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De Strasbourg à Nancy à vélo : un périple fou de 165 km, le long du canal de la Marne au Rhin

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Vous êtes-vous déjà demandé(e) s’il était possible d’aller de Strasbourg à Nancy à vélo ? De la place Kléber à la place Stanislas ? Moi oui ! Dans la théorie, la réponse est : « Bien sûr, c’est possible. » Maiiiis, dans la pratique… 155 km, ça fait une sacrée trotte. Le meilleur moyen de savoir si ce défi est réalisable, par moi, un cycliste plus que moyen (qui n’a jamais roulé plus de 70 km), c’est de le tenter. Le casque est vissé sur la tête, le cuissard est bien rembourré, et c’est parti pour de longues heures à vélo, jusqu’à Nancy, notre voisine sympatoche.

Le canal de la Marne au Rhin est l’option la plus « accessible » pour rallier Nancy, en 155 km. La piste cyclable reste relativement proche de la ligne de TER Strasbourg-Nancy tout du long, c’est assez rassurant. En cas de pépin physique ou mécanique, il y a donc normalement des options pour s’en sortir.

Ça ne signifie pas que je vais y arriver… Mais ça me rassure assez pour m’y frotter. Komoot, l’appli que j’utilise pour planifier le périple, me prévient : il faudra entre 7h et 8h30 sans pause pour arriver à destination. Le cadre est posé, maintenant, reste plus qu’à pédaler.

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Panneau routier Strasbourg Nancy
© Baptiste Kocher / Pokaa

Étape 1 - 9h : de Strasbourg à Saverne, premiers coups de pédale le long du canal

Place Kléber, mercredi 21 août, 9h du matin. J’ai encore les yeux collés et la trace du coussin sur la joue, mais voilà, c’est parti pour le défi du jour. Le marché m’empêche de faire une photo sympa à côté de la statue du général Kléber, symbole de mon point de départ…

Qu’à cela ne tienne, c’est du côté de la place de la Cathédrale, encore vide, que je fais meilleure fortune, en passant par une rue des Grandes-Arcades dépeuplée. BAH ALORS LES STRASBOURGEOIS(ES), ON DORT ENCORE ?! (Ah bah non, vous travaillez, au temps pour moi).

Direction la place de la République, puis le Parlement européen et le début de la piste du canal de la Marne au Rhin. L’EuroVélo 5, ou « Via Romea », plate et rectiligne, le long du canal, dépose les cyclistes aventureux/ses jusqu’à Saverne et bien au-delà.

La piste cyclable est parfois un peu étroite et ennuyeuse, mais avec les photos à faire, la chouette lumière d’un matin d’été qui se reflète sur l’eau, les écluses et les bateaux aux noms rigolos, je prends pas mal de plaisir pour le moment !

Il faut parcourir 50 kilomètres pour atteindre Saverne. Je pédale environ 2h40 pour y arriver. Je décide de partir tranquille pour ne pas me brûler les ailes, avec une petite boule au ventre et la crainte de ne pas venir à bout de ce gros morceau. C’est une première à Saverne pour moi : un passage très apprécié devant le château des Rohan et dans la petite ville, qui est très jolie.

Je m’y arrête plusieurs minutes, pour faire un petit tour dans la rue Principale et sur la place centrale. Voilà qui me met du baume au coeur. J’évite au maximum de penser au fait que 50 kilomètres, c’est à peine un tiers du chemin à parcourir. Haut les coeurs, je reprends la route !

Au premier tiers de l’étape du jour, j’imagine être interviewé par le grand Nelson Monfort, pour faire passer le temps plus vite, dans ma tête, évidemment :
– « Bonjour Baptiste, vous avez seulement parcouru 33% du chemin. You only did 33% of the chemin. Quel est votre ressenti, what is your ressenti ? »
– « J’ai encore de bonnes jambes, aucune douleur à signaler, mais j’ai été très lent pour ce premier tiers, si je reste à ce rythme, je ne suis pas prêt d’arriver Nelson. Je vais essayer de continuer à bien m’alimenter et m’hydrater pour rester en forme aussi longtemps que possible. »

Étape 2 - 12h15 : de Saverne à Gondrexange en passant par Sarrebourg, les ennuis commencent

Il est 12h15 quand je quitte Saverne, en me disant que je pourrais pousser jusqu’à Sarrebourg avant de manger. C’est seulement 25 kilomètres environ après tout ! PAUVRE FOU, la voilà, la première erreur du jour. Il fallait s’arrêter tout de suite et manger quelque chose de plus consistant que les pâtes de fruits et les bananes.

Piste cyclable canal Marne au Rhin Saverne
© Baptiste Kocher / Pokaa

Entre Saverne et Lutzelbourg, il y a seulement une dizaine de kilomètres. Mais c’est assez pour qu’une douleur au genou commence à m’inquiéter un petit peu, et que je me sente un peu mou.

