Après des mobilisations d’ampleurs en début d’année, les agriculteurs et agricultrices sont de retour dans les rues de Strasbourg, et notamment ce jeudi 28 novembre. Dans la ligne de mire des syndicats : l’accord de libre-échange UE-Mercosur, que la Commission européenne espère ratifier prochainement.
Depuis quelques semaines, la colère gronde dans le monde agricole. On se souvient des manifestations d’ampleurs qui se sont déroulées dans l’Hexagone et dans de nombreux pays européens en début d’année. Sans atteindre l’intensité des blocages et des manifestations du mois de janvier, les syndicats agricoles sont de nouveau décidés à faire entendre leurs voix et intensifient leurs actions dans toute la France cette semaine.
La situation générale n’a pas changé depuis janvier. Sur fond de ras-le-bol de la profession, ils dénoncent le trop-plein de normes, les réglementations environnementales et les difficultés économiques des exploitant(e)s agricoles. Déjà présent dans les manifestations de l’hiver dernier, l’accord de libre-échange UE-Mercosur est maintenant au cœur de la contestation alors qu’Ursula von der Leyen espère voir l’Union européenne (UE) le ratifier sous peu.
Un accord économique qui cristallise les colères
Discuté depuis 20 ans par l’Union européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie), cet accord prévoit de faciliter les échanges commerciaux entre l’Europe et une partie de l’Amérique du Sud par la suppression des droits de douanes. Dans l’esprit des gouvernements de l’UE, il s’agit d’ouvrir de nouveaux marchés aux entreprises européennes en facilitant leurs exportations outre-atlantique. De manière réciproque, les cinq pays d’Amérique latine pourront, eux aussi, exporter leurs productions.
Les agriculteurs/rices estiment que cet accord va les confronter à une concurrence déloyale. En effet, les normes sanitaires, environnementales et sociales des pays signataires sont moins rigoureuses que celles pratiquées en Europe et en France.
Par ailleurs, l’agriculture y est plus intensive et industrielle que chez nous. Logiquement, sans droits de douanes, les produits de l’agriculture sud-américaine seront moins chers que ceux des agriculteurs/rices français(es). En France, la filière bovine se sent particulièrement menacée par l’arrivée de viande de bœuf brésilienne sur le marché.
En Europe, seule la France s’oppose ouvertement à cet accord de libre-échange. D’autres pays ont signifié leurs inquiétudes quant à sa mise en application, mais il n’est pas sûr qu’ils votent contre. De fait, les opposants ont assez peu de marge de manœuvres pour empêcher sa ratification par les institutions européennes.
Cette semaine, le Premier ministre Michel Barnier a même organisé un vote sur le sujet à l’Assemblée nationale, mais cette démarche n’est que symbolique. Pour le Premier ministre, c’était surtout l’occasion d’afficher l’unanimité des parlementaires français(es) sur un sujet, qui, à l’Assemblée nationale, récolte très largement une opposition au traité.
Plusieurs manifestations à Strasbourg, dont une ce jeudi 28 novembre
Le 18 novembre dernier, près de 350 agriculteurs/rices ont bloqué le pont de l’Europe pour signifier leur opposition à l’accord UE-Mercosur. Une semaine plus tard, rebelote, avec cette fois-ci un convoi de tracteurs qui partait de Bourgogne et de Franche-Comté pour rallier Strasbourg et manifester devant le Parlement européen, à l’appel de la Coordination rurale.
Rejoint en chemin par leurs collègues alsacien(ne)s, une quarantaine d’engins sont arrivés à quelques centaines de mètres du Parlement, mais ils ont ensuite été bloqués par les forces de l’ordre rue Jacques-Kablé.
Les membres de la Coordination rurale espéraient être reçus officiellement par le Parlement européen, mais l’institution n’a pas donné suite à leur demande. Néanmoins, ils/elles ont pu compter sur la présence de député(e)s du Rassemblement Nationale et de La France Insoumise, venu(e)s à leur rencontre.
Une nouvelle manifestation est prévue aujourd’hui, jeudi 28 novembre, à Strasbourg devant les locaux de la Direction départementale des territoires. Cette fois-ci, le syndicat majoritaire chez les agriculteurs/rices, la FDSEA 67, appelle à manifester contre « le carcan administratif » et les normes. Si l’accord UE-Mercosur n’est pas mentionné dans l’appel, il sera très certainement présent dans toutes les têtes.
Le problème principal de mon point de vue c’est que justement UE-Mercosur n’est pas mentionné dans l’appel, es-ce que ce serait politiquement incorrecte de ne pas mentionné ce point ?
Car sur l’ensemble du territoire c’est gommé des manifestations !!!