La Ville a tenu ce jeudi une conférence de presse afin d’annoncer les pistes envisagées pour la reconversion du zoo de l’Orangerie. Rénovation des bâtiments et des espaces, placement des animaux sauvages en sanctuaires, transformation de la mini-ferme en lieu pédagogique au contact des animaux domestiques ou même centre de soin, on vous en dit plus sur les pistes envisagées.
Depuis plusieurs années, le devenir du zoo de l’Orangerie est sujet à débat. Entre élus lors des conseils municipaux, ou bien entre habitants avec plusieurs mobilisations citoyennes et le lancement de pétitions pour sa fermeture. Aux dernières nouvelles, l’ancienne municipalité avait lancé une consultation citoyenne sur le sujet, en décembre 2019. Les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois étaient invités à découvrir trois différents projets et à voter pour leur favori. À l’époque, on s’était tourné vers plusieurs associations de protection animale afin de connaître leur avis sur la question. Et si certaines avaient conseillé de voter pour l’un des projets par défaut, toutes s’étaient positionnées en faveur de la fermeture complète du zoo. Finalement, plus d’un an après cette consultation, la nouvelle municipalité semble s’être rangée de leur côté.
En amont du prochain conseil municipal qui se tiendra le 21 juin prochain et au cours duquel la subvention annuelle de l’association des amis du zoo de l’Orangerie doit être votée, la Ville a d’ores et déjà échangé avec les membres afin d’envisager une transformation plutôt radicale du zoo en parc animalier. “Nous souhaitons faire de Strasbourg une ville pour les animaux, une ville pour les protéger, une ville qui les respecte et qui en prend soin. Tel qu’il est actuellement, le zoo de l’Orangerie n’a plus sa place en 2021 à Strasbourg.” résume Marie-Françoise Hamard, adjointe en charge des animaux dans la Ville.
Placement des tous les animaux sauvages en sanctuaire
Aujourd’hui au zoo de l’Orangerie, ce sont près de 120 animaux sauvages qui sont maintenus en captivité. Des conditions avec lesquelles la mairie est en désaccord : “Dans notre ville, on fait du respect des droits humains une priorité, de même que le respect du vivant en général.” indique Jeanne Barseghian. Voilà pourquoi selon Marie-Françoise Hamard : “Il n’est plus possible de cautionner la partie zoo avec les animaux sauvages. Ils sont 120 et ils n’ont plus la place dans ces espaces exigus.” Dans cette optique, la Ville envisage donc de transformer le zoo en parc animalier pédagogique. Concrètement, cela signifie que tous les animaux sauvages sans exception, devraient être replacés dans des sanctuaires.
Pour rappel, si la municipalité est propriétaire des lieux, l’association des amis du zoo de l’Orangerie est quant à elle propriétaire exclusive des animaux. Et ses membres ont d’ailleurs communiqué leur volonté de garder les animaux jusqu’à leur mort naturelle. Mais pour tenir cet engagement de campagne, la maire compte bien employer les moyens d’action à sa disposition pour convaincre l’association du bien-fondé du projet. Et ces moyens d’action sont avant tout économiques. Habituellement, la subvention annuelle octroyée à l’association des amis du zoo de l’Orangerie s’élève à 270 000 euros. Mais cette année, la structure ne percevra que 250 000 euros et la somme diminuera encore chaque année, jusqu’à ce que la part du montant dédiée aux animaux sauvages soit nulle. Et sachant que la part actuelle consacrée à la mini-ferme représente seulement 30% de la subvention totale, c’est une coquette somme qui s’apprête à disparaître au fil des années pour la structure. Ainsi, comme l’affirme la maire : “S’ils veulent garder les animaux, il faudra qu’ils trouvent d’autres financements.” La Ville propose en parallèle d’accompagner l’association dans le replacement des animaux, d’un point de vue financier, mais aussi en l’orientant vers les sanctuaires adéquats.
Reste à savoir combien de temps l’opération va prendre. Là encore, la temporalité semble être un point de divergence entre l’association et la mairie. “Généralement, pour trouver un sanctuaire approprié, il faut deux à trois mois. On a donc évoqué la possibilité d’une année pour que tous les animaux sauvages soient tous partis.” explique l’élue en charge des animaux en ville.
Restaurations des bâtiments, transformation de la mini-ferme et peut être de nouveaux animaux domestiques
“Notre volonté, c’est de s’inscrire dans cette continuité avec un projet pédagogique, mais aussi patrimonial, car le zoo est installé dans des bâtiments liés à l’histoire.” précise Jeanne Barseghian. Des gros travaux devraient donc avoir lieu afin de remettre en valeur les bâtiments historiques et l’ensemble des espaces et équipements comme l’aquarium et la mini-ferme. La mini-ferme deviendra alors le pivot du futur petit parc animalier où les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois de tous âges pourront approcher un large panel d’animaux domestiques. L’association des amis du zoo en assurerait toujours la gestion et son accès sera gratuit.
L’objectif est de recentrer le lieu sur l’animation, l’apprentissage et la pédagogie, avec de nouvelles activités en lien avec les animaux présents. On passerait donc d’une centaine d’animaux présents actuellement sur le site, à un nombre bien plus réduit, même si la Ville envisage d’y installer d’autres espèces domestiques, comme des poules, des canards, des dindons, des poneys, des chèvres, ou pourquoi pas le grand hamster d’Alsace. “Nous avons parlé d’éco-pâturage, de parcours des cinq sens, de découverte de la faune locale présente dans le parc comme les cigognes ou les chauves-souris.” précise Marie-Françoise Hamard.
Un espace de désensibilisation et même un centre de soin ?
Au fil des concertations entre les différents acteurs du dossier, des idées plus inattendues ont également émergé. Une partie du parc animalier pourrait bien être dédiée à la désensibilisation à certaines phobies comme celle des araignées ou bien des serpents. Des ateliers pourraient alors être organisés et rendus accessibles aux Strasbourgeoises et au Strasbourgeois souhaitant changer leur rapport avec certaines espèces.
La création d’une antenne de soin d’urgence pour la faune urbaine est aussi envisagée. Un lieu au sein duquel les animaux blessés seraient recueillis et soignés avant d’être relâchés. Les habitants pourraient alors s’adresser à l’antenne ou bien se rendre sur place afin d’y déposer un oiseau ou encore un rongeur. Mais la maire précise tout de même que cette alternative nécessiterait l’installation d’un plateau vétérinaire avec des professionnels prêts à se rendre sur place. Selon elle, la LPO Alsace (Ligue pour la protection des oiseaux), qui possède d’ailleurs un centre de soin du même genre à Rosenwiller serait notamment intéressée par le projet.
© Jielbeaumadier & Guilhem Vellut / Flickr CC