Qui n’a jamais craint d’envoyer une photo osée de peur de la voir repartagée ailleurs ? Qui a déjà rêvé d’une appli où les dick pics impudiques demanderaient d’abord le consentement ? Aujourd’hui l’amour, parlons un peu de sexe. Ou plus précisément de sexting, avec une appli’ qui lui est complètement dédiée. Entièrement sécurisée, Blyynd a conquis en deux semaines plus de 10 000 utilisateurs. Derrière ce joli succès ? Deux Strasbourgeois qui ont eu une belle idée, pour mettre du piquant dans la nuit des cœurs esseulés et des couples éloignés. Une bonne manière de cultiver l’attirance ou vivre des romances à distance. « Des conversations qui font sensation ! », nous dit-on.
Avant d’aller plus loin, faisons un peu connaissance… On entend par « sexto » (contraction de « sexe » et « texto »), l’art de se chauffer à distance, avec textes ou photographies sexuellement explicites à l’appui. En bref : le téléphone rose dans le creux de la main de tout un chacun. À l’heure du numérique et après plusieurs confinements, le phénomène s’est popularisé. En novembre dernier, nous étions d’ailleurs allés à la rencontre de Strasbourgeois et Strasbourgeoises adeptes des sextos. …Et force est de constater que notre ville compte quelques pros de cette prose.
Sextos : comment les Strasbourgeois(es) se chauffent en 2022 ?
Cette nouvelle va donc réjouir quelques-uns des plus coquins… Une appli de sexting a vu le jour il y a quelques mois : Blyynd. Disponible depuis fin janvier, on sent qu’elle va en séduire plus d’un ! Un succès déjà annoncé puisqu’elle témoignait deux semaines seulement après son lancement, de plus de 10 000 téléchargements et une couverture média internationale, avec des utilisateurs du monde entier déjà connectés !
Deux Strasbourgeois, un Lyonnais
Avec Blyynd, le trio derrière l’appli a eu du nez : répondre à la demande croissante de sécurité numérique en matière de sexualité connectée. À sa tête, on retrouve surtout deux Strasbourgeois : Cyrille Heimburger et Tanguy Fallard, les deux cofondateurs. Originaires de chez nous, c’est pourtant dans le Sud, sur les bancs de la fac – ou plutôt de l’école de commerce – qu’ils font connaissance, à l’EDHEC Nice.
Une drôle d’aventure qui commence il y a trois ans, par une histoire d’amour à distance, que nous raconte Tanguy. Sur le premier confinement, celui-ci, coincé loin de sa copine d’alors, pratique régulièrement le sexting avec elle pour enrichir leur sexualité, malgré la distance imposée.
Au deuxième confinement, cette fois-ci célibataire, Tanguy se renseigne pour continuer à sexter malgré tout, y voyant « une alternative plus sympa que de la pornographie ou d’autres types de contenus mis à disposition sur internet ».
Se rendant à l’évidence qu’aucune plateforme de ce type existe, Tanguy et son pote Cyrille, adepte et « expert des applications de rencontre » se lancent le défi un peu fou, d’en créer une. Après avoir rencontré leur développeur (qu’ils ont « chassé » sur LinkedIn) – le Lyonnais Guillaume Colas – ils montent le projet. Trois ans après la première idée, voilà que naît Blyynd. Un pari réussi puisque mise en ligne en janvier, l’appli les emmène déjà jusqu’aux États-Unis, au CES Las Vegas (le Consumer Electronics Show de Las Vegas). Un prestigieux salon international dédiée à la tech’. Mazette.
Érotique & éthique
Blyynd. En un mot, tout est dit, ou presque. Il s’y lit évidemment au premier regard, « blind », soit « aveugle » en anglais. Comme une promesse faite aux utilisateurs, de la part des créateurs : pas vu, pas pris. En effet, l’appli garantit tout à la fois le secret des conversations qui resteront toujours cachées, et l’anonymat de ses membres, présentés sans photo de profil.
D’ailleurs, a contrario de nombreuses applis actuelles, si les profils n’affichent que des noms, il s’agit d’un choix éclairé. Il évite à la fois d’être reconnu (pour y vivre ses désirs sans craindre le jugement) tout en évitant la sélection par le physique. Blyynd n’a pour but que de réunir des inconnus qui auraient simplement plaisir à s’écrire et faire monter le désir.
