Présent depuis 2006 à Strasbourg, le FEFFS (Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg) revient enfin après une année 2020 entachée par une pandémie digne d’un bon scénar’ de nanar ‘ avec zombies. Si l’on ne retrouvera pas ces derniers dans la traditionnelle Zombie Walk, ce ne sont pas les événements qui vont manquer. Des films en compétition, des rétrospectives, des expositions, des rencontres, de la VR et des jeux vidéo… Et des rendez-vous gratuits pour frissonner dans la nuit. C’est bien le retour tant attendu pour les amateurs du genre et autres grands curieux prêts à se mettre une peur bleue. Du 10 au 19 septembre, le festival prend possession de la ville : du Shadok aux cinémas strasbourgeois, jusqu’à son Village, place Saint-Thomas. On a envie de vous crier : « It’s alive, it’s alive, it’s alive !!! » ; et on vous l’annonce… Du sang va couler sur les écrans. Avant-goût.
Les habitués noteront que le FEFFS (Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg) passe de sa douzième à sa quatorzième édition, en évitant bien la treizième. Celle-ci aurait dû voir le jour à l’automne 2020, mais ses organisateurs ont dû s’adapter, crise sanitaire oblige. L’iconique festival avait donc laissé sa place à des week-ends de programmation, eux aussi en partie annulés, après la fermeture des cinés.
C’est donc avec une émotion certaine que Daniel Cohen, son directeur artistique, – accompagné de son équipe – a annoncé lors de la conférence de presse du 31 août, cette 14ème édition : « Vous allez pouvoir à nouveau vivre un FEFFS. Un FEFFS dans Strasbourg ». Rajoutant non sans malice : « Amateurs de fantastique, on est un petit peu superstitieux. On a voulu conjurer le mauvais sort et puis zapper définitivement cette treizième édition. »
12 films en VR et Álex de la Iglesia en invité d’honneur
La 14ème saison du FEFFS est donc sur le point d’être lancée et se tiendra du 10 au 19 septembre dans les cinémas strasbourgeois. Une édition à l’ancienne, comme on les aime. Dix jours de programmation chargée avec des projections en compétition, des rétrospectives, des événements (expositions, conférences, masterclass…), le retour du Village Fantastique… En tout : 65 longs-métrages, 26 courts-métrages, 12 jeux vidéo et 12 films en VR (réalité virtuelle). Le FEFFS ne cesse de grandir, et muter pour mieux nous surprendre et nous épater. Et comme chaque année, l’envie y est de se mettre en RTT pour y assister sans rien rater.
Notons aussi un invité de marque : le cinéaste Álex de la Iglesia. L’invité d’honneur de cette édition (qui recevra un prix pour sa carrière) est présenté comme le « trublion virtuose du cinéma espagnol ». En sus de sa masterclass à ne manquer sous aucun prétexte, seront projetés six de ses films tels que Le Crime Farpait, Action Mutante, Balada Triste… Un alléchant programme.
Deux temps forts : les gonnies face à la Cathé et la Nuit excentrique
Avant la bande de copains de Stranger Things, il y a surtout celle des Goonies. L’histoire d’enfants partis sur les traces d’un trésor de pirate, et confrontés au monde cruel des adultes. Une “ode à l’irrévérence et à la différence”. Classique du cinéma, cultissime film d’aventures sorti en 1985, il réunit Richard Donner à la réal’, Steven Spielberg et Chris Columbus au scénar’, et une équipe de jeunes comédiens talentueux. Un peu comme la saga des Retour vers le futur, il a marqué des générations de gosses. La bonne nouvelle ? Le FEFFS programme une projection en plein air et gratos (en VF, à l’ancienne), face à la Cathé, avec food truck pour se régaler. Rendez-vous le 15 septembre à 20h30 sur la place du Château !
Autre date à retenir, celle de la Nuit excentrique. Une soirée plus que spéciale à mater des nanars prêtés par la Cinémathèque française. Le best du bestiaire avec des yétis, des monstres et des grizzlis pour hurler (de rire) dans la nuit. Un défi de spectateur à faire au moins une fois dans sa vie : débutant à minuit, elle se finit avec petit-déj’ offert aux premières heures du jour, le lendemain. Plus de six heures de films dingues aux VF éclatées tels que Yéti, le géant d’un autre monde. On lit dans le programme qu’il “peut prétendre à la palme du remake le plus raté de King Kong. […] Ce naufrage illustre bien l’une des pires dérives du cinéma bis italien”.
Et à l’affiche ?
Pour donner le ton, le festival sera lancé, le vendredi 10 à 22h, par Last Night in Soho, un long-métrage d’Edgar Wright, dans lequel on retrouve à l’affiche Anya Taylor-Joy, la joueuse d’échec la plus connue des abonnés Netflix. On meurt tous d’impatience de découvrir ce que le réalisateur de films aussi cultes que Hot Fuzz ou Shaun of the Dead va nous proposer cette fois !
Incontournables, également… Les trois compétitions internationales qui rythmeront le festival : celle des films fantastiques, celle des Crossovers (thrillers, films noirs, polars, action, etc) et enfin, la catégorie films d’animation. Dans la première, on peut noter After Blue de Bertrand Mandico (Les Garçons Sauvages). Une fable post-apocalyptique, sorte de western cosmique à l’imagerie kitsch de l’heroic fantasy rétro, où l’on découvre un « avenir au féminin » :
Censor de la réalisatrice Prano Bailey-Bond, nous plonge dans les années 80 et l’univers des video nasties et l’esthétique des vieilles VHS d’horreur. Un film malsain, une esthétique léchée, et une belle mise en abîme du film dans le film, et l’horreur dans l’horreur.
