Comment « (D)Écrire le monde », s’interroge Le Maillon. Avec des mots, des gestes, ou tout à la fois ? Et si oui, lesquels, et comment, pourquoi ? Ce mois-ci, du 11 au 28 mars, le théâtre strasbourgeois nous invite à nous plonger dans mille et un langages. Un « temps fort » à vivre collectivement, avec des spectacles, des projections, des ateliers pour petit(e)s et grand(e)s. Bonus : 3×2 places sont à gagner en fin d’article pour l’un des spectacles présentés : Die Brieffreundschaft ! On vous en dit plus.
Dès le 11 mars, Le Maillon (Théâtre de Strasbourg, scène européenne) se lance dans un nouveau « temps fort » de trois semaines. Il réunira des auteurs/trices, des metteurs/ses en scène, des chorégraphes, des performeurs/ses, qui, chacun(e) à leur manière, parlent du monde, « en mots, gestes, images et rêves » et nous invitent à en faire de même… Car « ne sommes-nous pas, en un sens, les auteurs/trices du monde ? », écrit sa directrice Barbara Engelhardt en préambule de ce « temps fort ».
Autant « prisme » pour observer le monde qu’il n’est un « outil pour le faire naître », le langage – « qu’il soit imagé ou sonore, pictural ou gestuel » – est à questionner. Sur ses « impasses », ses « codes » et ses « possibilités », continue-t-elle.
Le spectacle vivant « fai[sant] partie des “langues vivantes” qui explorent un champ profondément humain, sensible et concret en même temps », Le Maillon donnera à voir sur trois semaines, diverses interprétations de ce que peut être « (D)Écrire le monde ». Au travers de spectacles, évidemment, mais aussi des ateliers collectifs et rendez-vous curieux, à vivre au Maillon comme en dehors.
Six spectacles pour écrire, dire, lire, danser ou rêver le monde
Dans les écrits de Simone de Beauvoir : « Les Forces vives » d'Animal Architecte
Si les initiatives autour du 8 mars et de la Journée internationale des droits des femmes se multiplient dans notre agenda, notons celle-ci : Les Forces vives du collectif Animal Architecte (les 14 et 15 mars). Un spectacle inédit, autour des écrits de l’immense autrice et philosophe Simone de Beauvoir.
Le collectif nous plongera dans son cycle des mémoires, les ouvrages Mémoires d’une jeune fille rangée, La Force de l’âge, La Force des choses (tomes 1 et 2) qui racontent l’« exploration subjective du passé, de soi et du monde » de Simone de Beauvoir.
Moins une biographie qu’une rencontre théâtrale entre de Beauvoir et la metteuse en scène – Camille Dagen –, Les Forces vives nous mènera peut-être, nous-mêmes, à « penser à nos propres vies en écho ».
Public spect-acteur avec « KiLLT » : « Les Règles du jeu » et « La Mare à sorcières » de Yann Verburgh et Olivier Letellier
Pour les plus jeunes mais pas que : le projet KiLLT (à comprendre comme Ki Lira Le Texte ?) de Yann Verburgh et Olivier Letellier (Les Tréteaux de France, centre dramatique national itinérant). Une expérience de théâtre participative et insolite, sur deux spectacles : Les Règles du jeu et La Mare à sorcières.
Pourquoi participative ? Parce que ce sera accompagné par des comédien(ne)s, que le public sera invité à lire les répliques des personnages, pour s’emparer, lui aussi, du texte : se retrouvant ainsi autant acteur que spectateur.
Dans Les Règles du jeu (du 11 au 16 mars), on suit deux enfants habitant un « “Pays-des-Guerres” imaginaire pourtant si réel, ravagé par les conflits, abandonné par les “États-de-paix” qui ont fini de l’exploiter ».
Accessible dès 11 ans – mais aussi pour les plus grand(e)s -, ce « texte sur la guerre et l’exil, l’errance et l’espoir » permet de parler des enjeux du monde à tout âge, par le prisme de ces deux jeunes personnages.