Quant aux deux « Y » qui viennent le twister, Tanguy explique qu’ils sont une référence au Yin et au Yang, et à l’association, ici, de deux personnes complémentaires. Un tour de magie – ou de technologie – de Blyynd pour mettre en relation des gens qui s’entendraient. Comme une marraine-bonne fée, avec son logo agrémenté d’une baguette magique !
Membres de Sextech for good (un collectif réunissant une quarantaine de start-ups françaises qui se spécialisent dans des domaines variées de la sexualité, et dont fait partie aussi le lovestore strasbourgeois Déboutonné·es), Tanguy et Cyrille ont cherché à rendre leur application la plus éthique possible.
Blyynd propose de multiples genres à l’inscription, parle de sexe sans tabou et est soutenu par des sexologues. On s’inscrit sur Blyynd pour se découvrir soi et les autres, dans la sensualité. « Moins de performance pour plus de bienveillance », déclare Cyrille sur le site du collectif.
Une recherche de bien-être dans la sexualité, avec la communication au centre de toutes les conversations. Une alternative innovante et éthique autour de la consommation de contenus pornographiques.
Des secrets bien gardés, « et plus si affinités »
Déjà, que l’on se rassure… Rien n’est enregistré. Voilà le propre de Blyynd : assurer que nos secrets soient bien gardés. Nos échanges ne sont conservés sur aucun serveur, seulement sur nos portables. Si tu perds ton téléphone, avec lui, disparaît à jamais l’intégralité de tes conversations.
Côté sécu’, une IA identique à celle de Tinder scannera bientôt l’âge des cartes d’identités sans pour autant en enregistrer les autres données. Tout y est sous forme de suite de chiffres, sans laisser de traces. Histoire d’y vivre nos désirs les plus fous sans peur du jugement, et entre adultes consentants.
Pour créer son profil, on y met un prénom (plutôt qu’un pseudo), puis on choisit ses désirs. L’appli propose actuellement une douzaine de pratiques sexuelles différentes mais ne s’interdit pas de voir la liste évoluer. Et dans la bio, on y écrit ses envies du moment.
À la différence de nombreuses autres applications, on y renseigne ici les langues parlées plutôt que notre lieu d’habitation. L’intérêt ? Non pas rapprocher les gens par géolocalisation (inactive) mais par intérêts communs et langues partagées. Il est donc possible de correspondre avec des francophones du bout du monde, et voyager du bout de ses doigts.
Après ? On laisse la magie opérer. Une fois la connexion établie, on peut doucement s’apprivoiser puis se découvrir l’un et l’autre à travers l’écriture. Il est d’ailleurs possible de pimenter sa conversation en s’envoyant des photos, qu’elles soient coquines ou simplement informatives. Pour rassurer ses membres, Blyynd a également été conçue pour bloquer les captures d’écran et enregistrements vidéos, et les appels y sont sécurisés, cryptés.
Et petit plus pour les utilisatrices : un système de verrouillage [ou Safelock] a été mis en place pour bloquer les dick pics [photos non-sollicitées de pénis, généralement en érection] qu’il est toutefois possible de désactiver quand les deux parties sont consentantes. Un réel argument quand on sait qu’une majorité de femmes en ont déjà reçues, sans l’avoir autorisé au préalable. (Pour rappel, l’acte est passible d’amende et/ou d’emprisonnement).
L’IA [l’intelligence artificielle], bien entraînée, reconnaît et interdit également toutes les images à caractère pédopornographique, à caractère raciste ou pouvant choquer les usagers. Des mesures utiles pour fournir un cadre sécurisé et interdire tout dérapage illégal.
Une appli pour les couples, aussi
Si l’application propose à des inconnus de faire connaissance à distance, il est aussi question d’offrir une plateforme pour les amants éloignés. Pour se retrouver parmi les profils quasi-anonymes : l’appli permettra le partage d’identifiants que l’on pourra glisser à sa moitié ou autres partenaires particuliers.
Blyynd, encore en développement, ne cesse par ailleurs de s’améliorer, avec les retours de ses utilisateurs et utilisatrices en temps réel. L’équipe annonce par exemple qu’il sera bientôt possible de connecter des sextoys ensemble pour communiquer encore plus fort. Pour pallier à la peur de la panne, il faudra désormais penser à charger son téléphone !
Elle développe également des mini-jeux pour distiller un soupçon de ludique même entre les plus pudiques. On n’arrête vraiment pas le progrès.
Pour retrouver Blyynd :