Vérification des stocks, brassage, fermentation, mise en fût, livraisons… En prévision du 19 mai prochain, date officielle de la réouverture des terrasses, les brasseurs, les fournisseurs et les distributeurs strasbourgeois sont de retour au travail et mettent tout en œuvre pour que Strasbourg soit prêt à accueillir à nouveau des hordes de clients assoiffés.
C’est tout un petit monde, qui s’affaire en coulisses pour tenir les délais. Et à la différence de l’année dernière, où le gouvernement avait annoncé seulement cinq jours avant, la réouverture des bars et des restaurants pour le 2 juin, les professionnels du secteur ont cette fois-ci plusieurs semaines pour s’y préparer. À environ deux semaines de la mise en place des terrasses, les brasseurs et les distributeurs locaux sont les premiers à se mettre en ordre de marche pour que la reprise soit une réussite.
Des équipes impatientes de retourner au travail
“Nous on trépigne, on est surexcités depuis deux semaines ! On est en ordre de bataille pour être prêt pour la réouverture !” Du côté de la brasserie Perle, le maître brasseur Christian Artzner ne cache pas son enthousiasme. L’équipe est à pied d’œuvre et s’attend à une reprise effrénée : “On a déjà vécu le premier déconfinement, on se doute bien que ça va aller vite et fort. Après, on fait de notre mieux pour être aussi prêts qu’on peut l’être.” Même ambiance à la brasserie Bendorf, où les équipes sont loin de s’ennuyer : “On est en plein rush ! Là, on produit tout ce qu’on peut, pour deux raisons : la première, c’est qu’on va changer d’outils de brassage et la deuxième c’est évidemment suite aux annonces du gouvernement. On sent qu’il y a une reprise, que les distributeurs nous contactent.” explique le gérant et fondateur Benjamin Pastwa.
S’il est heureux de pouvoir reprendre le travail, Erwin Sohn, gérant de la brasserie 3 Mâts reste tout de même prudent : “On est pas mal dans le rush. Après, le souci, c’est qu’on n’est pas en mesure de savoir sous quelles conditions ça va rouvrir. Est-ce que les consommateurs vont réellement revenir en terrasse ? Je pense que oui, mais comme cette période est très floue, on est amené à prendre ça avec beaucoup de recul.” Mais malgré l’appréhension, le gérant fait le pari de produire pour être au rendez-vous le 19 mai prochain : “On produit même si on ne sait pas ce que ça va donner. Mais on préfère être présents, que de ne pas être présents et que finalement les clients soient là et louper la reprise. Quitte à y perdre sur cette réouverture si ce n’est pas le cas.”
Des bouteilles à emporter… aux bières pression
Comme l’explique Erwin Sohn, ces derniers temps, les brasseurs locaux se sont naturellement concentrés davantage sur la bouteille : “On a mis le fût de côté, donc là, on en refait pour cette réouverture.” À la brasserie Bendorf aussi, on change son fusil d’épaule : “Là, on recommence à mettre en fût. On n’avait pas de stock qui date d’il y a six mois et on vendait de la bière à emporter, donc on avait vidé tous nos fûts.”. Tout en se gardant la possibilité de repasser à la bouteille s’il le faut : “On brasse, on met les bières en fermentation et une fois en garde, on va décider et le conditionnement que ça va avoir, donc soit en bouteille, soit en fût. Donc on a un peu de flexibilité par rapport à ça.”
Niveau quantité, tout le monde semble prévoir de quoi inonder Strasbourg. “Nous là, on produit tout ce qu’on peut, soit le maximum de notre capacité de production. L’année dernière, c’était à peu près le cas aussi, mais c’est clair qu’avril mai de l’année dernière on avait vite arrêté. Là, on produit même un peu plus qu’il y a deux ans.” précise Benjamin Pastwa. Et malgré la présence de gros acteurs du secteur comme Heineken, Meteor ou encore Kronenbourg, les petites brasseries locales comptent bien tenir leur place. “À Strasbourg, les gens consomment très local, donc je pense qu’il n’y aura pas souci.” rappelle confiant le gérant de la brasserie 3 Mâts.
Certains ont aussi profité de ces derniers mois de fermeture pour faire découvrir de nouvelles recettes aux Strasbourgeois.ses à la réouverture. C’est le cas de la brasserie Perle, qui a concocté de nouvelles recettes. “C’est vraiment un soulagement de faire remarcher après six mois d’arrêt notre machine et de retrouver nos clients !” se réjouit Christian Artzner, “On fait tout ce qui est possible niveau quantité. Et puis on a aussi étendu notre gamme donc on va avoir sept bières plus une ou deux bières de saison disponible en fût, donc c’est déjà énorme pour nous. On s‘attend à écouler plus de volume qu’il y a deux ans et l’été dernier ça avait déjà démarré fort.”
Un objectif pour les distributeurs : livrer à temps
À une autre étape de la chaîne, les distributeurs se tiennent déjà aux côtés des professionnels depuis plusieurs semaines. Sur le site France Boisson de Geispolsheim, qui fournit pas moins de 170 cafés, hôtels et restaurants rien que sur la Grande-Île de Strasbourg, voilà trois semaines que les techniciens sont sur le pont pour remettre en route les tirages pression des clients, les machines à café, et terminer des installations. Le directeur commercial du secteur Alsace-Vosges, Nicolas Frémiot s’attend à une forte accélération des commandes la semaine prochaine sur le site de Geispolsheim : “Depuis le début de la semaine, nous avons déjà reçu une centaine d’appels par jour.” Et d’ajouter : “En fonction de la météo qui aura une influence sur le taux de réouverture des terrasses, nous estimons un niveau de reprise à hauteur de 30% des établissements à compter du 19 mai.”
Chez l’Alsacienne de Boissons, les équipes sont également heureuses de reprendre après six mois d’activité quasi-nulle. “Depuis les annonces du gouvernement, c’est reparti sur les chapeaux de roues pour prévoir toutes les livraisons à nos clients, avoir les stocks nécessaires et être en mesure de livrer correctement.” indique André Bour, directeur général. Et pour éviter de submerger les livreurs sous ces litres de boissons, le distributeur a choisi de s’y prendre à l’avance : “Pour notre part, on va commencer à livrer une semaine avant la réouverture pour pouvoir décharger le premier mois qu’on identifie un peu comme étant tendu. La suite dépendra aussi de la météo et des différentes phases de réouverture et de l’évolution, donc on prend les devants pour pouvoir alléger la charge de travail de nos chauffeurs livreurs et les ménager.”
Le directeur général espère bien que les clients participeront à ce grand retour : “On espère que le beau temps nous accompagnera et que nos clients et les consommateurs seront au rendez-vous pour soutenir la profession !” Une chose est sûre, en ce moment, nos acteurs locaux se mettent la pression pour pouvoir nous la servir le 19 mai prochain.