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Fraternité et artisanat sur 6 000 m2 : à Strasbourg, visite guidée chez les Compagnons du devoir

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En février 2023, le nouveau siège régional des Compagnons du devoir était inauguré à Strasbourg et accueillait ses 700 étudiant(e)s. Aujourd’hui, on vous ouvre les portes de ce centre de formation étonnant, et on vous dit tout ce que l’on sait sur ce que l’on appelle le « compagnonnage ».

Depuis plus d’un an, un immense bâtiment couleur rouille est sorti de terre route des Romains, à Strasbourg. Derrière cet édifice de plus de 6.000 m2, l’association Les Compagnons du devoir et du Tour de France y a désormais son siège régional flambant neuf… Et il est à la fois une prouesse technique et architecturale.

Bienvenue chez Les Compagnons, l’asso ouvrière qui fait figure d’institution dans le monde de l’artisanat et du travail manuel.

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Les compagnons du devoir artisan manuel ouvrier CFA centre de formation
© Bastien Pietronave / Pokaa

Une philosophie basée sur l’apprentissage et la transmission des métiers

L’Association ouvrière des Compagnons du devoir et du Tour de France (AOCDTF), c’est tout simplement la deuxième plus grande association de France.

Avec plus de 12.000 jeunes en formation chaque année, un réseau construit avec 28.000 entreprises et plus de 1.500 salarié(e)s, c’est un véritable tremplin pour l’accès au travail.

Reconnue d’utilité publique, elle réunit des hommes et des femmes autour de l’apprentissage et la transmission des savoir-faire techniques et théoriques.

Les compagnons du devoir artisan manuel ouvrier CFA centre de formation
© Bastien Pietronave / Pokaa

Charcutier/ère, cordonnier/ère, maréchal(e)-ferrant(e), tonnelier/ère, tapissier/ère… les Compagnons représentent 35 métiers (10 à Strasbourg) dans pas moins de 64 centres de formation en France. 

À travers le travail, mais aussi des notions comme l’ouverture d’esprit, le partage et la transmission, l’association permet à chacun et chacune de s’accomplir dans un domaine professionnel choisi. Mais l’enseignement va au-delà de l’apprentissage d’un métier.

En effet, la solidarité, la fraternité, la générosité, la patience et la discipline sont quelques-uns des maîtres-mots qui collent à ce que l’on appelle le compagnonnage. Une expérience à la fois professionnelle, humaine et culturelle.

Concrètement : qu’est-ce que le compagnonnage ?

Quel que soit le niveau de diplôme ou d’étude (même sans le brevet des collèges), les compagnons accueillent des jeunes de à partir de 14 ans dans les différents centres de formation présents à travers la France.

Les élèves/étudiant(e)s sont alors en apprentissage, et passent leur temps entre le centre de formation et une entreprise. Cours théoriques et mises en pratique, ils/elles mettent très rapidement la main à la pâte et apprennent les rouages de leur futur métier, projet après projet.

Au bout d’un ou deux ans, ils/elles passent alors leur CAP ou leur bac pro, et réalisent ce que l’on appelle un travail d’adoption : une pièce réalisée de leurs mains (entre 40 et 60 heures de boulot), évidemment en rapport avec leur formation.

Un charpentier peut réaliser une table en bois, une chaudronnière peut réaliser un barbecue… Et si le résultat est à la hauteur, la pièce est validée par les compagnons sédentaires et permettra à l’élève de débuter son tour de France.

Les compagnons du devoir artisan manuel ouvrier CFA centre de formation
© Bastien Pietronave / Pokaa

Lors de ce tour de France, les élèves/étudiant(e)s apprennent les spécificités d’un métier, voyagent en France et dans le monde, se familiarisent avec la vie en entreprise et en communauté, et se façonnent au gré des rencontres, professionnelles ou non.

Une fois le tour de France terminé, et après avoir emmagasiné des centaines d’heures de pratique, la personne formée réalise alors ce que l’on appelle un travail de réception.

C’est une pièce manufacturée qui, une fois examinée par ses pair(e)s (et si elle est à la hauteur), lui permettra de devenir à son tour Compagnon du devoir.

Une fois reconnu Compagnon, et donc membre de l’association, la personne s’engagera à son tour à transmettre son savoir-faire, ses valeurs… Et à donner du temps à son tour aux jeunes qui souhaitent s’engager dans le compagnonnage.

Ce sont ces notions d’entraide, de solidarité et de transmission qui ont permis aux Compagnons du devoir de se développer à travers le temps. Pas étonnant que les premières traces de ce mouvement remontent au Moyen Âge !

Un centre de formation de haute volée, qui valorise l'humain

À Strasbourg, derrière ce bâtiment à l’allure un peu austère, se cache un trésor de savoirs, un véritable temple des métiers manuels. Plus de 40 salarié(e)s sont réparti(e)s entre 10 différents services, et autant de métiers sont représentés.

Serrurier/ère-métallier/ère, chaudronnier/ère, menuisier/ère, charpentier/ère, mâçon(ne), plâtrier/ère, couvreur/se, plombier/ère, boulanger/ère ou pâtissier/ère, chaque pôle a ses salles de cours et ses ateliers dédiés.

À la pointe de la technologie, ultra équipé, lumineux, ergonomique et pratique, le bâtiment offre un cadre de travail qui semble idéal pour ses 700 étudiant(e)s. 

Ici, entre deux cours théoriques, les futur(e)s compagnons taillent, découpent, mesurent, pâtissent, soudent, et c’est toute une communauté qui vit ensemble, comme nous l’explique Benoit Anghenben, le responsable du site, aussi appelé le prévôt :

« Ici, ce qui nous rassemble, au-delà d’aspirer à un haut niveau de qualification reconnu par des dizaines de professions, c’est le fait d’être ou de vouloir être compagnon, et de vivre en communauté. Pour ma part, après avoir été reçu compagnon, j’ai accepté le poste de prévôt, je suis donc à la fois le responsable, et le visage du centre de formation de Strasbourg. À mon tour, je me dois de donner de mon temps pour tous les jeunes qui choisissent la voie du compagnonnage, et c’est une mission qui ne se représentera pas deux fois dans une vie. D’ailleurs, c’est ce système de transmission et de partage qui pérennise et fait grandir ce réseau de bénévoles dont je fais partie, et qui permet aux Compagnons du devoir de perdurer. »

Les compagnons du devoir artisan manuel ouvrier CFA centre de formation
Benoit Anghenben, le responsable de site (prévôt). © Bastien Pietronave / Pokaa

Vous l’avez compris, devenir compagnon, c’est avoir un haut niveau de qualification reconnu par toute une profession, mais c’est aussi et surtout donner son temps pour la jeunesse, et s’engager à transmettre son savoir-faire, ses compétences et ses valeurs.

Chez les Compagnons du devoir, à Strasbourg comme ailleurs, les équipes donnent tout pour que chacun(e) s’épanouisse dans son travail et en dehors. L’objectif ? Valoriser et faire perdurer ces métiers ancestraux, qui font la fierté d’un pays et de plusieurs dizaines de professions.

Les compagnons du devoir artisan manuel ouvrier CFA centre de formation
© Bastien Pietronave / Pokaa

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