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À Colmar, l’amour interdit est à (re)découvrir avec « Phèdre »

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Article soutenu mais non relu par la Comédie de Colmar.

Il s’agit-là d’une des plus grandes tragédies du théâtre français, et un chef d’œuvre de Racine, son auteur… Près de 350 ans après sa première représentation, le mythe de Phèdre n’en finit pas de déchaîner les passions. À la Comédie de Colmar, c’est Matthieu Cruciani qui en livre une relecture, redonnant à la langue de son auteur, toute sa force, et à son propos, sa modernité. Une pièce à (re)découvrir à une heure de Strasbourg, du 25 janvier au 2 février !

C’est l’histoire d’un scandale qui tisse l’une des plus grandes tragédies de Racine : Phèdre. Écrite en alexandrins et jouée pour la première fois en 1677 et d’abord nommée Phèdre et Hippolyte, elle raconte l’amour de la première pour le second. Un amour interdit et criminel, puisqu’il s’agit du fils de son époux – Thésée roi d’Athènes –, à sens unique et lourd de conséquences, inspiré de la mythologie grecque.

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Phèdre + comédie de colmar
« Phèdre » de Jean Racine à la Comédie de Colmar. © Simon Gosselin / Document remis

Un classique remis au goût du jour par Matthieu Cruciani à la Comédie de Colmar – CDN Grand Est Alsace (dont il est le co-directeur aux côtés d’Émilie Capliez depuis janvier 2019), dès le 25 janvier.

Mais qui est Phèdre ? L'histoire en bref

Phèdre, dont on annonce la mort de son époux (le roi d’Athènes, donc) vient en informer Hippolyte, son beau-fils. Un peu perdue, elle laisse échapper lors de cette entrevue les sentiments qu’elle lui porte, mais elle s’en voit rejetée par l’objet de son amour.

Humiliée, elle décide alors de se venger de lui, tout en tentant de le séduire à nouveau. Avançant qu’elle est veuve et libre, elle lui propose même de lui offrir la couronne. Oui mais voilà : Hippolyte en aime une autre et son père, le roi, n’est finalement pas mort.

Phèdre + comédie de colmar
© Simon Gosselin / Document remis

Confrontée au retour du souverain, son époux, et à son propre déshonneur, Phèdre ne voit qu’une issue : mourir. Victime de son désir tout en espérant s’innocenter, Phèdre devient coupable du malheur des autres, et entraîne dans sa chute celles des autres… Dont celle d’Hippolyte que son père croit coupable de la faute de son épouse, et qui mène celui-ci à sa mort.

Une histoire mêlant les dieux et déesses grecques sur fond de drame familial et passions humaines : une tragédie classique comme sait nous les raconter Racine.

« Phèdre » aujourd’hui : pourquoi rejouer ce grand classique ?

Jouée et rejouée depuis près de 350 ans, Phèdre ne cesse d’inspirer de nouvelles adaptations. En s’attaquant à ce grand classique du XVIIème siècle, Matthieu Cruciani « en explore les arcanes et les ombres, pour révéler une héroïne pleinement humaine et charnelle, ravagée par les contradictions du désir », nous dit-on.

Matthieu Cruciani explique qu’il a « envie d’y retourner voir », avec « la sensation que l’œuvre dit plus qu’il n’y paraît. Comme son héroïne, elle reste pleine de secrets […] : la puissante complexité des émotions qui la traverse, subversives, percussives même, ce soufre si attirant, quelque chose d’une œuvre plus vaste que son époque, traversée par des spasmes plus profonds, des presciences ».

Phèdre + comédie de colmar
© Simon Gosselin / Document remis

Le metteur en scène souligne l’immortalité de son sujet et des préoccupations de ses protagonistes…

« Souffrir d’être femme dans une société d’hommes. Habiter le mythe impossible d’un père qui nous précède et nous tue. Éprouver son impuissance d’amie. Désirer malgré soi. Mourir de dépendance. Condamner en souhaitant aider. Se taire pour rester libre. Faire l’épreuve d’une parole qui nous condamne… Tous ces paradoxes, toute cette véri ». « S’en souvenir c’est faire humanité à travers les époques ».

Phèdre + comédie de colmar
© Simon Gosselin / Document remis

Autre nécessité : celle de relire – avec un regard neuf, plus féministe – le personnage de Phèdre (ici joué par Hélène Viviès), tiraillé entre ses passions et l’expression de celles-ci.

Finalement, c’est plus largement du désir des femmes dont on parle. « Phèdre n’est pas folle. Elle n’est pas criminelle. Elle n’est même pas incestueuse. Phèdre est rendue folle. Pleine de pulsion de vie, amoureuse, elle est enfermée, contrainte, emmurée vivante », explique le metteur en scène.

Phèdre + comédie de colmar
© Simon Gosselin / Document remis

C’est d’ailleurs dans un décor de palais « ouvert sur la mer » mais qui semble en décrépitude, bâché par du plastique et imaginé de paire avec son scénographe (Nicolas Marie), qu’il plonge Phèdre. Une sorte de prison dorée, « un lieu somptueux et en péril, hanté par le passé et les trophées de Thésée. Un lieu d’errance et d’insomnie, en pleine décadence » dans lequel s’exprime pleinement la déchéance de notre héroïne.

En tout : cinq femmes habitent ce grand classique… Pourtant majoritaires, elles sont prisonnières de la loi des hommes, et de l’autorité d’un souverain, Thésée.

Le plaisir de la langue racinienne

Et puis, il y a la langue de Racine. Sa poésie, son talent, ses alexandrins qui se chantent et se déclament depuis des siècles.

Pour leur donner de la voix, et de la constance aux personnages qui les expriment, on nous annonce « une troupe pleine d’insolence et de jeunesse [qui] embrasse à pleine bouche les alexandrins raciniens, portés par la musique baroque et sensible de Carla Pallone [qui livre ici une composition originale, ndlr] ».

Avec sa propre poésie, Matthieu Cruciani parle de « bijoux à douze joyaux. Ses petites dentelles pleines de puissance cachée, […] [d’] une musique miraculeusement trouvée, aux confins des sons, des vibrations et des mathématiques, au carrefour des sensations et des rythmes »… Mais aussi d’un carcan, à « questionner », voire « transgresser ».

Une invitation à (re)découvrir Phèdre qui mérite bien le voyage : en train ou via covoiturage, direction la Comédie de Colmar, pour une tragédie qui n’a pas vieilli.

Événement

« Phèdre » - Création de la Comédie de Colmar - CDN Grand Est Alsace

Quoi ?

Spectacle / Pièce de Jean Racine, mise en scène Matthieu Cruciani

Quand ?

En janvier :
Jeudi 25 à 19h, vendredi 26 à 20h, samedi 27 à 18h, mardi 30 à 19h et mercredi 31 à 20h (en audiodescription)
Répétition ouverte au public le jeudi 11 janvier à 19h

En février :
Jeudi 1er à 19h et vendredi 2 à 20h

où ?

À la Comédie de Colmar – CDN Grand Est Alsace
6 route d’Ingersheim à Colmar

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