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« On veut juste une vie normale » : au Neuhof, le squat Sarlat héberge 130 personnes

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Début avril, près de 130 personnes ont emménagé dans quatre immeubles voués à la démolition, rue Sarlat, au Neuhof. Un répit pour ces familles étrangères, originaires de Géorgie pour la plupart, fatiguées d’être déplacées.

« Coffee ? Icecream ? » Dans la cuisine qu’elle partage avec son mari, sa belle-sœur et une autre famille, Sona* se met en quatre pour recevoir. Dans la chaleur de la mi-journée, la jeune femme s’active, met l’eau à chauffer et cherche dans l’unique armoire de la pièce de quoi garnir la table de petits gâteaux et chocolats. S’excuse d’être fatiguée.

« It’s my day off », explique la jeune femme, médecin réanimatrice en Géorgie, devenue femme de ménage dans un hôtel en France. « My friends are coming », annonce-t-elle en priant de patienter.

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Squat sarlat 14
© A.Me / Pokaa

Quelques instants plus tard, Ana, Maya* et Mariami s’installent à leur tour dans la petite pièce chiche en meubles. Les tasses de café se multiplient sur la table tandis qu’elles se relayent pour raconter leur installation dans l’une de ces barres d’immeubles délabrées de la rue de Sarlat, début avril.

« À l’origine, nous étions une dizaine de familles », retrace Maya*. Des habitants du squat de la rue de Bourgogne ayant choisi d’en partir, par crainte d’une évacuation. « Nous avions besoin de nouveaux appartements. Nous ne pouvions pas vivre dans la rue, car nous avons beaucoup d’enfants avec nous », intervient Sona*. « J’ai beaucoup appelé le 115, mais ils n’avaient jamais de solution », soupire Maya.

« Avant d’arriver ici, j’avais eu un entretien à la mairie pour demander un logement social. Ça n’a rien donné », ajoute Georgi, père célibataire de deux enfants de 6 et 15 ans, en se joignant au petit groupe.

Lorsque le squat de la rue de Bourgogne a finalement été évacué, fin mai, une quarantaine de familles ont convergé rue de Sarlat, en quête d’une solution. Si provisoire fut-elle.  « C’est un peu mieux ici que là où nous étions avant, juge Maga. Mais, peu importe au fond, tout ce que l’on veut, c’est un toit. »

La crainte de devoir partir

Au sein du squat, les situations administratives varient. Certains attendent de savoir si leur demande d’asile sera acceptée. D’autre se la sont vue refusée et ont déposé un recours. D’autres encore, ont été complètement déboutés et ont reçu une obligation de quitter le territoire français.

C’est le cas de Maya*. Partie de Géorgie pour échapper à des problèmes familiaux, cette mère de famille a travaillé dix ans à Odessa en Ukraine en tant que juriste, avant d’arriver en France il y a six ans. « Mes enfants vont à l’école ici. Ils parlent mieux français que Géorgien. Ce serait très compliqué pour eux de partir. »

« Beaucoup de jeunes vivant ici sont scolarisés », poursuit Maya*. Même si certains doivent parfois faire plusieurs kilomètres pour aller à l’école. Du côté des plus petits, les choses se compliquent parfois cependant. « L’école nous demande des documents officiels avec une adresse pour l’inscription », explique Ana, qui aimerait voir son fils de trois ans entrer en maternelle.

La situation des enfants revient beaucoup dans les discussions. « Avant, au squat Sarlat, la police passait souvent. Ça les stressait énormément. Ils en avaient peur », témoigne Georgi. Ana observe de son côté que son fils ne parle toujours pas et se demande si ce n’est pas lié à leur situation. Aux changements d’appartement fréquents. Au « sentiment d’être indésirables partout. »

Squat sarlat 8
Dans les placards, souvent, des médicaments. De nombreux habitants du squat ont des problèmes de santé.

Le petit groupe évoque brièvement les raisons qui les ont amenés à quitter la Géorgie pour arriver en France. « Il y a beaucoup de problèmes là-bas », esquisse Maya* avant de détailler les pénuries de médicaments et les difficultés à se soigner. Les violences familiales pour certains. Les problèmes politiques ou administratifs pour d’autres. « On n’est pas des criminels, on veut juste une vie normale », insiste Maya. Trouver un travail, « avoir un endroit d’où on ne sera pas chassés », où « les enfants pourront grandir normalement ».

Début juin, le bailleur social Habitation Moderne a cependant demandé l’expulsion des habitants devant le tribunal d’instance. Le jugement devrait être rendu dans les jours à venir. « Si on perd, il faudra partir une nouvelle fois », soupire Georgi. En attendant, les habitants du squat Sarlat continuent à s’organiser et à s’installer. Ils sont à la recherche de professeurs pouvant leur enseigner le français.

Squat sarlat 16
© A.Me / Pokaa

* les prénoms ont a été changé

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