La Mare à sorcières (du 25 au 28 mars) – le second – rentre, quant à lui, dans une programmation hors les murs, en plein cœur de Cronenbourg (au Centre social et culturel Victor-Schœlcher).
Dans celui-ci, ce seront deux autres mondes qui se rencontreront : celui de Pierre qui habite et connaît la campagne comme sa poche, et Nina qui en ignore tout. Une « aventure textuelle » sous forme d’un « conte aux accents très actuels », à découvrir dès 8 ans. Pour les petits rats de la ville, des champs… et leurs parents.
Épistolières et prisonnières : « Die Brieffreundschaft » de Markus&Markus (Theaterkollektiv)
Autre forme spectaculaire originale… celle d’un théâtre documentaire « ludique et souvent émouvant » dans lequel Markus&Markus s’exercent, s’intéressant plus aux personnes qu’ils rencontrent qu’aux grandes figures théâtrales.
Pour leur nouveau spectacle Die Brieffreundschaft (du 21 au 23 mars), ils ont entamé un dialogue épistolaire peu ordinaire… avec des prisonnières.
Maureen, Amber, April et Lisa-Jo sont quatre femmes de différents états américains, qui ont un point commun : elles purgent toutes des peines de prison à perpétuité pour avoir commis un meurtre, et l’une d’entre elles est condamnée à mort.
De leurs échanges épistolaires est né ce spectacle, où on entend leur parole, leur témoignage : « Ces lettres sont le fil qui les relie au monde, une fenêtre ouverte sur celui-ci. Elles disent leurs joies, leurs angoisses, leurs souvenirs. »
En leur donnant de la voix au travers de ces correspondances, « les deux performeurs dessinent les contours d’existences qui survivent dans un monde en minuscule, rappelant que chacun a droit à une seconde chance ».
En parlant de chance(s)… on te fait gagner des places pour ce spectacle, en fin d’article !
Dire avec le corps : « 10000 gestes » de Boris Charmatz
Après les mots, place aux mouvements avec 10000 gestes (les 20 et 21 mars et présenté en collaboration avec POLE-SUD), que le chorégraphe Boris Charmatz (et nouveau directeur du Tanztheater Wuppertal Pina-Bausch) et ses 22 danseurs et danseuses nous laisseront à voir.
Sur scène : « Une pluie chorégraphique », « un moment de désordre dans un monde policé » où le langage corporel (re)prendra toute sa place.
Une performance où chacun(e) exécutera sa propre partition de mouvements, « sans jamais se répéter […] puisant dans leur propre subjectivité […] du tremblement le plus discret au saut spectaculaire, du regard adressé à l’autre aux combinaisons farfelues des corps ».
En tout ? 22 corps, 22 façons de s’exprimer librement et pleinement, qui témoigneront, telle « une archive dansée de la danse, une immense mémoire déployée sur les notes du Requiem de Mozart ».
« Slowly, slowly,… until the sun comes up » d'Ivana Müller
Toujours avec le corps, mais aussi les mots, et surtout l’imaginaire du rêve : Slowly, slowly,… until the sun comes up, d’Ivana Müller (du 26 au 28 mars). Un spectacle qui mêle danse et théâtre, interprété par trois comédien(ne)s.
Partant du postulat que le rêve est « l’activité la plus démocratique qui soit » expérimentée par les humain(e)s comme les animaux – bien que chacun(e) soit traversé(e) de « sa propre histoire, avec ses peurs et ses plaisirs » – la metteuse en scène propose ici, d’en « partager ces récits ».
Une belle place donnée au(x) rêve(s), vu comme un « nouveau langage », porteur(s) de sens, peut-être, même après le réveil.
Expérimenter le « temps fort » : les autres rendez-vous
Autour de Simone de Beauvoir et « Les Forces vives »
Envie d’une pause-repas culturelle et sur le pouce ? Rejoignez Animal Architecte lors d’un « Midi-sandwich ».
