“L’Alsace doit-elle sortir du Grand Est pour redevenir une région à part entière ?” Telle est la question à laquelle les Alsaciennes et les Alsaciens sont invité(e)s à répondre jusqu’à mi-février, en ligne, ou dans les points d’accueil de la collectivité européenne d’Alsace.
Née de la fusion des conseils départementaux du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, la CEA est le fruit de la disparition administrative de l’Alsace lors de la création de la région Grand Est, le 1er janvier 2016. Dès 2017, les départements alsaciens se mobilisent pour “une renaissance institutionnelle et politique de l’Alsace”. Une consultation citoyenne est lancée et un an plus tard : elle récolte 13 000 participations, en faveur de la création d’une collectivité alsacienne.
Cette dernière voit finalement le jour le 1er janvier 2021. Elle récupère les compétences des départements – collèges, insertion, handicap, protection de l’enfance, aide aux personnes âgées, routes, culture, sport, environnement, patrimoine… – mais s’en voit aussi confier de nouvelles, comme la gestion de routes supplémentaires et d’autoroutes, le développement du bilinguisme, et la coopération transfrontalière.
>> À lire ou relire : La Collectivité européenne d’Alsace : vraie opportunité pour notre territoire ou onéreuse poudre aux yeux ?
Et si l’Alsace redevenait une région?
Un an après sa création, la question se pose de savoir si l’Alsace doit rester le super département qu’elle est devenue ou redevenir une région à part entière. Dès le soir de son élection à la tête de la CEA, Frédéric Bierry avait promis qu’il consulterait les Alsaciennes et les Alsaciens sur ce sujet. Au terme d’un “Tour d’Alsace” en 80 jours opéré à l’automne dernier, l’élu explique avoir “mesuré un profond désir d’Alsace, d’un retour à la région Alsace”, qui l’a conforté dans cette idée.
Une nouvelle consultation citoyenne a donc été lancée le 22 décembre. Peuvent y participer tous ceux et celles qui vivent en Alsace, mais également ceux et celles qui déclarent “y avoir une attache”. Il est possible de répondre à la question posée en ligne, ou dans les points d’accueil de la CEA, dont la liste se trouve sur le site de la collectivité.
La CEA en faveur du “oui”
En tant que président de la Collectivité européenne d’Alsace, Frédéric Bierry défend le oui et se positionne en faveur de la sortie du Grand Est pour redevenir une région à part entière. “Le périmètre de l’action publique régionale redeviendrait alsacien, explique-t-il. La Collectivité européenne d’Alsace récupérerait les compétences de la Région Grand Est et ainsi l’Alsace retrouverait son pouvoir d’agir dans tous les domaines de compétences décentralisées. Avoir une Région Alsace permettrait de récupérer la compétence économique, essentielle aux emplois et à la dynamique de notre territoire, mais aussi la formation (notamment métiers de la santé et du médico-social), les universités, les lycées, les transports scolaires, TER…”
En redevenant une région, la collectivité alsacienne récupérerait aussi des compétences en matière de formation. “Il est important de l’adapter à l’activité des entreprises pour que les demandeurs d’emploi puissent retrouver un emploi plus facilement près de chez eux, détaille Frédéric Bierry. Pour l’orientation des jeunes, la compétence s’articule pleinement avec celle relative aux collèges et aux actions éducatives à destination des collégiens.”
“Enfin, avec la pandémie de la Covid, chaque Alsacien a mesuré les enjeux de la santé dans sa vie quotidienne et plus particulièrement les défis d’une prise en charge réactive, par des professionnels compétents s’appuyant sur des équipements et de moyens disponibles et de qualité. Pour agir concrètement sur ces leviers, en proximité et répondre aux besoins en compétences, il convient que la CEA dispose de la compétence pour former ces futurs professionnels. Elle pourrait ainsi élaborer la carte des formations des travailleurs sociaux, ainsi que celle des écoles et instituts de formations paramédicales et de formation de sages-femmes. Rassembler toutes ces compétences à l’échelle de l’Alsace nous permettra d’agir plus efficacement aux services des Alsaciens” conclut l’élu.
Une première étape
La CEA espère collecter au moins 100 000 réponses grâce à cette consultation. Elle n’a, comme son nom l’indique, qu’une valeur consultative, ce n’est pas un référendum à proprement parler. Mais si le oui l’emporte, les élus de la CEA solliciteront les candidats à l’élection présidentielle pour qu’ils s’emparent du sujet et demanderont au président ou à la présidente élu(e) en avril prochain de respecter la volonté des citoyens alsaciens qui se seront exprimés sur ce sujet. Objectif : obtenir le vote d’une loi qui permette le retour d’une région Alsace. Si c’est le non qui l’emporte en revanche, la CEA affirme qu’elle ne travaillera plus sur ce sujet.
Si la question vous intéresse, vous avez jusqu’au 15 février pour voter.
Bulletin en ligne
*Article soutenu mais non relu par la CEA.