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Musées sous tension : à Strasbourg, les agent(e)s tentent de faire entendre leur mal-être

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Faute de volontaires parmi les agent(e)s de l’Eurométropole de Strasbourg, la traditionnelle Nuit des musées, organisée le samedi 18 mai dernier, n’a pas pu se dérouler comme prévu. En effet, en l’absence de personnel suffisant pour assurer le bon déroulement de cette soirée culturelle emblématique, la direction des musées de la Ville a dû réorganiser en urgence les plannings et annuler plusieurs événements. Une situation inédite qui interroge sur les conditions de travail des agent(e)s municipaux/ales.

Ils et elles clament leur mal-être depuis le début de l’année. Les agent(e)s territoriaux/ales de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) en charge des musées sont « à bout ». Après une grève en mars et l’alliance des syndicats (CGT, FO, SUD et UNSA), pour la première fois, la Nuit des musées n’a pas pu compter sur le volontariat des personnels d’accueil et de sécurité dans la capitale alsacienne.

Face à ce manque de volontaires pour travailler de 19h à minuit le samedi 18 mai, la directrice des Musées, Émilie Girard, a annoncé une modification des plannings de travail. « Il s’agit d’une obligation de service pour laquelle une absence devra être justifiée de la même façon que pour une séquence de travail en journée », a-t-elle précisé dans une note de service, consultée par nos soins.

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Cette réorganisation, autorisée par une délibération cadre actualisée en octobre 2023, a donc mobilisé les agent(e)s pour assurer la tenue de l’événement. Elle dispose qu’en cas de « circonstances exceptionnelles », un responsable de service peut demander à ses agent(e)s de travailler au-delà de leurs horaires habituels, pour une période limitée, sous réserve – pour le responsable – d’en informer la direction générale des services et le comité social territorial.

« Évidemment, nous y sommes allés », témoigne Sophie*, employée des musées, « le public était au rendez-vous, mais pas notre moral ! On travaille en sous-effectif, sans moyens, avec une hiérarchie qui tend doucement mais sûrement à la tyrannie… ça devient n’importe quoi ».

Au lendemain de cette journée, un mail de la directrice des Musées, Émilie Girard, tombe dans les boîtes mails, faisant le bilan des visites mais pas seulement : « Le contexte a rendu la préparation de cette soirée difficile, je le sais. Vous pouvez compter sur moi pour que nous puissions travailler ensemble à rétablir une situation sereine et des conditions de travail apaisées, pour le bien des équipes et du service public qui nous rassemble. »

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Nuit des musées en 2017. © Pokaa

Une situation en constante dégradation d’après les personnels

Cette décision de mobiliser les agent(e)s avait été faite sans appel, et communiquée par affichages, SMS et courriels, dès le 15 mai. Une mesure qui intervient dans un contexte de tension, alors que les personnels des musées étaient en grève en mars, pour dénoncer leurs conditions de travail, et un climat dans lequel ils ne se sentent « pas écoutés », explique posément Dominique Boudet, représentant de SUD FO et UNSA sur ce dossier.

« Depuis la suppression de 17 postes sous le mandat d’Alain Fontanel, les Musées sont en sous-effectif », retrace Dominique Boudet, « et les choses ne sont pas allées en s’arrangeant puisque nous avons désormais dans notre giron trois musées supplémentaires ». Pour pallier, l’Eurométropole fait appel à des vacataires, ou des CDD « volants ».

Musée Art Moderne Strasbourg nuit
© Wilfried Rion / Pokaa

Une solution jugée « insuffisante et précarisante » par les employé(e)s, comme Nadia*, embauchée sur un de ces CDD, et qui plaide pour une stabilité. « Je n’en peux plus : de ne pas savoir où je vais être catapultée d’un jour sur l’autre, des changements incessants de planning, des problèmes d’organisation de la vie personnelle qui en découlent. »

« Nous en avons engagés six, dans l’optique d’alléger la charge de travail des employés déjà en place », acquiesce Anne Mistler, adjointe en charge de la Culture. « En qualité d’agents d’accueil et surveillance des musées, ils passent effectivement d’un établissement à un autre. » Quant à créer des postes ? « Les possibilités ne sont pas nombreuses et l’éducation passait avant : nous avons créé dernièrement beaucoup de postes d’ATSEM. »

Toit Musée Art moderne nuit avec Gardien de nuit
© Wilfried Rion / Pokaa

Dans la note de service citée plus haut, Émilie Girard précise que les revendications des agent(e)s relayées « ces derniers mois » ont été entendues et qu’un « dialogue actif sera poursuivi ces prochains mois ».

