Bienvenue sur le site de Pokaa.fr

Votre navigateur est obsolète.

Merci de le mettre à jour pour voir le site correctement

Mettre à jour

Recherche

Lance une recherche dans les articles ou vidéos parmi l’ensemble des publications de Pokaa.

Publicité

Violences à l’hôpital : avec leur asso, deux Strasbourgeois(es) veulent briser la loi du silence

2k Lectures
Publicité

Selon leur intersyndicale nationale, plus de 90% des internes en médecine ont été victimes de harcèlement moral sur leur lieu de travail au cours de leur cursus. À Strasbourg, des étudiant(e)s en santé et des soignant(e)s ont créé l’Acéso, une association qui vise à lutter contre toutes les formes de violences et de maltraitances au sein des hôpitaux.

Depuis plusieurs années, de nombreuses sources mettent en lumière le caractère systémique des violences subies par les étudiant(e)s des filières de santé en France. Sans que les lignes bougent pour autant.

Publicité

Dans une étude réalisée à l’appui de sa thèse sur plus de 2.000 étudiant(e)s en médecine (en 2019), la docteur Amélie Jouault a conclu que plus de 99% des personnes interrogées avait été victimes de violences au cours de leurs études. Il s’agissait de harcèlement moral ou sexuel, de discriminations liées à l’apparence physique ou au genre, de bizutages ou encore de violences physiques. Moins de 1% des concerné(e)s déclaraient avoir porté plainte.

association Acéso
Emma Wattron et Jean-Romain Théolade, vice-présidente et président-fondateur de l'Acéso. © A.Me / Pokaa

Briser l’omerta

Diplômé du deuxième cycle des études en médecine à Strasbourg, Jean-Romain Théolade fait partie de ces statistiques. « Lors de ma sixième année, je me suis fait prendre en grippe par un prof qui m’a vu trois jours et a menacé d’invalider mon dernier stage », retrace-t-il. Des congés validés par son supérieur lui seront ensuite reprochés. L’étudiant se voit taxé d’absentéiste et d’incompétent avec les patient(e)s, alors que tout s’était bien passé jusqu’alors.

« Si je m’étais mis en arrêt, j’aurais dû redoubler. J’ai terminé mon dernier stage en serrant les dents. Je savais que je partais un an en Allemagne après. Ça m’a aidé à tenir. » À son retour à Strasbourg, cependant, « tout lui revient ». « Ce que j’ai vécu, ce n’est pas autant que ce que d’autres internes ont pu connaître. Mais ce type de situations ne devrait pas exister, juge Jean-Romain. Ce gars-là m’a pourri sans que cela n’ait de conséquences. »

urgences hopital
© Caroline Alonso / Pokaa

Un collectif pour regrouper les plaintes

Le jeune homme hésite alors à écrire une lettre sur son histoire et à la publier dans la presse pour inviter les victimes de harcèlement moral à porter plainte. « Mais je me suis dit que ce serait ridicule de faire ça si je n’allais pas jusque-là de mon côté. Le problème, c’est que ça aurait été ma parole contre celle de mon chef, car je n’aurais pas réussi à obtenir le témoignage de mes co-internes. » Pourquoi ? Car ses collègues étaient toujours dans le système hospitalier, dépendant(e)s de la validation de leurs chefs et collègues pour avancer dans leur carrière.

Encore étudiant en master d’éthique, avant de devenir médecin assistant en Allemagne cette année, Jean-Romain Théolade commence alors à penser à un collectif. « Je me suis dit qu’en créant une structure, on pourrait recueillir des pré-plaintes et déposer des dossiers plus solides devant les tribunaux. Regrouper les gens autour d’une démarche commune permet de redonner confiance dans l’action juridique et de briser la loi du silence. »

Infirmières hopital strasbourg
© Adrien Labit / Pokaa

Une plateforme protégée

Avec quelques ami(e)s du médical et du social, le jeune homme fonde l’Acéso en mars 2023. L’association doit son nom à la déesse grecque de la guérison et compte une douzaine de membres. Elle se donne pour mission d’accompagner les victimes de violences à l’hôpital grâce à une ligne de soutien psychologique et une plateforme permettant de recueillir des témoignages pour monter des actions en justice collectives.

Encore en développement, cet outil a été créé avec un cabinet d’avocat spécialisé dans la protection des données. Elle anonymise les victimes et leurs témoignages tout au long du traitement du dossier.

« Les personnes qui analysent les éléments ne savent pas qui sont les victimes ni les mis en cause. Ils regardent si les faits sont susceptibles de donner lieu à une action en justice et si certains éléments factuels permettent de faire le lien entre plusieurs affaires. À la fin, l’ensemble sera transmis à un cabinet d’avocat qui initiera ou non une action en justice. Eux seuls auront accès à l’ensemble du dossier. »

Porte de l’hopital-7842
© Tamara Leroy / Pokaa

Mettre fin « au sentiment d’impunité »

« L’idée derrière ce fonctionnement, c’est que les personnes puissent porter plainte sans que cela se retourne contre elles, détaille Jean-Romain. Ce n’est qu’une fois que le dossier aura été étudié par le cabinet d’avocat que l’affaire pourra être rendue publique. »

« Notre but, c’est de mettre fin à un certain sentiment d’impunité, réagit Emma Wattron, sage-femme et vice-présidente de l’Acéso. Si ces comportements sont rendus publics et condamnés, on peut supposer que cela dissuadera celles et ceux qui en sont auteurs. »

Diplômée en 2020, la professionnelle de santé n’a pas subi de harcèlement pendant ses études. « Mais je connais ce milieu. Je vois, j’entends. Je baigne là-dedans depuis 10 ans. » Sensible à la question des violences à l’hôpital, Emma Wattron juge qu’il y a tout à gagner à « faire attention à toutes les personnes qui composent le corps médical ». « Pour que l’ambiance soit meilleure. »

« Si on travaille dans une ambiance où les chefs sont tyranniques, cela a un impact sur nous et, in fine, sur les patients. Cela joue sur la qualité de travail des soignants. Je forme moi-même des étudiantes : je sais combien c’est important d’être formée dans la bienveillance. »

Un an après sa création, l’Acéso a déjà recueilli quelques témoignages. Mais sa plateforme est encore en construction. Pour achever son développement, l’association a lancé un crowdfunding (disponible ici) et espère récolter 15.000 euros.

Vous pouvez aussi suivre l’asso sur Facebook ou sur son site internet !

Ça pourrait vous intéresser

+ d'articles "Société"

À la une

Violences à l’hôpital : avec leur asso, deux Strasbourgeois(es) veulent briser la loi du silence

Commentaires (1)

  1. Très belle initiative contre cette omerta répandue dans de nombreuses activités. Mettre en valeur la bienveillance au travail, entre chaque être humain, est une partie du changement de la société. Heureusement que de nombreuses personnes transmettent dans le respect de chacun, et c’est formidable de dénoncer les personnes, qui au fur et à mesures, deviendront des exceptions qui devront enfin se remettre en question grâce à des initiatives comme la vôtre. Bravo à vous!

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Répondre

En réponse à :

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Illustrations prolonger la lecture

Prolongez votre lecture autour de ce sujet

Tous les articles “Société”
Contactez-nous

Contactez-nous

C’est par ici !