Après plusieurs années à changer par petite touche le marché de Noël, la municipalité passe la vitesse supérieure. À partir de l’édition 2024, la Ville va noter les futur(e)s exposant(e)s, afin de déterminer celles et ceux qui pourront occuper un chalet. Explications.
On est le 27 février, mais à Strasbourg, Noël c’est toute l’année. La preuve, la municipalité n’a même pas attendu la fin de l’hiver pour les premières annonces sur le prochain marché de Noël. L’objectif est, notamment, de présenter les nouvelles modalités d’organisation et de réglementation.
Il faut dire que l’événement est majeur pour la Ville, mais aussi la presse, qui s’est déplacée en nombre, surtout après un marché de Noël 2023 record en matière de fréquentation [3,3 millions de visiteurs/ses, ndlr]. Souhaitant « chaque année monter d’un cran dans la transformation de cet événement magique, porteur de valeurs et en phase avec les défis de notre temps » selon Jeanne Barseghian, la Ville annonce qu’à partir de l’édition 2024, elle notera les exposant(e)s.
Pour noter les chalets, 5 critères sont utilisés
Une manière de « dépoussiérer le marché de Noël » selon Guillaume Libsig, adjoint à Strasbourg Capitale de Noël, mais également de veiller à « l’amélioration continue de la qualité des exposants ». Désormais, la Ville aura le pouvoir. Dans le détail, la municipalité notera désormais les exposant(e)s avec 5 critères :
- Tout d’abord l’expérience. Faisant dans la métaphore footballistique, Guillaume Libsig dit que le marché de Noël de Strasbourg « c’est la D1 », et qu’il faut avoir des exposant(e)s rodé(e)s à la gestion d’un tel événement. Un critère qui comptera comme 30% de la note finale. Le Racing Club de Strasbourg pourrait s’en inspirer.
- Deuxième critère : la qualité des produits et leur traçabilité. Interrogée sur le fait qu’il y avait certains produits « tabous », en référence à la polémique de 2022 sur les produits interdits, Jeanne Barseghian répond sèchement : « Non, il y a des critères et des exigences. »
Et justement, la municipalité sera plus exigeante sur les trois nouveaux critères :
- D’abord la prise en compte des enjeux écologiques, comme l’empreinte carbone des produits, leur fabrication ou la consommation d’énergie.
- Ensuite, les questions d’inclusion et d’accessibilité. Plusieurs questions seront posées, avec par exemple : est-ce qu’il y aura une tarification solidaire ? Quel accueil pour les personnes en situation de handicap ou étrangères ? Pour la partie nourriture, est-ce qu’il y aura des propositions végétariennes ou véganes, ou encore est-ce que les allergies seront prises en compte ?
- Enfin, dernier critère : la créativité. Guillaume Libsig englobe là-dedans le look du chalet, son lien avec l’ambiance de Noël, la décoration, les animations pour mettre en valeur les produits et les traditions de Strasbourg Capitale de Noël… Un critère assez flou tout de même.
Une année d'expérimentation
Comme avec toutes les expérimentations, il faudra que la municipalité fasse preuve de pédagogie. Premier exercice devant la presse, où il régnait la même ambiance que quand on essayait de comprendre les coefficients des différentes matières avant nos examens. Jeanne Barseghian a tenu à rassurer son monde : « Il n’y a pas de notes éliminatoires. »
Selon Guillaume Libsig, la notation ne sera pas active immédiatement. L’ensemble des exposant(e)s auront ainsi une année complète pour se préparer. Au 1er janvier 2025 en revanche, la notation fera désormais loi. L’adjoint poursuit : « Ça n’a l’air de rien, mais cela aura un impact concret et sera un levier d’évolution très fort dans les années à venir. » On attend donc de voir.
Poser un nouveau cadre autour du marché de Noël
Au-delà de cette nouvelle notation, ce qu’il faut retenir des annonces de la municipalité, c’est que le pouvoir décisionnaire revient dans les mains de la Ville, organisatrice de l’événement. Une décision logique selon Guillaume Libsig : « C’est normal que le bon levier de décision soit dans les mains de la Ville de Strasbourg. »
Celle-ci remet également à jour le règlement intérieur, datant de 2010, avec une nouvelle délibération prévue pour le prochain conseil municipal le 18 mars prochain. Elle crée un comité consultatif permettant de travailler sur les différents sujets liés à Strasbourg Capitale de Noël et produira chaque année un arrêté municipal portant sur l’organisation de l’événement, et les modalités d’attribution des chalets. Le tout, afin de poser un « cadre clair, transparent, équitable et connu de tous ».
Quelques changements donc pour cette édition 2024 du marché de Noël, qui débutera cette année le 27 novembre. Pour celles et ceux qui ont un calendrier dans la tête, le premier jour se tiendra donc un mercredi. La conséquence de la commémoration des 80 ans de la libération de Strasbourg, se tenant le week-end précédent, avec notamment la présence d’Emmanuel Macron à Strasbourg le 23 novembre. Noël ne s’arrête jamais.