Suite à la publication de notre enquête « Au Conservatoire de Strasbourg, des générations d’élèves dénoncent un ” système de la terreur” », publiée le 21 avril 2024, Vincent Dubois a adressé un droit de réponse à Pokaa, que nous reproduisons dans son intégralité ci-dessous.
Droit de réponse à l’article « au conservatoire de Strasbourg des générations d’élèves dénoncent un système de la terreur »/
Vincent Dubois, directeur du conservatoire et de l’académie supérieure de musique de Strasbourg (2012 -2022).
N’ayant pas été sollicité par le média Pokaa, bien que cité à de nombreuses reprises dans cet article, il me semblait nécessaire de répondre à un article portant atteinte à la réputation d’une institution, de ses équipes et ses valeurs, alors que des éléments sont manquants ou inexacts.
De manière générale, l’article cible deux professeurs du département danse et un du département théâtre, qui n’enseignent plus dans l’établissement depuis 2020 pour l’un et 2021 pour les deux autres, radié de la fonction publique, mis à la retraite d’office, ou décédé.
Avant que les sanctions aient été prononcées à leur encontre, ces trois professeurs ont été immédiatement suspendus à titre conservatoire dès lors que la direction a eu connaissance des faits qui lui ont été remontés soi par les élèves concernés, leurs parents ou des enseignants et responsables des mêmes départements (rendez-vous individuels, réunions élèves/parents, écrits etc). Il est donc inexact de dire que la direction et l’administration de l’établissement n’ont pas agi. À cet égard, le positionnement de l’actuelle direction interroge, car l’ensemble des éléments est consigné dans le dossier de chaque enseignant mis en cause.
Concernant les faits commis par le professeur de chant et le professeur de formation musicale dont il est question au début de l’article, ils n’ont jamais été portés à ma connaissance ou à celle de l’administration, aussi je les découvre à travers l’article.
Les équipes du conservatoire (direction, administration, corps enseignant et en particulier les responsables des départements danse et théâtre), accompagnés par la direction des ressources humaines de l’Eurométropole ont agit de sorte à protéger les élèves, non seulement en suspendant les enseignants dont ils ont été victimes, mais en procédant soi à des changements de classes et d’enseignants, soi en recrutant de nouveaux enseignants, et à veiller à ce qu’ils ne soient plus en situation d’enseignement le restant de leur carrière. Cela n’a pas été possible pour l’un d’eux, décédé en 2021, bien que sanctionné à plusieurs reprises durant mes années d’exercice au conservatoire, et malgré un rapport défavorable du ministère de la Culture datant de 2011 dont j’ai eu connaissance à mon arrivée à Strasbourg.
Contrairement également à ce qui a été écrit dans l’article, au sujet de la sensibilisation aux violences verbales et sexistes auprès des personnels enseignants, et afin que de tels actes ne se reproduisent plus, un cycle de formation d’une dizaine de sessions réparties sur une année scolaire et demi (2020-2021), a été mis en place pour les personnels enseignants
Dans de nombreux établissements d’enseignement, artistiques ou non, des comportements et actes tels que décrits dans l’article existent malheureusement, et portent atteinte et préjudice aux élèves qui les subissent ainsi qu’à la réputation de l’institution. Mais l’équipe enseignante (190 enseignants chaque année et environ 350 à avoir enseigné dans l’établissement sur la période 2000-2023) ne saurait être tenue pour responsable du comportement dangereux et malveillant de quelques-uns de leurs collègues, en témoigne leurs qualités humaines et professionnelles, tant pédagogiques qu’artistiques, les valeurs morales qu’ils défendent, leur investissement pour leurs élèves et pour l’établissement, au bénéfice de ce dernier. Ce sont autant d’atouts, qui, depuis de nombreuses années ont permis d’attirer toujours davantage d’élèves français ou étrangers venus chercher un enseignement de qualité et un accompagnement autant humain qu’artistique dans leurs projets. Je souhaite par conséquent pour les élèves du conservatoire, étudiants de l’académie supérieure et aux équipes des deux structures, que cette dynamique perdure, l’apprentissage exigeant d’une pratique artistique procurant in fine joie, épanouissement et ressourcement tout au long de sa vie.
Réponse de la rédaction
Concernant Monsieur V, d’après les témoignages recueillis dans le cadre de cette enquête, les élèves eux même, auraient été incités à recueillir et à compiler des témoignages pendant plusieurs semaines à l’encontre de leur professeur avant qu’une potentielle suspension conservatoire ne soit prononcée.
Concernant Monsieur T., M.Dubois précise qu’il n’enseigne plus au sein de l’établissement depuis 2021. Or, les faits le concernant rapportés dans l’article datent pourtant de mars 2022. D’après les témoignages de plusieurs danseurs et danseuses, après que certaines d’entre elles aient fait remonter au directeur du département et à la direction avoir reçu “une claque sur les fesses” et “un bisou” sans leur consentement, M. T. aurait continué d’enseigner à des élèves, notamment à des mineurs, et ce, jusqu’à la fin de l’année scolaire. Les faits auraient eu lieu le 15 mars 2022 et auraient été remontés auprès du département dès le 16 mars 2022.
Concernant Monsieur W, l’article pointe le nombre conséquent de signalements émis par les élèves et les parents d’élèves, entre 2000 et 2016. Malgré les potentielles sanctions que M.Dubois mentionne, Monsieur W. a continué d’enseigner au sein de l’établissement jusqu’à son décès, en 2021, ce qui est indiqué dans l’article.
M.Dubois mentionne aussi une formation répartie sur une dizaine de sessions entre 2020 et 2021, mise en place pour les personnels enseignants, afin de les sensibiliser aux violences verbales et sexistes. Cette information n’est pas contraire à ce qui est précisé dans l’article.
Tout d’abord, la nouvelle direction précise bien que des personnels enseignants sont sensibilisés sur le sujet. L’article pointe le fait qu’aucun élève interrogé (soit une cinquantaine d’élèves et anciens élèves en tout, et pour ceux cités dans l’article inscrits entre 2007 et 2024) n’a entendu parler d’une telle formation/sensibilisation s’adressant aux enseignants, ou aux élèves. Mais aussi qu’aucune personne référente sur ces questions là n’est clairement identifiée auprès des élèves en cas de problème. L’information délivrée dans ce cas précis, est que les élèves ne savent pas à qui s’adresser, lorsqu’ils/elles sont confronté.e.s à des comportements violents. Et que ce manque d’accompagnement pointé par de nombreux témoignages, a une incidence sur les élèves, qui expliquent se sentir isolés et estiment ne pas avoir d’espace de parole dédié au sein de l’établissement pour dénoncer ces comportements.
Merci pour ce droit de réponse, qui éclaire les faits, la chronologie et les actions prises. Je regrette que Pokaa est publié un article si à charge sans tenter de contacter le directeur du conservatoire pour la période concernée, ni mentionner les actions prises par faire face à la situation dès les révélations faites.
Remise en place des choses par l’ancien directeur, mais pas de l’orthographe : “soi” au lieu de “soit”. Tout de même, pour un directeur…