Strasbourg devient cette année capitale mondiale du temps, une première pour une ville française. Un titre honorifique un peu étrange, que l’on a essayé de comprendre.
Sur les titres de “capitale de”, Strasbourg c’est la Champions League. Notre ville collectionne les labels comme d’autres les timbres, et n’est jamais la dernières pour s’en auto-satisfaire. Pourtant, son dernier titre est passé quelque peu sous les radars : Strasbourg a en effet été récemment désignée Capitale mondiale du temps.
Un titre certes honorifique et auquel on ne candidate pas, mais le premier pour une ville française. Info insolite que l’on avait relevée lors du conseil municipal de février dernier, le sujet a pourtant très peu mis en avant. Mais comme il est revenu sur le devant de la scène lors du conseil municipal du 18 mars, on a essayé de comprendre ce que ce titre signifiait.
Adapter les politiques publiques au temps
Ce titre est décerné par le réseau Times Use Initiative, qui met en valeurs des villes ayant de belles réalisations et volontarisme en la matière de politiques temporelles. Certes, mais kesako qu’une politique temporelle ? Selon Marina Lafay, conseillère municipale déléguée à la mission des temps et présidente de l’association nationale sur les politiques temporelles Tempo Territorial : « Une politique temporelle signifie travailler sous le prisme du temps dans les politiques publiques».
Alors que beaucoup de politiques sont menées sous le prisme de l’espace (dans l’urbanisme ou la gestion des espaces verts par exemple), les premières politiques temporelles concrètes datent d’il y a 30 ans en Italie, et portaient sur l’ajustement des horaires des services publics sur les rythmes de vie des gens, afin d’éviter les discriminations. Concrètement selon Marina Lafay : « Si quand on sort du travail, tous les médecins sont fermés, ça devient plus difficile de se soigner ».
Ces premières expérimentations ont laissé la place à d’autres :
- La question de la durée : combien de temps d’attente pour un service, pour une correspondance entre deux trains, entre deux trams…
- La question de la vitesse, comme par exemple adapter la vitesse des voitures.
- La question du multi-usage : un bâtiment peut avoir plusieurs fonctions, comme par exemple un parking qui peut accueillir des voitures, mais trente ans plus tard peut devenir un gymnase.
- Enfin, la question de la nuit, « souvent un impensé » selon Marina Lafay : comment adapter la ville à celles et ceux qui ne travaillent pas en journée ?
Que fait Strasbourg en termes de politique temporelle ?
Si Strasbourg a été désignée capitale mondiale du temps, c’est bien qu’elle fait des choses en la matière. Selon Marina Lafay, plusieurs initiatives sont menées pour les agent(e)s de la collectivité : « On a mis en place une conciergerie interne pour faciliter les rythme de vie des agent(e)s. On a aussi déployé massivement le télétravail, et désormais on essaye de mettre en place une semaine de 4 jours et des congés menstruels ».
Pour les Strasbourgeois(es), la conseillère municipale déléguée annonce le Plan Banc développé par la municipalité : « On essaye de penser la pause dans la ville, à travers l’expérimentation de bancs de télétravail ».
Ces bancs nouvelle génération « plus inclusifs » seront intégrés dans le réaménagement des abords de la Manufacture des tabacs à la Krutenau, mais ils apparaîtront également dans d’autres quartiers. Curieux de voir le design d’un banc inclusif.
Enfin, Marina Rafay évoque un gros travail sur le sujet de la nuit : « Avec Joël Steffen [adjoint au commerce, ndlr], on travaille sur une refonte en profondeur de la gouvernance sur la vie nocturne de Strasbourg. Notre vision n’est plus seulement centrée sur les nuisances, ou le vie nocturne des bars et restaurants, mais une vision plus globale sur l’éclairage, la trame noire et tout ce qui fait la nuit à Strasbourg ».
Si le titre de capitale mondiale du temps est encore assez confidentiel, Maria Lafay promet qu’il y aura différents temps forts organisés dans l’année, que ce soit avec les institutions européennes ou le grand public. Le premier sera vraisemblablement en novembre. C’est qui la capitale du temps ? C’est Strasbourg bébé.
