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Maggi ou pétards : 8 exceptions alsaciennes qui rendent perplexes les Français(es) de l’intérieur

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L’Alsace, ce n’est pas bien grand. Et pourtant, on se targue souvent d’être une région pas comme les autres. Une région exceptionnelle. Et pour cause : ces petites exceptions, qu’on ne remarque pas toujours, n’ont pas fini de nous différencier du reste de la France. On vous a dressé une petite liste, bien sûr non-exhaustive, avec ce top 8 résolument chauvin mais toujours bon enfant, rempli de particularités alsaciennes parfois étonnantes.

Si l’on vous dit spécificité alsacienne, vous penserez à coup sûr au droit local, ce régime spécial qui concerne la santé, le droit des associations, ou encore la faillite civile… Mais si ces nombreuses dispositions nous arrangent bien dans la vie de tous les jours, ce n’est pas ce qu’il y a de plus passionnant – sauf pour les jours fériés !

Et comme Pokaa n’est pas Dalloz, on va se concentrer ici sur les petites choses auxquelles on ne pense pas forcément. Ces trucs souvent anecdotiques, qui font hausser un sourcil, mais qui parfois régissent nos vies et qui n’existent pas dans le reste de la France.

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Alsace verte
© Bastien Pietronave / Pokaa

Si nous sommes fiers/ères de nos petites particularités, l’honnêteté nous oblige toutefois à préciser : on les partage bien souvent avec les Mosellan(e)s. Eh oui, derrière toute cette animosité entre Alsace et Lorraine, on est finalement bien plus proches.

N°1 : nos fameux jours fériés supplémentaires

Ils sont deux et ils sont ce qu’on a de plus cher avec la cathédrale et la tarte flambée. Nos jours fériés supplémentaires sont une véritable fierté alsacienne et font partie des rares choses qu’on partage sans problème avec la Moselle (on verra qu’il y en a quand même pas mal ici).

Cathédrale rosace illuminations Noël
© Martin Savail / Pokaa

Héritage allemand, le fait de ne pas bosser le Vendredi Saint et le jour de la Saint-Etienne (le 26 décembre) n’est toutefois pas définitivement acquis et fait régulièrement l’objet de polémiques au niveau national. Eh oui, le fait de narguer deux fois par an et – disons-le – très ostensiblement nos ami(e)s de l’intérieur, ça a des conséquences et ça fait des envieux/ses.

Qu’on se rassure : à ce jour, personne n’a encore réussi à nous arracher ces deux jours chômés. D’abord cultuels, ces deux jours fériés ont désormais une symbolique davantage culturelle et rares sont les Alsacien(ne)s et Mosellan(e)s qui voudraient s’en séparer.

N°2 : les trains alsaciens roulent à droite

En Alsace, les trains roulent à droite – oui d’accord, direz-vous. Sauf que dans le reste du territoire français, ils roulent à gauche. Mais pourquoi cette particularité ? Se demanderait-on, en proie à un suspense insoutenable.

Parce que : nos voisin(e)s allemand(e)s… encore une fois.

Lors de l’annexion de notre région à l’Empire allemand en 1871, le réseau ferroviaire s’étend massivement. L’Alsace, faisant partie intégrante du Reich allemand, est organisée selon ses normes… et les trains allemands roulent à droite. C’est simple comme Guten Tag. Alors oui, notre Alsace a bien a eu le temps de redevenir française entre temps, et en France, les trains roulent à gauche !

Mais changer les signalisations, modifier les infrastructures etc… ça coûte un pognon de dingue (comme on dit en France, justement). Et faire en sorte qu’un train qui vient de Paris passe de la voie de gauche à la voie de droite lorsqu’il franchit les Vosges, c’est pas la même mayonnaise. Un sou est un sou : on privilégie naturellement cette seconde option.

Soyez attentif/ve lors de votre prochain voyage ferroviaire, vous verrez que cela n’a toujours pas changé.

Gare de Strasbourg Attente Train Voyage
© Adrien Labit / Pokaa

N°3 : en Alsace, on n'a jamais vu une cloche voler

À Pâques, la tradition veut que les enfants se mettent à errer dans le jardin avec la détermination d’un malinois d’aéroport. L’objectif de la journée est alors de remplir de petits paniers avec des chocolats. Mais qui a déposé ces gourmandises en question ? (Oui, on sait, les parents, mais dans la culture populaire ?)

En Alsace, c’est le lapin de Pâques, parfois le lièvre (à la rigueur). Cette tradition est encore une fois influencée par la culture germanique (qui évoque le Osterhase), et partagée par les anglo-saxons (Easter Bunny).

Dans le reste de la France, traditionnellement, on parle des cloches de Pâques qui renferment des œufs et qui volent au-dessus des jardins pour les lâcher. Un bad trip ? Non : une tradition qui trouve son origine dans la pratique religieuse.

Dans la religion chrétienne, Jésus meurt le vendredi de Pâques. Alors pour signifier le deuil, les églises cessent de sonner les cloches jusqu’à la résurrection, qui a lieu le dimanche de Pâques. Ce jour-là, on secoue les cloches à toute volée ! Pour expliquer aux enfants le silence des cloches, les parents racontent alors qu’elles se sont envolées pour retrouver le pape (y avait-il une excuse plus pertinente ? Certainement). Et le dimanche de Pâques, les cloches sont de retour par les airs.

En Alsace, on rigole on rigole, mais l’histoire du lapin qui disperse des œufs, n’a jamais interpellé personne, visiblement. Toujours est-il que le lapin de Pâques s’est déjà bien exporté dans l’est de la France, et en Franche-Comté.

N°4 : les pétards du Nouvel An

Amenez donc un Aveyronnais, une Bretonne ou un Normand en Alsace le soir de la Saint-Sylvestre et vous pourrez admirer l’expression la plus pure de la perplexité sur un visage humain.

