En plus d’être un carrefour européen, Strasbourg, derrière la richesse de son territoire, s’avère être une ville assez inégalitaire et même pauvre. Cette situation, jusqu’alors lisible à travers des statistiques, est devenue depuis quelques années beaucoup plus visible à l’oeil nu. Quel Strasbourgeois ne se sera pas confronté à la pauvreté et la mendicité en une seule journée ? Sauf bien sûr en s’enfermant dans un quartier aisé. Un problème de société, qui sera de plus en plus récurrent si les pouvoirs publics n’y trouvent pas de réponses adéquates. La dernière municipalité avait tenté quelque chose à travers un « arrêté anti-mendicité agressive », la nouvelle Maire, Jeanne Barseghian, vient de l’abroger pour proposer une autre voie, l’accompagnement. On vous explique.
La genèse de l’arrêté
Il y a quelques années à Strasbourg, le mendicité a pu prendre des formes plus « agressive » et organisée dans certaines rues de la ville, devenant sources de troubles à l’ordre public. La municipalité en place, après de nombreux débats et désaccords a tranché sur un arrêté municipal le 25 avril 2019 concentrant ses efforts sur le place du Marché-Neuf, la place du Temple-Neuf et la rue des Grandes-Arcades. Les riverains de ces deux premières étant épuisés par des regroupement d’hommes alcoolisés à toutes heures de la journée et ce depuis des mois. La rue des Grandes Arcades, plutôt par les nombreuses plaintes de commerçants et riverains vis-à-vis des regroupements importants de punks à chiens et de la présence de réseaux de mendicité organisés.
Cet arrêté , expérimental, est devenu très rapidement le théâtre de l’opposition entre les parties à Strasbourg. Un combat politique opposant de manière très binaire les « anti-pauvres » aux « pro-pauvres ». Le tapage médiatique qui a suivi en a remis une couche et le débat a pris le pas sur le sujet. On s’est concentré sur les duels politiques et on a oublié que le point de départ était un problème réel vécu quotidiennement par des Strasbourgeois. L’arrêté est devenu un point de communication politique. Jeanne Barseghian avait d’ailleurs fait de son abrogation une promesse de campagne.
L’alternative
Un problème a souvent plusieurs solutions et c’est bien évidemment le cas de celui ayant enfanté l’arrêté anti-mendicité agressive. Roland Ries nous avait proposé celle de la « sécurité ». Ce mot politique si séduisant qui consiste souvent à camoufler ou déplacer le problème plutôt que le résoudre à sa source. C’est une solution plus rapide en apparence, mais qui ne résout rien sans être accompagné de mesures d’accompagnements et d’aides à l’insertion.
C’est cette voie qu’a décidé de choisir la nouvelle municipalité en abrogeant l’arrêté. Elle annonce que la suite sera concrétisée « en renforçant les moyens de l’équipe mobile de rue et en associant la prévention, la médiation, l’accompagnement social, médical, psychologique, le traitement des addictions, la recherche d’un logement et l’insertion sociale ». Une voie plus longue, certes, mais plus humaine et porteuse d’espoir. À voir si cette dernière répondra suffisamment vite aux besoins de sécurité dans l’espace public ressenti par de plus en plus de strasbourgeois et strasbourgeoises.
Photo de couverture : Jérôme Dorkel / Ville et Eurométropole de Strasbourg