C’est une nouvelle bien cool qui nous est parvenue ce mercredi 3 février : alors que l’église médiévale Saint-Guillaume, qui trône au beau milieu de la Krutenau, est en travaux, des fouilles ont permis de retrouver près de 40 sépultures au cœur de cette institution strasbourgeoise. Un chantier de rêve pour les archéologues en herbe, dans lequel on est allé mettre les pieds.
L’église Saint-Guillaume, une institution strasbourgeoise en travaux
L’église Saint-Guillaume domine le paysage strasbourgeois depuis le XIIIe et XIVe siècles. À l’époque située dans les faubourgs de Strasbourg, la Krutenau étant en dehors des murs de la ville, elle intègrera notre belle ville au XVe siècle. L’ancienneté de cette église dans le paysage strasbourgeois ne l’a clairement pas empêchée de rentrer de plein pied dans la modernité puisque depuis quelques années, elle met en place des événements qui ne manquent pas de faire parler : Escape Game, diffusion du film l’Exorciste, ou encore concert de la célèbre Clara Luciani, la paroisse n’hésite pas à sortir des sentiers battus. C’est aussi en son sein que se trouvait le pasteur Christophe Kocher dont on avait déjà dressé le portrait dans un précédent article.
Ce lieu de culte, désormais devenu également un lieu culturel strasbourgeois, se trouve en travaux depuis 2017, pour une rénovation en profondeur. « La première phase des travaux est maintenant terminée » me précise Christiane Lehmann, conseillère presbytérale à Saint Guillaume et en charge des bâtiments. Désormais, la rénovation s’attelle « au clocher, aux façades et à la restauration de la chapelle, juste en-dessous de l’orgue », pour des travaux qui doivent se finir à l’été 2021, « si tout va bien », comme me glisse la conseillère.
Une fouille archéologique de grande ampleur
Cette deuxième phase de travaux concerne principalement la refonte des sols, pour notamment installer des sols chauffants. Forcément, il a fallu creuser et c’est à ce moment-là qu’ont débuté les trouvailles. « Franchement, c’est le pied lorsqu’on est archéologue de pouvoir découvrir de telles choses » me confie, les yeux pétillants, Boris Dottori, responsable d’opérations archéologiques à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) Grand Est Alsace. Il m’explique le processus de fouille dans l’église Saint-Guillaume, avec ses différentes étapes et ses premières découvertes : « On a d’abord fait un premier décapage pour enlever les derniers sols de l’église. On est tombés sur un niveau de sol ancien de la nef constitué en terre cuite. On a pu le dégager sur la totalité et en faire une documentation photographique. »
Cela faisait d’ailleurs un petit moment que des fouilles n’avaient pas été réalisées à Strasbourg, comme me le précise Boris Dottori : « À Strasbourg, cela faisait une trentaine d’années que des fouilles n’avaient pas été réalisées dans une église. » Néanmoins, on savait que l’église Saint-Guillaume avait du potentiel : lors du diagnostic archéologique réalisé en 2017, le caveau funéraire intact d’une abbesse strasbourgeoise décédée en 1694, répondant au doux nom d’Eva-Salomé von Furdenheim, avait même été découvert.
Une quarantaine de sépultures découvertes
Cette fouille archéologique d’une grande ampleur dans notre Strasbourg à nous a débouché sur de nombreuses surprises. Et c’est grâce à l’idée d’installer des sols chauffants que cela a été rendu possible. En effet, pour installer ce type de sols, il a fallu creuser encore plus profondément, et c’est là que les découvertes se sont accumulées, comme l’explique Boris Dottori : « Ensuite on est descendu plus bas, pour l’aménagement du plancher chauffant. Sur ce second niveau de sol, on est tombé sur plusieurs types de données. On a d’abord tout simplement découvert le plan primitif de l’église. » Une formidable découverte, qui permet de se rendre compte de l’histoire du bâtiment ainsi que de sa conception, permettant une cartographie et des données qui seront précieuses pour la compréhension de Strasbourg au XVe siècle.
En continuant leurs fouilles, les archéologues sont tombés sur d’autres trésors, et non les moindres : une quarantaine de sépultures ! « On a trouvé une grande partie des inhumations qui ont été pratiquées dans cette église, du XVe jusqu’au XVIe siècle, et on en a repéré une quarantaine. Dans le cas de cette fouille, on aura une douzaine de sépultures pour les analyser. », précise Boris Dottori.
Mieux comprendre Strasbourg, un squelette à la fois
Mais finalement, ce sont qui ces squelettes découverts dans le sol de l’église Saint-Guillaume ? Selon Boris Dottori, on part sur une population plutôt aisée : « On se doute que c’est une population assez aisée, comme des magistrats, des chevaliers ou le clergé, le haut de la société quoi. Ceux qui avaient les moyens de se faire enterrer à l’intérieur d’une église. » En plus de cela, ils ont également retrouvé des épitaphes le long des murs, qui donnent certaines informations sur les personnes enterrées à Saint-Guillaume.
Au-delà de la nouvelle remarquable pour le patrimoine de notre ville que représente cette découverte, la quarantaine de sépultures sorties du sol vont permettre de mieux comprendre le Strasbourg de l’époque, à travers sa population. Boris Dottori abonde dans ce sens : « C’est surtout le contexte qui est intéressant, ainsi que la possibilité d’étudier des sépultures et une population enterrée à l’intérieur de l’église. Dans l’étude qui sera réalisée sur les douze squelettes que l’on va récupérer, on va rechercher le sexe, l’état de santé, l’âge, les pathologies, la catégorie sociale ou encore l’hygiène de vie. » Une enquête exhaustive, qui révèlera sans aucun doute quelques surprises.
C’est une réelle découverte qui a été réalisée au sein de l’église Saint-Guillaume. Une quarantaine de sépultures au sein d’un lieu familier des Strasbourgeoises et des Strasbourgeois, ce n’est pas rien. Pour celle-ci, après l’effervescence de la découverte, cela va être un retour à la normale. Les travaux vont pouvoir reprendre à partir du 5 février et devraient se finir à l’été, si tout va bien. Sauf si d’autres surprises sont encore cachées…
Super cette découverte !! L’église de mes Ancètres jardiniers .
Roland Trautmann, excellent article aux belles photos , Juste un petit mot concernant le clocher de l’église qui a une forme assymetrique et de ce fait une curiosité architecturale unique en Alsace ….
Nota bene: le squelette en haut à droite est mon ancetre Gottlieb von Wasenstein u. Hagen zu Furstenberg ….
Le Stockfeldien
Une découverte « bien cool » ! 😳
Bonjour, je possède un tableau de l’abbesse Eva Salomé von Furdenheim que je compte mettre en vente,