des sujets sensibles telles que les violences intrafamiliales, la pédocriminalité…
Là où Violaine de Filippis (Classées sans suite, Payot), Laurène Daycard (Nos absentes, Seuil) et Laure Daussy (La Réputation, Les Échappés) tenteront de briser le silence des féminicides.
Pour nous parler de « Résilience et guérison », Lauren Bastide sera l’invitée d’un grand entretien très attendu, autour de son dernier ouvrage (Courir l’escargot).
Très engagée dans la cause féministe, la journaliste et essayiste, créatrice du podcast La Poudre nous « emmène en voyage dans la mémoire, symbole de résilience et de guérison des traumatismes », sur les traces d’un animal dont on dit qu’il « a le pouvoir de glisser sans blessure sur le tranchant d’une lame ».
Résister : hier et aujourd'hui
Aujourd'hui : lutter en France et dans le monde
Si nous parlions de résilience, il sera aussi beaucoup question de résistance. Avec notamment la venue de la journaliste, écrivaine et réalisatrice Abnousse Shalmani, sur un grand entretien, sous forme d’ode « à celles qui ne renoncent jamais », en Occident comme en Orient.
Car si elle née à Téhéran, sa famille doit s’exiler à Paris en 1985 à la suite de la révolution islamique. C’est donc avec cet héritage qu’elle nous parlera, le 26 janvier, de Forough Farrokhzad, « figure qui éclaire le soulèvement des femmes iraniennes ».
Notons également l’avant-première de Dessiner pour résister de la réalisatrice/journaliste/écrivaine et productrice Alaa Amer sur Amany Al-Ali, en partenariat avec Arte.
Première femme dessinatrice de presse de Idlib en Syrie, Amany Al-Ali dessine et raconte dans un quotidien ponctué de bombardements, « la condition des femmes, […] la crise des réfugiés, les attaques à la bombe [et] la situation internationale ».
Sonia Tir (Sortir du placard : LGBT en politique), Emmanuel Beaubatie (Transfuges de sexe), Antoine Idier et Pochep (Résistances queer) discuteront d’activisme queer et des défis rencontrés par les personnes LGBT+.
Sur un autre sujet, et parce que le journalisme d’investigation, c’est aussi du courage, et peut-être un travail de résistance face aux puissant(e)s… Voici la recommandation de Lisa Haller (qui a conçu de paire le programme avec François Wolfermann, créateur des Bibliothèques Idéales) : la rencontre avec Camille Vigogne Le Coat à la librairie Kléber.
Grand reporter à L’Obs, elle vient de publier Les Rapaces (Les Arènes), une enquête sur l’exercice du pouvoir par le Rassemblement National et sur la mafia varoise de Marine Le Pen. « Un voyage au cœur des rouages du pouvoir », nous dit-on en préambule.
Hier : la place des femmes dans la Résistance
Mais les BI s’attarderont aussi sur celles qui ont résisté hier. Notons entre autres la table ronde organisée dans le cadre du lancement du prix Mado, où seront réuni(e)s plusieurs autrices, historiennes et journalistes engagé(e)s autour de la place – oubliée – des femmes dans la Résistance. Et sur la nécessité de donner des modèles féminins de courage et d’héroïsme aux nouvelles générations.
Un événement également organisé après la sortie de l’excellent podcast Les Résistantes (France Inter). Une série en 10 épisodes qui revient sur le destin héroïque, voire tragique, de cinq résistantes et dont on ne peut que vous conseiller l’écoute. On y retrouvera Philippe Collin, Anna Mouglalis, Bénédicte Vergez-Chaignon et Frédérique Neau-Dufour. Ainsi que les autrices Marie-José Masconi et Anne-Marie Wimmer.
Zoom sur les oubliées de l'histoire
Ce Temps des Féminismes se fera sous le signe de la mémoire… Un vrai « Temps » à nouveau consacré aux grandes oubliées de l’histoire. On parlait des Résistantes mais il s’agira aussi de celles remises sous les projecteurs, par Dorothée Lépine, Thomas Snégaroff et Murielle Szac, ou par Viktor Lazlo, Julia Malye et Alexandre Civico, et bien d’autres !