Entre autres galères : les heures supplémentaires

Or, cette Nuit des musées 2024 et le sous-effectif ne seraient que la partie émergée de l’iceberg. D’après Dominique Boudet, le montant des heures payées, notamment en jours fériés, est problématique :

« Dans l’ancien système, sur les jours fériés, les employés recevaient 7 heures de récupération, et une partie de leur temps travaillé était payée 7€ de l’heure. Désormais, depuis mars, ils ne reçoivent plus les 7 heures de récupération, ce qui réduit leur rémunération nette à 4,70€ de l’heure pour les jours fériés. Cette réduction a entraîné des tensions et des mouvements de protestation, y compris des actions et des arrêts maladie parmi les employés. » Pour rappel, le SMIC horaire actuel est de 9,22€ net.

De son côté, Anne Mistler parle d’une rémunération de « 7 brut de l’heure en sus du taux horaire habituel pour les dimanches et jours fériés ». Par ailleurs, à l’aube de l’événement du 18 mai, la Ville écrit dans un courriel envoyé aux agent(e)s, que « les heures effectuées seront rémunérées en heures supplémentaires, soit, en moyenne, 16€ de 19h à 22h puis 33€ de 22h à minuit ». La Ville affirmait également prendre en charge le transport de retour des personnels qui en auraient fait la demande.

« Cette note de service était la goutte d’eau », tonne Samuel*, agent des Musées de Strasbourg. « Ils se foutent du monde. Entre nos heures, nos salaires, et le reste, c’est à être dégoûté alors que nous adorons notre job. »

dépression solitude tristesse
© Mathilde Piaud / Pokaa

Des tensions irrésolues

Là où l’intersyndicale et la CGT dénoncent un « mal-être grandissant » et une situation qui n’a de cesse de se dégrader, l’Eurométropole répond entendre leurs doléances et revendications et n’avoir « jamais rompu le dialogue social ». « Nous tenons à relever que l’accueil du public est assuré de façon remarquable, et nous comprenons ce mal-être. Malheureusement, il ne peut être résolu aussi rapidement que souhaité », commente Anne Mistler.

De son côté, dans un communiqué du 24 mai 2024, la CGT relève que « malgré l’arrivée de la nouvelle équipe municipale, les choses n’ont pas fondamentalement changé et aucune solution probante n’est trouvée pour résoudre ces problèmes ».

Ce même communiqué, signé par Karim Hadi, secrétaire général de la CGT des agents territoriaux, dénonce de nouveau les « tensions » rencontrées avec l’administration des Musées : « En face de nous, ce sont souvent des membres de l’administration, qui ont choisi des positions dures, refusant d’entendre le mal-être des agents, voir leur souffrance. Entre promesses non tenues, refus d’écouter la souffrance, aucun travail de reconnaissance et les événements de ces derniers jours, la coupe est pleine. »

Ce à quoi l’adjointe en charge de la Culture répond : « Le rôle de l’administration est de construire les plannings et de faire tourner les musées le plus efficacement possible, forcément quand on est sur une constitution de plannings avec des absences, ça rejailli sur les équipes. Ce n’est confortable pour personne. »

Musée Art Moderne Strasbourg – Gardien regarde oeuvre
© Wilfried Rion / Pokaa

Chez les agent(e)s, la désillusion

« Nous avons malheureusement l’habitude d’être balayés par la sphère politique strasbourgeoise. La culture se meurt, et depuis au moins deux mandats, l’Eurométropole et la Ville lui font la révérence, attendant son déclin », marmonne Étienne*, agent des Musées, en faisant grise mine.

À sa gauche, Amin* renchérit, l’air tout aussi morne : « Strasbourg était connue comme Ville de culture. Ce n’est aujourd’hui plus le cas. Nous espérions qu’une mairie écologiste soit également plus sociale que le mandat précédent. »

Lors de l’entretien téléphonique accordé à Pokaa vendredi 24 mai, Anne Mistler annonçait un passage aux Musées de la Ville « dans les jours à venir », pour entendre les agent(e)s territoriaux/les

*Les prénoms ont été changés 

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