Alors que les températures se radoucissent peu à peu en cette fin janvier, pourquoi ne pas sauter dans un train pour s’évader et se changer les idées ? Depuis Strasbourg, de nombreuses destinations sont accessibles pour pas trop cher. Comme on voulait nous gaver de pâtes et de pizzas, notre choix s’est porté sur Milan, ville italienne à l’histoire aussi imposante que son architecture.
La gastronomie italienne rayonne tellement à Strasbourg que certaines parties de notre ville pourraient bien s’appeler Little Italy. Alors, on s’est dit qu’on pourrait aller directement à la source. Direction donc le nord de l’Italie et Milan, avec ses 1.3 million d’habitant(e)s.
Fondée vers 590 av. J.-C., lieu majeur du christianisme, point névralgique de l’industrie national mais également centre de la Résistance italienne, Milan a vécu 1.001 vies. Aujourd’hui, toujours très industrialisée, elle est devenue l’une des capitales de la mode mais également celle du tourisme, avec son patrimoine culturel important. Et pour ne rien gâcher, c’est également la ville du seul et unique Olivier Giroud.
Par rapport à Strasbourg, tout est plus grand : les bâtiments, les rues, les parcs et même le stade San Siro, l’un des plus connus au monde. Néanmoins, à force de se promener dans la ville, on commence à déceler des points communs, des petits secrets cachés çà et là. Milan nous montre aussi à quel point une ville soumise à la voiture est contrainte dans son espace et son développement, l’Italie n’étant pas encore aussi avancée que nous niveau transports en commun.
Mais surtout, pour les curieux/ses de l’Italie, Milan est très facilement accessible en train depuis Strasbourg. Il suffit de prendre un TER Strasbourg-Bâle, d’environ 1h15, puis de prendre un train Bâle-Milan, d’une durée de 4h15.
Quelques conseils : prenez la carte Fluo Grand Est, qui vous fait payer moitié prix sur les trajets TER et prévoyez un temps de correspondance suffisant (la circulation des TER alsaciens étant parfois chaotique). Ensuite, allez sur Trainline pour prendre votre billet Bâle-Milan. À vos marques, prêt(e)s, voyagez !
Jour 1 : arrivée, cours de cuisine et premiers cocktails
Après un train supprimé, un arrêt inopiné à Mulhouse et un petit peu de stress, on se pose tranquillement dans le Bâle-Milan. On peut profiter des paysages suisses enneigés, entrecoupé(e) par quelques contrôles lorsqu’on arrive près de la frontière italienne.
Une fois arrivé(e) en gare de Milan, c’est déjà l’heure de la première activité : un cours de cuisine pour apprendre à faire des pâtes et un tiramisu réalisé par une famille milanaise (Via Vincenzo-Foppa, 6). Plus précisément : des tagliatelles sauce tomate, des raviolis cacio e pepe et donc il famoso tiramisu.
On est accueilli(e) par un verre de spritz et ont rejoint les autres cuisiniers/ières d’un soir. L’occasion de discuter, d’échanger nos expériences en tant que Français, Australien ou Américain, la compo de l’équipe de ce soir. On casse les oeufs, on roule nos mains dans la farine, on étire notre pâte et on s’amuse un peu à créer nous-mêmes notre repas, en se croyant dans la série The Bear.
Après deux heures de travail, l’heure est à la dégustation : on n’ira pas par quatre chemins, c’était incroyable. Surtout les raviolis cacio e pepe, si simples mais si bons. Agrémenté de plusieurs verres de vins blancs [les deux seul(e)s Français(es) ont fait honneur à leur pays, ndlr], le repas est un plaisir.
Dernier bonus : à la fin du cours, en plus d’un verre de limoncello maison, les hôtes envoient un nombre incalculable de recettes pour garder un bout d’Italie chez vous.
Bien repu(e), mais pas encore rassasié(e), on se met en direction de bars pour terminer la soirée. Direction le quartier Buenos Aires et le Drinc. Cocktail & Conversation (Via Plinio, 32). Dans le style du Douanier à Strasbourg, il propose des cocktails revisités dans une ambiance douce et un peu jazzy, propices aux longues discussions. Et c’est sans doute là où j’ai bu le meilleur cocktail du séjour, mélange entre gin, chartreuse jaune, lavande amère, gingembre et tonka. Pour la peine, on en a même repris un deuxième.
