Que ce soit par voie terrestre, comme dans le nord de l’Alsace, ou avec des ponts au dessus du Rhin, entre Strasbourg et Kehl par exemple, il existe de multiples endroits en Alsace pour passer la frontière entre la France et l’Allemagne. Parmi eux, le Bac de Rhinau, à une quarantaine de kilomètres au sud de Strasbourg.
De tout temps, il a fallu trouver des moyens de traverser le Rhin, ce fleuve qui sépare l’Allemagne de la France. Si de nombreux ponts ont été édifiés dans la région, des moyens maritimes sont encore présents en Alsace, comme à Rhinau, où le Bac Rhénanus permet, en quelques minutes, de rallier l’Allemagne.
Les droits d’exploitations de ce dernier ont été signés en 1491, par convention entre l’évêque de Strasbourg et les seigneurs de Rathsamhausen. Mais ce n’est qu’en 1965 que le premier bac automoteur a pris place, remplaçant ainsi l’ancien bac à câble qui permettait, à l’époque, aux riverains de traverser le Rhin. Le “Rhénanus” actuel n’est apparu qu’en 1999.
Si, une fois la traversée du Rhin effectuée, les usagers arrivent en terres allemandes, la nécessité de traverser le Rhin à cet endroit précis répondait initialement à un besoin des exploitants français. “Il y a des terres françaises en face. Mille hectares appartiennent à la commune de Rhinau“, explique Laurence Muller-Bronn, conseillère d’Alsace du canton d’Erstein et sénatrice du Bas-Rhin.
Aujourd’hui, le Bac de Rhinau est géré par le département, car il est considéré comme la continuité de la route départementale. “Un million d’euros par an est nécessaire pour assurer son fonctionnement. Pour les automobilistes, la traversée est gratuite“, souligne la conseillère d’Alsace.
Comment Rhénanus fonctionne-t'il ?
Pour permettre d’embarquer entre 24 et 27 véhicules par rotation, le Bac Rhénanus est équipé de 4 moteurs de 250 cV chacun, et fonctionne à l’aide de propulseur. Un tonnage limite de 3,5 tonnes est à respecter pour des raisons techniques. “Le Bac est à fond plat. Lorsque l’embarcadère se pose sur la rive, si c’est trop lourd, le bateau va s’enfoncer contre la berge et ça peut endommager la coque“, explique Émilie Boutet, chef d’équipe du Bac de Rhinau.
Au total, une équipe de 10 pilotes et un chef d’équipe permet le bon fonctionnement quotidien. “Les pilotes travaillent en équipe et toujours en binôme, un pilote et un homme de pont. Tout le monde est polyvalent et parle allemand“, poursuit Émilie Boutet.
La formation nécessaire pour travailler à bord du bac dure quatre ans. Il faut dans un premier temps obtenir le certificat restreint de radiotéléphoniste, suivi du certificat de capacité B qui correspond au code fluvial et qui s’obtient aussi bien en théorique qu’en pratique. Il faut ensuite obtenir la patente radar et valider des examens pratiques à bord du Rhénanus.
Pourquoi ne pas avoir crée un pont ?
Si à l’origine, il était impossible de construire un pont à cet endroit, les techniques ont évidemment évolué depuis. La question est donc légitime : “Tout le monde voudrait des ponts, mais les accords internationaux sont complexes. À 10 km au sud de Strasbourg, le pont Pflimlin a pris 40 ans à être validé et construit“, explique Laurence Muller-Bronn.
Un éventuel pont coûterait cher. De plus, un édifice multiplierait le trafic et notamment celui des camions voulant éviter les taxes allemandes. “Historiquement, les Allemands ne veulent pas de pont, ils ne veulent pas davantage de circulation”, précise la sénatrice.
Mais aujourd’hui, les contraintes principales sont environnementales et touchent à la protection des milieux naturels. Côté français, il faudrait un édifice qui enjamberait Rhinau, étant donné que la commune est en contrebas du Rhin. Cela engendrerait d’importants travaux et passerait au-dessus d’un lieu classé réserve naturelle depuis 2011.
Côté allemand, ce n’est guère plus facile : la zone est forestière et protégée.
Pour le canton d’Erstein, le Bac Rhénanus est également une attraction en tant que tel et permet une attractivité touristique en attirant les curieux. « Pour un Vendéen, traverser le Rhin en bateau, et ce, gratuitement, c’est une expérience formidable, c’est beau le Rhin ! », souris Laurence Muller-Bronn.
De larges horaires de navigation
Le bac Rhénanus fonctionne quotidiennement selon les plages horaires trouvables sur le site internet. Des horaires qui s’adaptent à la saison, mais également à une particularité importante : Europa Park, le parc d’attraction allemand qui se situe à même pas dix kilomètres de Rhénanus. “C’est à la fois un générateur d’emploi et de visiteurs, qui influe sur l’affluence“, développe Laurence Muller-Bronn.
Des accords d’horaires sont faits avec le parc allemand en fonction de sa saison “On est un service public, on se doit de faciliter au maximum la traversée pour les usagers”, poursuit la conseillère.
D’autres éléments peuvent cependant altérer la navigation du bac : les périodes de crues, des périodes de basses eaux ou par temps de mauvaise visibilité ou de vents extrêmement forts. Des pannes peuvent aussi parfois toucher Rhénanus, mais ces dernières se sont significativement réduites après une maintenance en 2020. “Pendant 6 mois, il n’y avait pas de traversée, c’était très dur à organiser et à faire passer ça à la population. Mais depuis, les arrêts liés aux problèmes techniques ont été divisés par deux !“, se réjouit Laurence Muller-Bronn.
Bac automoteur passage du Rhin
35 rue du Rhin
67860 Rhinau
Navette toutes les 15 minutes environ
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Horaires et plus d’informations
C’est toujours agréable de faire cette mini-croisiere sur ce beau fleuve
Remercions tout de même les contribuables du Département pour cette attraction à 1 million d’euros de fonctionnement par an. Mais merci la CEA de faire fonctionner cet équipement qui rend aussi service aux exploitants agricoles et aux travailleurs.