Actuellement en résidence pour trois semaines à l’occasion de la création de son spectacle Les Forces vives, le collectif interrompra ses répétitions du 15 mars pour une rencontre avec le public. Autour d’un sandwich préparé par le BiM (Bistrot du Maillon), on en profitera pour échanger avec l’équipe et découvrir la scéno’ du spectacle.
Toujours autour de Simone de Beauvoir et du spectacle d’Animal Architecte qui lui est consacré, Le Maillon organisera une double-projection – gratuite – de documentaires le mardi 12 mars à la Médiathèque Olympe-de-Gouges.
On y découvrira Beauvoir, l’aventure d’être soi de Fabrice Gardel (2021) et Des fleurs pour Simone de Beauvoir de Carole Roussopoulous et Arlène Shale (2007).
(On nous tease aussi deux « projections complices » à venir, au Cosmos… Il faudra rester connecté(e)s : la programmation sera bientôt annoncée !).
Des ateliers pour ouvrir collectivement nos imaginaires
Pour des rendez-vous aussi artistiques que ludiques (à partir de 12 ou 14 ans), on commence avec les ateliers Stilmix [« la croisée des genres » en allemand], à retrouver le samedi 23 mars !
Menés en collaboration avec le CFPI (Centre de formation des plasticiens intervenants) de la HEAR (Haute école des arts du Rhin), ils nous feront explorer trois thématiques, en compagnie de duos de jeunes artistes… Pour développer collectivement nos imaginaires.
Avec « Jette les dés et on verra », on participera à une séance de divination collective. Grâce à la numérologie, les lignes de la main et d’autres outils imaginés ensemble, il sera question « de dialoguer avec le destin et de traduire les signes qui se manifestent devant nous ».
Dans « Qui chantera la fin du monde ? », la Terre est menacée d’exploser dans trois heures. Pour laisser un témoignage sonore de l’existence de celle-ci, à envoyer comme « mémorial aux autres espèces sensibles de l’univers », les participant(e)s seront amené(e)s à travailler ensemble. Le but ? Réfléchir et réaliser « l’écriture, l’enregistrement et le façonnage d’un album, où vous raconterez l’histoire de la planète. »
Avec « Carte mi–chemin » et au travers d’un jeu graphique et narratif, le groupe créera « un nouveau monde ». Un exercice créatif autour de cartes routières découpées, desquelles naîtront des « territoires imaginaires » dont il faudra inventer les histoires, les blasons et les légendes. On adore.
Et enfin, pour faire écho à 10000 gestes de Boris Charmatz, Le Maillon nous convie – toujours le samedi 23 mars – à nous « plonger dans [une] frénésie de mouvements » au sein d’un atelier « États de danse ».
Grâce à une partition adaptée et inspirée par celle du spectacle et de ses interprètes, François Malbranque nous « invitera à établir une connexion de groupe forte, tout en cherchant par le mouvement à créer une identité propre pour chaque participant(e) ». (Attention à réserver : l’atelier – victime de son succès – est bientôt complet).
Jeu-concours : gagnez des places pour « Die Brieffreundschaft »
On l’écrivait plus haut, on fait gagner à quelques chanceux et chanceuses des places pour Die Brieffreundschaft de Markus&Markus ! En jeu : 3×2 places pour la représentation du samedi 23 mars à 20h30.
Si dans le spectacle, il y est question d’échanges épistolaires, pour participer, rangez vos timbres et vos enveloppes…
Il suffira simplement de :
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On annonce les gagnant(e)s bientôt : restez connecté(e)s !
Envie d’éplucher toute la programmation ? C’est par ici !
Événement
Temps fort : Langues vivantes – (D)Écrire le monde
Quoi ?
Spectacles, rencontres, projections et ateliers
Quand ?
Au Maillon – Théâtre de Strasbourg, scène européenne
1 boulevard de Dresde, à Strasbourg
où ?
Du lundi 11 au jeudi 28 mars