Pour remplacer Streeteo, l’entreprise privée qui s’occupait jusqu’alors du stationnement, la Ville de Strasbourg a décidé de créer une société publique locale (SPL). Le but ? Gérer en interne le stationnement en voirie, à partir de décembre 2025. On fait le point.
Réforme du stationnement, énième épisode. Depuis mars 2023 et le lancement de sa « révolution des mobilités », la Ville de Strasbourg a pris l’habitude de multiplier les nouvelles annonces sur le sujet du stationnement, « un véritable chantier », selon Pierre Ozenne.
Ce 10 juin, l’adjoint à l’espace public était accompagné de Syamak Agha Babaei, 1er adjoint, pour annoncer un changement dans la façon de gérer le stationnement en voirie. Alors que Streeteo s’occupait du contrôle depuis 2018, à partir de décembre 2025 ce sera désormais le rôle de la Ville, à travers une SPL [sous réserve du vote lors du conseil municipal du 24 juin, ndlr]. Quelques explications autour de cette réforme, à travers plusieurs questions.
Qu'est-ce qu'une SPL ?
Pour faire simple, une SPL est « un outil utilisé par les collectivités pour mener un certain nombre de missions de service public » selon le 1er adjoint. En exemples bien connus à Strasbourg, on retrouve la CTS, ou encore la SPL Deux-Rives.
Société de droit privée, mais avec un actionnariat 100% public, la future SPL stationnement en voirie sera administrée par un conseil d’administration, composé de représentant(e)s des collectivités [dont un ou plusieurs membres de l’opposition, ndlr]. La Ville aura 95% de parts, l’Eurométropole 5%.
Pour le 1er adjoint, l’avantage d’une SPL est qu’il n’y a pas d’obligation de mise en concurrence avec le privé, ce qui permet une gestion interne pour la collectivité. Elle permet « de pouvoir garder toute sa maîtrise sur la politique de stationnement » selon Pierre Ozenne. En gros : si la Ville veut innover sur la façon de gérer le stationnement, elle aura toute la liberté de le faire, sans passer par des négociations avec des acteurs privés.
En revanche, Syamak Agha Babaei précise : « Cette SPL ne sera pas le lieu où sera définie la politique de stationnement de la Ville de Strasbourg, ce sera seulement la mise en œuvre du marché qui lui sera confié par la Ville. » En d’autres termes, la Ville décidera de la politique, la SPL appliquera.
Quelles missions pour cette SPL ?
La future SPL aura donc comme mission de gérer le stationnement en voirie, compétence municipale. Elle ne s’occupera pas du stationnement dans les parkings, qui est elle une compétence eurométropolitaine [une deuxième SPL sera créée sur ce sujet, ndlr]. Ainsi, elle contrôlera le respect du stationnement payant, mais aura également d’autres compétences.
Interrogé sur ce point précis, Pierre Ozenne évoque l’entretien du marquage au sol et des horodateurs, mais aussi le bon contrôle du forfait post-stationnement et le traitement des recours en cas d’infraction. Elle pourrait également avoir à s’occuper du stationnement sécurisé des deux roues et de la gestion de la gare routière place de l’Étoile.
Côté modifications, rien ne bougera réellement, puisqu’il n’y aura pas besoin de changer les parcmètres, qui appartiennent à la Ville de Strasbourg, tandis que les applications pour payer son stationnement resteront les mêmes pour les Strasbourgeois(es). Enfin, la future SPL se réservera le droit d’utiliser des moyens de contrôle tels que les voitures radars, qui circulent déjà dans Strasbourg.
Est-ce que la Ville va s’enrichir avec cette SPL sur le dos des Strasbourgeois(es) ?
Question volontairement provocatrice, mais néanmoins dans toutes les têtes, ce changement de gestion du stationnement en voirie interroge sur les bénéfices réalisés avec les amendes. Pierre Ozenne et Syamak Agha Babaei se veulent très clairs sur ce point : « À Strasbourg, les dividendes servent d’autofinancement, il n’y a pas de remontées d’argent vers la collectivité ».
L’adjoint à l’espace public précise : « Les recettes dégagées seront réinvesties sur le territoire en termes de politiques innovantes de stationnement ». Sans toutefois expliciter la nature de ces futures politiques.
Quoi qu’il en soit, la Ville annonce 900.000 € de capital pour la future SPL, dont la création sera effective le 24 juin prochain, sous réserve de l’approbation du conseil municipal. Il reste désormais 16 mois à la municipalité pour bien travailler son sujet, et ne pas partir en tête-à-queue.