Et comme on dirait bien que le combo VHS, années 80 et gros malaise fonctionnent à merveille, un autre film en compèt’ réunit les trois : Rent-a-pal de Jon Stevenson. L’histoire d’un mec qui entretient une relation virtuelle avec un inconnu sur cassette qui se dit être son ami.
Dans un autre style, plus contemporain… Si Le Village des damnés (version originale ou de Carpenter) vous a fait frissonner, vous adorerez The Innocents d’Eskil Vogt. Dans la pure lignée des films d’enfants maléfiques, cette production norvégienne-suédoise a été présentée dans la catégorie Un Certain Regard au dernier festival Cannes. Daniel Cohen parle d’ « horreur à l’étouffé », soulignant l’équilibre entre « innocence et cruauté » propre à l’enfance.
Du côté des Crossovers, une programmation ultra variée, allant de Chronology d’Ali Aydin, un thriller « original » (dans le fond comme dans la forme) et premier film turc en compétition ; jusqu’à Oranges Sanguines de Jean-Christophe Meurisse, une comédie noire, barrée, féministe au casting incroyable (Denis Podalydès, Blanche Gardin, etc).
En films d’animation, une sélection en majorité pour adultes, et plutôt violents. On peut citer le coup de cœur de Consuelo Holtzer, la directrice artistique adjointe du festival : Canvas de Ryan Guiterman (présenté hors-compétition). L’histoire d’un démon artistique qui peint avec le sang de ses victimes. Un film d’horreur décrit comme « à la beauté fluide et menaçante ».
Et sans oublier la compétition de courts-métrages avec une sélection internationale, d’animation, et made in France, avec même quelques productions de la région.
Oldies but goodies : les rétrospectives pour se replonger dans des classiques
Dans les rétrospectives, on note celle des studios de la Hammer des années 70, que le FEFFS avait déjà mis à l’honneur lors de sa toute première édition. Dr Jekyll et Sister Hide, Les horreurs de Frankenstein, La Momie sanglante… Autant de titres qui rappellent la grande époque de ce studio emblématique où se mélangeaient subversion, érotisme et violence, à coup d’hémoglobine orange fluo et couleurs saturées.
L’autre rendez-vous : celle qui donne la couleur de l’affiche de cette édition… « Attractions funestes », avec un retour sur les écrans du classique Freaks de Tod Browning (1932), et d’une poignée de films qui rappellent la grande histoire d’amour entre le cinéma d’horreur et les parcs d’attraction.
Mais le FEFFS ne serait pas le FEFFS sans quelques Midnight movies, que Daniel Cohen qualifie de « fruit défendu du festival ». On y croisera entre autres pépites, des kystes qui prennent vie dans Cyst de Tyler Russel. Ça y suintera le gore des 1980s. On adore.
Connexions : le FEFFS numérique
En parallèle, les gameurs seront ravis de retrouver le Shadok, actuellement en pleine mutation. Du 9 septembre au 30 octobre s’y tiendra Connexions, la section numérique du FEFFS.
Date-clef depuis quelques années : l’Indie Game Contest. La compèt’ de jeux vidéo. Douze titres accessibles au Shadok, jouables et pour tous les goûts. Pour tâter de la manette avant de voter pour son préféré.
Petit aperçu avec celui qui nous a tapé dans l’œil à la conférence de presse : A Juggler’s Tale. L’histoire d’une marionnette qui veut voir le monde. Un visuel canon où le joueur tire littéralement les ficelles de son personnage, jusqu’à ce que celui-ci cherche à s’en détacher. …En plus d’être très esthétique ? Une fable philosophique.
Autant attendu : le tournoi Guilty Gear Strive organisé par le festival et la Chronique du Geek, “ouvert aux débutants comme aux acharnés”. A été annoncé également : un tournoi de Tekken. Et non loin de là, des bornes de titres légendaires en accès libre pour se castagner entre potes.
La thématique de cette édition de Connexions sera le “flow”. Ce sentiment de transe que les joueurs connaissent bien : entre concentration et immersion totale dans le jeu, où le temps s’oublie. Plusieurs tables rondes autour du sujet, des expositions, et une rétrospective sur Tetsuya Mizuguchi : “The Enhance experience”. Une expérience de la synesthésie et des hallucinations visuelles et virtuelles suite à Tetris, que l’auteur a développé dans Tetris Effect Connected.
À la frontière du réel, et pont naturel entre l’univers du jeu vidéo et celui du cinéma : les films en VR (réalité virtuelle). Des œuvres qui seront en libre-accès, et au Shadok, toujours. On plongera par exemple dans les eaux profondes avec Biolum, pas loin d’un Abyss de James Cameron. Un “événement spectaculaire”, et “terrifiant”, nous a-t-on dit. Vous êtes prévenus…
La prog’ réserve encore plein de surprises qui seront bientôt dévoilées. À suivre par ici !
Le Village : la fantastique place Saint-Thomas
Il nous avait manqué celui-ci : le Village est de retour ! Il reprendra ses quartiers place Saint-Thomas. Canaps en velours, stands d’artistes locaux, merchandising… L’endroit parfait pour se remettre de ses émotions, débriefer après un grand frisson, ou juste se poser à la buvette pour une boisson.
Dans une ambiance “Attractions funestes”, s’y organiseront des ateliers, des spectacles, des animations musicales… Une programmation qui s’annonce aussi funeste que festive.
On ne va pas se mentir : avec le FEFFS, plus qu’à Halloween, c’est bien en septembre que Strasbourg tremble.
FEFFS – Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg
Du 10 au 19 septembre 2021
Les cinémas Star et Star Saint-Exupéry, VOX, UGC Ciné Cité, Shadok…
Site internet
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Le Village du FEFFS
Place Saint-Thomas
L’événement Facebook
Fanny Soriano