Les projecteurs, Alice Guy les a bien connu d’ailleurs, mais n’en a jamais joui. Première réalisatrice française et surtout pionnière du cinéma, elle a été écartée par l’histoire du 7ème art, au détriment des hommes qui lui ont succédé. Au travers d’une rencontre dessinée, Catel et Bocquet rendront hommage à cette femme indépendante, accompagné(e)s au piano par Gwendal Giguelay.
Autre pionnière : Monique Wittig. Les BI nous invite à nous pencher sur cette « Monique oubliée, Monique retrouvée ». Car si elle est considérée aujourd’hui comme une figure incontournable du féminisme, en étant à la fois cocréatrice du MLF (Mouvement de libération des femmes) et l’une des premières à questionner l’hétéronormativité, Monique Wittig a pourtant longtemps été oubliée.
Pour lui redonner de la voix : Dominique Samson Wittig – sa nièce – au travers de lectures, ainsi que l’ensemble Club Poésie, dans des chansons de lutte (co-écrites par Monique Wittig) ou de chants composés à cette occasion, avec également trois chanteuses militantes féministes.
Quant à Michelle Perrot, Annick Cojean et Sandrine Treiner, elles se réuniront le 27 janvier. Un « dialogue au sommet avec trois figures féministes » nous prévient-on. Un moment important, sur le travail de mémoire et son récit, pour raconter les histoires – et par la même occasion l’histoire -, par le prisme des femmes.
Des rendez-vous artistiques
Les concerts : Noufissa Kabbou et « Schubert, entre ombre et lumière »
Au-delà des rencontres littéraires et les discussions, les Bibliothèques idéales nous réservent des temps de musique. Nous commençons avec Noufissa Kabbou qui nous chantera et contera les histoires de femmes marocaines qui ont jalonné sa vie, dont celles de sa mère, ses sœurs et ses amies.
Accompagnée d’Emmanuel Simula à la guitare, Pierre Isenmann à la trompette, et Jean-Noël Rohé à la contrebasse, le 24 janvier, elle fera résonner jusqu’à nous « Les échos féminins du Maroc », pour raconter les défis des femmes du Maghreb et d’ailleurs.
Le 28 janvier, c’est Schubert qui sera mis à l’honneur dans une création unique, portée par trois artistes aux parcours atypiques.
La première : Anja Linder, harpiste, qui a su se réinventer grâce à la musique, suite au drame du parc de Pourtalès de Strasbourg. Elle sera rejointe par Laurent Korcia, un des plus grands violonistes français, et par la comédienne Pauline Lefèvre.
Attention, si la quasi-totalité des événements du programme sont accessibles gratuitement, les deux concerts organisés lors de cette seconde édition du Temps des féminismes seront payants. Ils nécessitent une réservation au préalable. Une mesure pour « garantir une place assise et la certitude d’assister au spectacle en toute sérénité ». Pensez à prendre vos places à temps !
Une exposition : « Miroir, Miroir... »
Pour prolonger la réflexion, plongeons-nous dans l’univers photographique (et argentique) de Manon Charbonnier et de son premier accrochage : Miroir, Miroir… , à la librairie Le Tigre, jusqu’au 20 février.
« Une exposition qui renverse les codes », puisque celle-ci met des sujets masculins dans des positions attribuées généralement aux femmes, et vues dans des magazines de mode, des pubs et portraits de presse. Une manière de se/nous questionner sur les représentations féminines, tout en « donn[ant] envie de créer de nouvelles représentations, pour les femmes comme pour les hommes ».
On ne sait pas pour vous, mais du 24 au 28 janvier, dans notre agenda, tout notre « Temps » sera consacré à celui des féminismes !
Événement
Bibliothèques idéales : Le Temps des féminismes 2
Quoi ?
Rencontres, concerts, lectures musicales, expositions et débats autour du féminisme, organisés dans le cadre des « Détours » des Bibliothèques idéales
Quand ?
Du mercredi 24 au dimanche 28 janvier
où ?
À la BNU, Bibliothèques nationale universitaire, 6 place de la République, à Strasbourg
et dans diverses librairies strasbourgeoises
Plus d'infos ?
Programmation complète
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