On finira la soirée à l’Atmosphere American Pub (Via Bartolomeo-Eustachi, 15), un bar détendu de quartier à l’ambiance très chill. Il faut, en effet, se reposer, parce que les prochaines journées seront chargées.
Jour 2 : spots historiques de Milan, grosse pizza et jardin botanique caché
Après un aperitivo en guise de première journée, il est temps de partir à la découverte de Milan. Le soleil est de mise, alors que l’on débute par un café/croissant à l’Orsonero (Via Giuseppe-Broggi, 15). On marche ensuite jusqu’aux jardins publics Indro Montanelli, construits au 18e siècle et qui accueillent le Musée municipal d’histoire naturelle et le Planétarium Ulrico-Hoepli.
C’est également un endroit assez sympa pour courir, comme le prouvent les nombreux/ses sportifs/ves qui avalent les kilomètres.
On remonte ensuite vers le centre-ville, slalomant entre les trams et les voitures – qui cohabitent d’ailleurs très bien sur la même route – et on se retrouve devant une des perles culturelles de Milan : la Scala. S’il est possible d’entrer pour visiter, de notre côté on a admiré le bâtiment de l’extérieur et on a poursuivi notre route vers la Galleria Vittorio Emanuele II, le « salon de Milan ». Galerie commerçante par excellence dans la capitale de la mode, et endroit aux vitraux franchement magnifiques, on y retrouve tout ce qu’il faut pour faire du shopping.
Préférant un petit remontant sucré, on se dirige vers Panzerotti Luini (Via Santa-Radegonda, 16), une boulangerie vieille de plusieurs dizaines d’années spécialisée dans les petits chaussons sucrés et salés. Le poire-chocolat et le fraise-chocolat ont été très satisfaisants pour remonter notre taux de sucre. Enfin, au bout de la galerie, se trouve le Duomo, la cathédrale de Milan. Si notre Môman reste la meilleure, difficile de ne pas se prendre une claque par l’immensité du lieu. C’est magnifique.
Parce que la beauté, ça donne faim, on se retrouve dans le quartier de Navigli, construit autour de deux canaux artificiels. Un peu comme nos quais des Bateliers, le quartier est connu pour ses restaurants et sa vie nocturne. On se rend alors à Mozzafiato (Viale Coni-Zugna, 60), pizzeria tenue par un chef qui a passé plusieurs années à Lyon.
En un mot comme en cent : incroyable, tout comme le tiramisu. Bien repu(e), on part alors visiter ce quartier, en se disant que Strasbourg a bien fait de construire autant de choses autour de l’eau, tant cela change un paysage et le rend plus beau.
Après une heure de marche, l’heure est au café. Direction le Nowhere (Via Vetere 14), un lieu détendu qui rappelle plusieurs cafés et salons de thé à Strasbourg. Bien que satisfaisant, leur dirty chaï latte ne vaut pas celui du Café Bretelles. Bien requinqué(e)s par la dose de caféine, on se remet en marche vers les colonnes de Saint-Laurent, mais aussi vers le mur de poupées, érigé pour lutter contre les violences faites aux femmes, mais surtout vers la Pinacothèque de Brera.
Sur le chemin, on passe également par l’immanquable piazza Mercanti et ses quatre palais.
Une fois arrivé à la Pinacothèque, le musée d’art ancien et moderne de Milan, on remarque plusieurs choses. Déjà, elle a été inaugurée par Napoléon, qui souhaitait en faire le Louvre italien. C’est pourquoi on retrouve dans la cour intérieure le « Napoléon » en bronze d’Antonio Canova, officieusement considéré comme le plus beau fessier de la ville.
Mais ce qui nous intéresse surtout est un peu plus caché : un petit jardin botanique sans prétention, au fond du bâtiment. Une ambiance de fin de journée bucolique et toute calme, qui tranche avec l’agitation de la ville.
Pour finir la journée, on se rend à Isola, quartier d’affaires aux hautes tours qui n’est pas sans rappeler Archipel 1 au Wacken (oui on aime parler de Strasbourg). On dîne au restaurant Bosco Verticale (Via Federico-Confalonieri, Via Volturno, 15), satisfaisant mais au rapport qualité-prix moyen. On termine au Lucky Bar (Via Antonio-Pollaiuolo, 5), un bar sans prétention aux très bons cocktails pour à peine 7/8 €. Une belle façon de clôturer une journée éprouvante pour nos jambes.
