Julius Pepperwood s’affale sur son siège en cuir, un éventail à la main, un verre dans l’autre. La touffeur strasbourgeoise du mois d’août fait ralentir tout le monde, et les dossiers ne sont pas légion à prendre la poussière sur le coin du bureau. Mais l’ambiance lente lui donne aussi le temps d’aller se promener et de découvrir d’un nouvel œil les nombreux bâtiments strasbourgeois. En quête d’un peu d’ombre et d’air frais, il s’engouffre dans la Neustadt, direction la Villa Knopf, bâtiment plus que centenaire.
Il est facile de ne pas voir la Villa Knopf lorsqu’on ne la connaît pas : nichée rue Schiller, à côté de nombreux consulats et ambassades, elle apparaît seulement lorsqu’on s’engouffre dans les rues entre la Neustadt, les Contades et l’Orangerie.
Cachée des regards par de la végétation, elle invite néanmoins à découvrir son présent et son passé. Son portail en fer en forme de paon trône fièrement, comme pour prouver que la Villa a des secrets à révéler. En presque 120 ans d’histoire, on imagine bien.
La Villa Knopf et ses briques rouges, contre les conventions
Passant le portail, on entre alors dans un jardin ombragé, avec plantes et arbres qui permettent de bénéficier d’un peu de frais lors de cet après-midi d’été. La Villa Knopf a été construite en 1905 par Jules Berninger et Henri-Gustave Krafft, pour un propriétaire strasbourgeois du nom de Moritz Knopf, qui possédait des grands magasins au n°41 de la rue des Grandes-Arcades.
Niveau style, la Villa Knopf fait dans l’Art nouveau, ou Jugendstil dans la langue de Goethe. Pourtant, le bâtiment aurait pu être totalement différent : selon les premiers plans des architectes, collectés par Archi-Wiki, le style était plus alsacien, avec notamment des colombages. Finalement, les architectes se sont plutôt rabattus sur le style Art nouveau, avec une façade réalisée en briques rouges et parements en grès.
Pour Shelley Hornstein, auteure d’une thèse sur l’Art nouveau et citée par Archi-Wiki, l’utilisation de la brique s’explique par le fait que c’était à l’époque un matériau chic, « reflet d’un milieu social apparemment soucieux d’une vogue ».
Souhaitant « se distinguer des conventions de l’académisme » [à l’époque, l’utilisation de la pierre, ndlr], la Villa Knopf est donc un peu une rebelle en son genre, et ce même si elle garde des traditions de l’époque, comme les rambardes de l’escalier d’entrée et les garde-fous des fenêtres en fer forgé, selon le blog Paseos Art nouveau.
Un lieu d’études et de bien-être
Dans son histoire, la Villa Knopf a surtout été un lieu d’études : elle a notamment hébergé de la fin des années 60 à 1994 les cours du Centre universitaire d’enseignement du journalisme (CUEJ). À partir de 1996, elle a également accueilli l’Institut des hautes études européennes (IHEE) – devenu ensuite une composante de l’Institut d’études politiques (IEP) de Strasbourg.
Depuis le déménagement de tous les cours de l’IEP au Cardo, l’activité de la Villa Knopf se divise en deux parties. En son sein, il y a actuellement Indoor Santé, une entreprise qui développe le sport santé pour toutes et tous.
Enfin, le jardin et la Villa sont également privatisables jusqu’à 55 personnes pour des événements professionnels, allant de la réunion au dîner de gala. Un lieu encore bien vivant, presque 120 ans après ses débuts.
