À Strasbourg, les militant(e)s de l’organisation Résistance à l’Agression Publicitaire (RAP) n’ont pas attendu l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle Maire pour faire entendre leur voix, ni pour afficher dans l’espace public leurs convictions en lettres capitales. Par le biais de différentes actions d’affichages dites “sauvages”, ils questionnent les habitants et les politiques sur des problèmes de société, allant du sexisme à la sur-consommation. Alors qu’une de leur campagne de recouvrement de panneaux pub est en place en ce moment dans nos rues, on a discuté avec l’une des militantes de la première heure afin d’en savoir plus sur leurs revendications et la teneur des actions à venir.
Résistance à l’Agression Publicitaire est une association nationale qui s’est étendue dans toute la France depuis sa création en 1992. À Strasbourg, l’entité qui existe depuis 2008, regroupe des dizaines de femmes et d’hommes qui militent et agissent contre une publicité. Une pratique commerciale qu’ils et elles qualifient d’omniprésente, de dogmatique, de liberticide, d’inégalitaire, d’inutile et de coûteuse.
L’association et sa branche strasbourgeoise, en plus de poser un constat préoccupant et argumenté sur les méfaits de la publicité, entend également porter un message basé sur la réflexion individuelle et la prise de conscience. Pour cela, Résistance à l’Agression Publicitaire et ses adhérents s’organisent un peu partout, des pavés jusqu’aux salles de classes.
Des actions coup de poing qui questionnent les citoyens
Si vous ne connaissiez pas le nom de l’association, vous avez certainement vu passer certaines de leurs actions, organisées avec plusieurs autres collectifs et associations, dans les rues de Strasbourg. Des recouvrements d’afficheurs JC Decaux ou Clear Channel, des campagnes anti pub numériques, des collages d’affiches sur des vitrines d’enseignes allumées toute la nuit et bien d’autres actions encore. Toujours en utilisant des mots et des slogans parfois légers, parfois plus graves. Par ce biais, ils interrogent les passants sur la supposée utilité de la pub et sur les nuisances bien réelles qu’elle provoque.
En plus d’éteindre les lumières des vitrines pendant la nuit, celles qui éclairent inutilement nos rues vides jusqu’aux aurores, les militants et militantes soutiennent en local les actions menées dans la capitale et interviennent même dans des écoles pour sensibiliser les plus jeunes (et les profs) aux vices cachés de la publicité.
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Des revendications qui vont bien au-delà de le gène visuelle
L’un des buts de l’organisation est de créer une coalition la plus large possible, en partenariat avec différentes associations locales (voir liste plus bas). Leur objectif commun ? Lutter non seulement contre l’invasion des grandes marques dans notre espace public, mais aussi contre le sexisme de certaines campagnes, contre le monopole des multinationales de l’affichage grand public, contre la sur-consommation et l’accès de plus en plus facile à une mode dite “jetable”, low cost et néfaste. Néfaste, non seulement pour les travailleurs du bout du monde, qui se tuent à la tâche en fabriquant des fringues moins chères qu’un kébab, mais aussi pour les commerces locaux qui n’ont plus la place pour s’exprimer. Les militants entendent faire place à une publicité plus verte, plus éthique, qui met en avant ce dont nous avons réellement besoin et non pas des produits superflus acheminés chez nous par avion ou par des portes-conteneurs extrêmement polluants.
Aussi, l’association souhaite qu’une autorité “réellement indépendante” de contrôle de la publicité soit mise en place dans l’espace publique, en milieu scolaire, dans le service public, dans les boites aux lettres et dans les médias.
“Les actions que nous menons ensemble font tout d’abord suite à des engagements militants personnels. Elles posent des constats clairs et permettent aux citoyens de voir la publicité telle qu’elle est vraiment tout en se questionnant sur son utilité. Elles permettent également d’ouvrir plus facilement les yeux sur les dégâts qu’elle cause à la planète, aux entreprises et aux citoyens qui la subissent au quotidien. Le but n’est pas de convaincre ni de donner des leçons, encore moins de crier pour se faire entendre, mais bel et bien de donner des clés d’analyses pour que chacun, petit ou grand, puisse se questionner sur l’environnement publicitaire qui l’entoure”.
Charlotte, militante de la première heure.
L’organisation Résistance à l’Agression Publicitaire n’intente donc pas seulement des actions dans le but de pointer du doigt certaines marques et grands groupes peu scrupuleux. Elle lutte également contre le conditionnement de l’esprit en menant des actions ludiques, créatives et non-violentes. Des actions juridiques, des interpellations d’élus sur les sujets que nous venons d’évoquer, des réflexions et sensibilisation des médias et du public
Les militants de R.A.P Strasbourg s’organisent donc un peu partout afin que chaque citoyen puisse décider de ce que l’on lui montre, tout en ayant pleine conscience des méfaits de la publicité. Les militants souhaitent que tous les citoyens puissent jouir d’un droit d’expression sans subir tout un tas d’agressions liées à cette pratique commerciale vorace, inégalitaire et polluante. Pour cela, ils sont bien décidés à interpeller les passants et les passantes et déterminés à se réapproprier l’espace public : un espace pollué par une publicité parfois manifeste, souvent subliminale mais toujours néfaste.
Résistance à l’Action Publicitaire
Si vous souhaitez entrer en contact avec l’association et apporter votre aide : écrire à l’adresse suivante :
Toutes les infos de l’association en national sur le site internet
La page Facebook de Résistance à l’Action Publicitaire
La liste des associations partenaires :
Zéro Déchet Strasbourg
Alternatiba-ANV-COP21-Strasbourg
Desclicks
Extinction Rebellion
L’Institut des Citoyens
Alsace Réseau Neutre
Greenpeace
Osez le Féminisme
Coalition contre la mode jetable
Collectif Porte-Voix
Pour rappel la pub ça fait aussi vivre des familles entières… Tout le monde ne peut pas être fonctionnaire!
Lorsque vous compterez les emplois que la pub démoli, dans le commerce de proximité par exemple, vous verrez que cette affirmation est fausse ….
Je travaille dans une société qui vit de la pub et qui est une PME Alsacienne employant soixante personne… Donc je pense maîtriser le sujet nettement mieux que vous!
Vous relayez des actions illégales.
Les entreprises, dont certaines sont des PME avec des moyens limités, payent très cher pour communiquer.
Elles consacrent une grande partie de leur budget à une campagne d’affichage qui durera 3-4 jours.
En “profanant” ces affiches, ces collectifs mettent ces entreprises dans la difficulté, font prendre des risques à leurs salariés, …
Il faut voir un petit peu plus loin que le simple militantisme gentillet genre “bouhhhh c’est pas beau la pub, on nous agresse visuellement…”
Faire passer un message et influencer les comportements, ne serait ce pas de la publicité ? Jolie campagne en tout cas , mais un poil agressive visuellement … Bisou