Jour 3 : cimetière monumental, château des Sforza et soirée dans un bar secret
On recommence notre aventure là où on l’avait finie hier : dans le quartier d’affaires de Milan. L’occasion de se perdre un peu dans l’immensité des tours, avant de prendre un petit combo cappucino/tarte à l’abricot à la Caffeteria Morelli (Via Pietro-Borsieri, 29).
Ayant pris des forces pour une nouvelle grosse journée qui s’annonce, on se dirige vers la visite du jour : le cimetière monumental de Milan. Un lieu qui porte bien son nom : sorte de Père-Lachaise italien, il accueille toutes sortes de tombes d’artistes et de personnalités italiennes qui rivalisent en grandeur et en design, capitale de la mode oblige.
On se perd dans les immenses allées, profitant de l’air frais et du soleil, où il est possible de respirer – et c’est totalement gratuit.
En redescendant vers le centre-ville, on passe par le Chinatown milanais en direction du château des Sforza. On passe alors devant l’Arc de Triomphe du Simplon, construit sous Napoléon en 1807 et achevé 30 ans plus tard. On traverse le Parco Sempione et ses 40 hectares, faits pour les coureurs/euses les plus motivé(e)s, pour arriver au château des Sforza, ancienne forteresse entourée de douves désormais transformée en musée. C’est une véritable ville en plein coeur de Milan, dans laquelle il est facile, et agréable, de se perdre pendant quelques temps.
L’estomac commençant à crier faim, on se dirige vers Pasto – Laboratorio di pasta con cucina (Via Zecca-Vecchia, 4), pour enfin manger des pâtes italiennes. On n’est pas déçu(e) : des spaghettis pesto aux noix et aux endives, parfaitement accompagnées par un spritz. Le ventre heureux, on termine par une petite touche sucrée au Caffè Sant’Orsola (Via Sant’Orsola, 5) avec cappuccino et tartelette chocolat-pistache.
La gourmandise nous poussera même vers une petite glace fior di latte à Ciacco (Via Spadari, 13) juste à côté du Duomo. Entre temps, la visite de l’église Santa Maria delle Grazie – où l’on peut visiter La Cène de Léonard de Vinci – et la basilique Saint-Ambroise nous aura rempli de culture.
Maintenant que la nuit est tombée, la soirée peut commencer. Retour à Navigli vers le Walrus Pub (Via Vigevano, 33), premier bar à bières du séjour. Ambiance détendue, aperitivo très apprécié et une bonne bière nous lance pour une soirée qu’on n’oubliera pas. Pause plantes et cocktails ensuite à Flora et Labora (Alzaia Naviglio Pavese, 20), dispensaire de plantes, coworking et resto-bar à la fin de la journée. Comme si Tchungle, l’Anticafé et l’Établi fusionnaient.
Vraie belle surprise, suivie d’un autre bar à bières, le PicoBrew Station (Via Ascanio-Sforza, 63). Sorte de Roue Libre milanaise, on a pu y tester plusieurs craft beers, accompagnés de panozzos pour manger un peu. Parce que le clou de la soirée est à venir…
On finit la soirée au White Rabbit Speakeasy (Via Garigliano, 4). Un bar secret, au processus d’entrée bien plus rigoureux que celui de l’AEDAEN à Strasbourg. Il faut d’abord s’inscrire sur cette page, trouver la réponse à une question qu’ils vous envoient par mail et ensuite résoudre une énigme, qui change chaque mois. La nôtre avait pour sujet des chanteuses néerlandaises des années 30 naturalisées italiennes, et une chanson en particulier, mais on n’en dit pas plus…
Une fois la réponse trouvée [comptez une petite heure d’investigation journalistique, ndlr], on sonne à une porte avant de se présenter devant un(e) serveur/euse qui nous demande le mot de passe, en italien. S’il est exact, on rentre dans un vrai univers de prohibition des années 30, les lapins bien effrayants en plus, avec un concert live et une proposition de cocktails aussi variée qu’originale (environ 16 € le cocktail).
Ici, on prend son temps, on discute et on profite de l’ambiance. On a tellement apprécié qu’on a repris un deuxième cocktail, étirant notre soirée jusqu’aux premières heures du jour. Sans regrets. Et hâte de revenir résoudre une nouvelle énigme.