Je ne me laisse pas abattre, je dévalise le Fournil des éclusiers, une chouette boulangerie lutzelbourgeoise, avant de me poser sur les quais pour manger leur délicieuse quiche lorraine. Car oui, ça y est, je ne suis plus en Alsace, Lutzelbourg, c’est la première étape en Moselle.

La reprise est plus compliquée que prévu, mais la soif d’aventure reprend vite ses droits, avec un petit détour imprévu de 2,5 kilomètres sur la route qui m’emmène du côté du plan incliné d’Arzviller. Passage rapide à Sarrebourg au kilomètre 75. Mais je sais que j’ai encore fort à faire, je ne m’arrête pas longtemps.

Le gros morceau suivant pour passer le palier des 100 kilomètres, c’est l’étang de Gondrexange. Il est interminable à traverser, « seulement » 10 kilomètres, et c’est ici que les ennuis commencent, et que les douleurs s’accentuent. Ça fait environ 5h30 que je suis sur mon vélo et je commence à le détester.

Au deuxième tiers de l’étape du jour, Nelson Monfort est de retour :
– « Baptiste, vous venez de vous arrêter 20 minutes, you just took a big break. Vous allez réussir à finir, are you gonna finish ? »
– « Nelson, j’ai mal au genou et je n’arrive plus à régler la cale sur ma chaussure, donc ça ne va pas s’arranger. En plus, rouler sur du plat tout droit le long du canal, j’en peux plus. J’ai même hésité à abandonner en prenant le train à Sarrebourg. Maintenant, ça suffit Nelson, laisse moi tranquille s’il te plaît. »

Étape 3 - 19h : arrivée à Nancy, ou fin du rêve ?

Le plus difficile, c’est maintenant ! Il reste 50 kilomètres et on ne peut pas dire que la piste va faire des cadeaux à mon mental de chips. Je le sais avant de m’élancer, il me reste un tiers du chemin, et là, ce n’est que du plat, que du tout droit, personne sur la piste, presque plus d’échappatoire.

Il y a quand même un élément qui a toute son importance et que vous devez savoir : mon papa habite Nancy. Il m’a dit la veille que si je me retrouve coincé proche de la ville, il peut venir me chercher en voiture. L’idée de l’appeler creuse de plus en plus son chemin dans ma tête… comme Nelson d’ailleurs.

Malgré la douleur au genoux, je m’arme de courage pour continuer et essayer d’aller au bout. C’est devenu une affaire personnelle, et toutes les personnes qui font du sport ont déjà ressenti cette sensation. On avance un petit peu, il reste 40 kilomètres, on verra dans 5 kilomètres, puis 5 de plus, puis 5 de plus… Et après, on ne peut plus faire demi-tour. Même après les 7 kilomètres aller-retour de détour à cause d’une mauvaise planification d’itinéraire.

Fin du suspens insoutenable… roulement de tambour… j’ai réussi ! J’ai moins de choses à raconter des derniers kilomètres, si ce n’est que j’ai souffert et que mon cerveau a décidé de tout effacer. J’avais hâte de faire une photo du panneau « Nancy », pour signifier la fin de ce périple, mais je n’y ai même pas eu droit, à ce panneau. Il n’y en a pas sur le canal de la Marne au Rhin. Tristesse.

Un sentiment vite oublié grâce à l’arrivée au niveau de la place Stanislas, et ses portes dorées. Je n’ai jamais été aussi content d’être à Nancy. J’ai pédalé 8h10 au total, je suis arrivé à 19h pile sur la place, avec pauses. Il aura donc fallu environ 10h de voyage, et 165 kilomètres.

Sur le moment, pas le temps d’imaginer une dernière interview avec mon ami (pas vraiment) imaginaire Nelson Monfort. Mon père m’a cherché à la place, en voiture, quel bonheur d’avancer grâce à un moteur. L’interview aurait cependant donné quelque chose comme ça :
– « Baptiste, vous l’avez fait, you did it ! Comment vous sentez-vous, how do you feel ? »
– « Nelson, j’ai envie de dormir et de manger et de me doucher et surtout de dormir. Bonne nuit. »

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Commentaires (7)

  1. Bravo pour votre force mentale !en dépit des difficultés rencontrées, vous avez tenu bon sans tomber dans la facilité de rebrousser chemin, de choper un train ou d’appeler votre père à la rescousse ! vous pouvez être fier !

  2. Hello Baptiste, je mesure l’effort et l’endurance déployé pour les sportifs
    du dimanche que nous sommes, pour ma part en l’ayant fait de Nancy/Rechicourt aller retour en roller, on en chie mais on va jusqu’au bout ! Félicitations !😉🤙

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