À l’occasion du vernissage de son exposition « Le bestiaire des terres lointaines », qui aura lieu demain aux Petites Cantines, et de la sortie prochaine de son premier livre illustré, Sybille aka Sblahlahlah, illustratrice strasbourgeoise, nous a ouvert les portes de son imaginaire fantastico-onirique. Rencontre avec une jeune artiste qui emprunte autant à l’art nouveau, qu’aux œuvres médiévales.
Sibylle (22 ans) commence à dessiner sur les bancs de l’école, durant les heures des cours où elle s’ennuie. Au fur et à mesure des feuilles noircies, peintes et colorées, elle réalise que ses créations plaisent. Alors, c’est tout naturellement qu’elle fait le grand saut et devient artiste-autrice à 18 ans, pendant son cursus DN MADE (diplôme national des métiers d’art et du design).
Un an après, elle finit dans la sélection du jury du concours 9 étiquettes de bières de Central vapeur, puis « découvre le monde plus institutionnel de l’illustration » via un service civique en tant qu’ambassadrice du livre à la région Grand Est.
Un style « contrasté et vif », inspiré de l'univers de Guillermo Del Toro
Comme médium, sa préférence va vers l’acrylique et l’encre de Chine pour réaliser de beaux contrastes, comme dans ses rêves qu’elle décrit comme « vifs et contrastés ».
Elle utilise également le numérique pour atteindre les effets recherchés. Les couleurs sont d’une grande importance dans ses dessins et arrivent dès le croquis : son but étant de dessiner le vivant, il est nécessaire que la palette de couleurs utilisée ait un rendu éclatant.
Quand on lui demande de citer une de ses inspirations, Sybille nous parle de Guillermo Del Toro et de son Labyrinthe de Pan. Et si ce seul nom n’est pas suffisant pour englober toutes ses inspirations, on comprend très vite en regardant ses créations qu’il n’est pas question de contes édulcorés pour enfants qui perdent tout leur sens au fil des siècles.
La jeune illustratrice, au contraire, est attirée par l’étrange, le bizarre et le dérangeant ; ce qui est inexplicable dans le réel et qui a besoin de l’imaginaire pour faire sens.
« Le Bestiaire Fantastique », une exposition entre légendes et imagination
L’univers créatif de l’illustratrice est également façonné par les contes, légendes et folklores. Selon elle, s’ils sont pris à leur source, c’est-à-dire sans l’apport de l’imagination pour combler et enjoliver, ce sont des histoires sans intérêt ou sans queue ni tête. Elle s’inspire de cette idée pour créer ces animaux étranges présents sur bon nombre de ses illustrations : Les cryptides.
Les cryptides sont des créatures ou animaux dont l’existence est affirmée dans des témoignages, sans qu’il n’y ait de preuves matérielles pour le confirmer (si tu as pensé au dahu, tu as tout bon). Sibylle fait la part belle à ces drôles de créatures sorties de son imagination dans son exposition intitulée « Le Bestiaire Fantastique », dont le vernissage aura lieu demain aux Petites Cantines.
Son premier livre illustré, un conte revisité à la sauce féministe
La princesse au sabbat, le premier ouvrage de Sibylle, « c’est l’histoire d’une princesse qui va se retrouver confronter à des sorcières », nous résume l’artiste qui ne souhaite pas trop en dévoiler. Le livre s’inspire d’un conte écrit par Jean Lorrain (1855-1956) et qui est, depuis, tombé dans le domaine public.
« Qui dit conte daté, dit opinion datée » explique l’illustratrice qui parle d’un conte moralisateur envers les femmes aimant un peu trop leur apparence. Qu’à cela ne tienne, aux côtés de Momme, jeune maison d’édition indépendante et féministe, Sibylle donne à cette histoire de nouvelles couleurs, ainsi qu’une morale plus contemporaine. Sa sortie est prévue pour 2023.
Pour retrouver Sibylle :