Chez nous, le réveillon du Nouvel An est synonyme de bruit, de beaucoup de bruit. Oui oui, « bonne année et bonne santé » en trinquant dans les yeux c’est bien sympa… Mais à minuit, il n’est pas rare de retrouver déjà la majorité des convives sur le trottoir, à enfoncer le bâton d’une fusée dans ce qu’il reste de la bouteille de crémant.

Tradition persistante en ville mais encore plus vive dans les villages, l’important est de se retrouver dehors à minuit pétante, et c’est le cas de le dire.

La tradition des pétards est antérieure au Moyen Âge. On a alors peur des mauvais esprits et on se dit qu’on peut les effrayer. Rien de tel que faire le plus de vacarme possible pour les éloigner et se souhaiter ainsi une année sous les meilleurs auspices.

Si l’Alsace a toujours été très attachée à cette tradition, les drames se sont multipliés au fur et à mesure des années.

Tandis que la vente de pétards était autorisée et peu contrôlée pendant longtemps, ces lieux ont d’abord été restreints, puis autorisés à vendre uniquement le jour même de la Saint-Sylvestre. Enfin, depuis quelques années maintenant, les arrêtés préfectoraux se succèdent à l’arrivée des festivités pour venir interdire totalement la vente et le transport de pétards.

Aussi, nombreux/ses sont celles et ceux qui ignorent l’interdiction et se fournissent en Allemagne malgré les contrôles frontaliers. En plus de la répression, c’est une grande et nécessaire campagne de prévention qui est lancée chaque année.

N°5 : le Maggi

Voilà. Le titre pourrait se suffire à lui-même. Puisqu’il faut développer : en Alsace, on n’a pas de pétrole, mais on a du Maggi. Ah oui, aussi : on dit Magui. Point final.

Pourquoi les Alsacien(ne)s pourraient littéralement se baigner dedans alors que le reste de la France se contente de prendre acte de son existence tout en privilégiant allègrement le Viandox ?

Encore une fois, on pourrait relier cela à la période durant laquelle l’Alsace et la Moselle (avec qui on partage – encore – cette passion) étaient annexées. Le Maggi nait en Allemagne à la fin du 19e siècle et rencontre un vif succès. Du côté français, on ne consomme pas pareil et on attend le Viandox qui débarque 30 ans plus tard.

Bon à savoir : pour tout(e) Alsacien(ne) en quête de sens, le musée Maggi, situé dans l’usine de la firme, est à Singen (Allemagne), à environ 150 kilomètres de Strasbourg. Un pèlerinage idéal.

N°6 : les maisons colorées

Une chose qui peut frapper celui ou celle qui découvre l’Alsace pour la première fois, c’est la large palette de couleurs qui vient habiller les différentes façades d’une même rue.

Dans la plupart des autres régions, on évite généralement toute excentricité. On a facilement en tête les tons ocre des façades provençales, le blanc du Pays Basque ou la brique du Nord. Pourtant, chez nous, on passe du rouge pétant au vert émeraude en passant par le jaune et le bleu clair sans cohérence aucune.

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© Pixabay - Licence CC / Photo d'illustration

Beaucoup avancent des jolies histoires de couleurs dévolues à des corporations de métiers, ou encore le bleu catholique qui viendrait différencier le rouge plutôt réservé aux protestant(e)s. Mais lorsqu’on écoute les spécialistes, rien ne permet d’étayer ces hypothèses. Pour des explications approfondies et sourcées, on ne peut que conseiller l’article de la guide conférencière Caroline Claude-Bronner.

Et toujours est-il qu’on peut simplement contempler ce qui fait une des particularités de notre région, et qui émerveille bien des touristes !

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© Gzen92 Licence CC / Document remis

N°7 : des affiches électorales bilingues

Entre 1919 et 2008, la prise en charge des frais de propagande électorale lors des élections était particulière en Alsace et en Lorraine. Elle permettait aux candidat(e)s à des élections de produire leurs documents en deux versions : en français et en allemand.

L’objectif est encore une fois lié aux périodes allemandes des régions concernées. Les plus âgé(e)s, pour qui l’allemand est la langue maternelle, doivent pouvoir avoir accès à la même propagande électorale que les autres citoyen(ne)s sans être lésé(e)s.

Mais en 2008, le gouvernement met fin à cette dérogation, estimant que celle-ci n’est plus justifiée. Dans tous les cas, sa mise en pratique est alors déjà bien rare depuis des années, les candidat(e)s préférant choisir leur « vocabulaire, pour te plaire, dans la langue de Molière » – vous aussi vous l’avez en tête depuis la cérémonie d’ouverture des JO ?

N°8 : la quasi-exclusivité du Melfor

Le vinaigre Melfor est dans toute vinaigrette alsacienne qui se respecte. Et pourtant, ce n’est pas un vinaigre. Les puristes le diront : c’est un condiment.

Pourquoi ? Parce qu’au début du 20e siècle, le droit français est catégorique : le vinaigre doit avoir une teneur en acide bien précise. Le Melfor étant plus doux, il est interdit… à un détail près. Du fait que, déjà à l’époque, on n’a pas envie de se mettre Alsacien(ne)s et Mosellan(e)s à dos, on en tolère la vente et la fabrication dans les trois départements.

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© Martin Savail / Pokaa

Mais pendant longtemps, gare à celui ou celle qui voulait en amener dans la France de l’intérieur ! Ce n’est que dans les années 90 que le Melfor est autorisé à la commercialisation dans le reste de la France.

Encore aujourd’hui, trouver une bouteille de Melfor dans une cuisine d’une autre région, c’est bien rare, ce qui en fait définitivement un produit bel et bien alsacien.

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