Jour 4 : visite de San Siro, pastas, pizzas et derniers cocktails
Pour la dernière journée, on décide de faire plus chill. On commence par la place Loreto, où le 29 avril 1945 la foule s’emporte sur les corps exposés sans vie de Benito Mussolini, suspendus par les pieds, de sa maîtresse, Clara Petacci, et de quelques autres dirigeants fascistes. Une place également théâtre de l’exécution une année auparavant de 15 résistants antifascistes.
Pour ne pas créer de lieu de recueillements, quels qu’ils soient, le choix a été fait de ne pas mettre de plaques. Et on se retrouve donc face à un carrefour complètement banal.
On se dirige ensuite vers un immanquable pour tout(e) fan de foot : le stade San Siro/Giuseppe Meazza, l’un des plus connus d’Europe, et même du monde. Pour la petite anecdote, si vous êtes fan du Milan AC, vous irez à San Siro ; si vous préférez l’Inter Milan, vous irez à Giuseppe Meazza. On visite alors le musée, admirant de nombreux maillots portés autrefois par des stars du jeu – issues de plusieurs décennies.
Puis on plonge dans les entrailles même de San Siro [fan du Milan AC par ici, ndlr]. On découvre les vestiaires des deux équipes, très différents – l’Inter met en avant l’équipe en son ensemble, alors que le Milan AC préfère les individualités – mais surtout on se retrouve au bord de la pelouse. Les amoureux/ses de foot apprécieront de découvrir la Curva Sud, virage mythique du Milan AC, là où résonne Sarà perché ti amo dans une ambiance indescriptible. Bref, que du bonheur.
Une fois le stade quitté, on repart vers le centre de Milan, pour un repas de midi bien mérité. On passe par quelques oeuvres de street art, dont une cigogne qui nous fait nous demander si des amoureux/ses de Strasbourg ne sont pas passé(e)s par Milan. On arrive ensuite à Centevot (Via Giulio-Belinzaghi, 11), tout petit restaurant de pâtes fraîches.
Les pâtes au pesto étaient tout bonnement incroyables, dans une adresse d’habitué(e)s. On passe également prendre une glace à OGGI (Corso Garibaldi, 60), avec un mélange pistache-tiramisu du plus bel effet.
Comme on repart le lendemain, direction Eataly, centre commercial et caverne d’Ali Baba de bons produits pour ramener une bonne partie de l’Italie à Strasbourg. Sauces tomates, pesto, pâtes fraîches, huiles d’olive ou encore apéritifs, le passage à la douane italienne sera local sur le trajet du retour.
On passe ensuite à la librairie internationale de Milan, pour avoir de quoi lire dans le train, et on en profite pour passer devant le célèbre doigt d’honneur de Maurizio Cattelan, dressé face à la Bourse de Milan.
On ne pouvait pas quitter Milan sans passer une dernière fois goûter des pizzas et des cocktails. On s’est retrouvé un peu par hasard à Nàpiz’ Milano (Pizza Viale-Vittorio-Veneto, 30), gigantesque restaurant bariolé. Si la pizza est moins bonne que celle de Mozzafiato, on est servi vite et bien, avec en plus un aperitivo et un verre de prosecco offerts. $
On se balade ensuite dans les quelques rues LGBT de Milan, en s’arrêtant au LOLA (Via Alessandro Tadino, 6) pour un pisco sour en terrasse du plus bel effet. On passe prendre une bière au Bierfabrik (Via Federico-Ozanam, 8), là encore ressemblant fortement à la Roue Libre, pour notre plus grand plaisir.
Pour terminer le séjour, on souhaitait revenir au Drinc. Cocktail & Conversation. Mais comme il n’y avait plus de place, on s’est rabattu sur son collègue le Drinc.different (Via Francesco-Hayez, n. 13). Même propriétaire mais concept un peu différent : le bar est bien plus chaleureux et est fait pour des soirées entre potes. On a même eu le droit à des marshmallows grillés à la flamme, en plus d’un cocktail encore une fois excellent.
Une façon de boucler la boucle, avant de repartir au petit matin vers Strasbourg.
Ici s’achève notre périple milanais. Une ville remplie de belles adresses, avec de la bonne bouffe et des bâtiments remarquables, malheureusement trop peu mis en valeur par une sur-domination de la voiture. Arrivederci Milan, on reviendra vite !
Super idée, merci pour vos excellents conseils, vous avez dormi ou svp ?
Il faut aller absolument au musée Dei Cappuccini, via Kramer à Milan pour découvrir l’œuvre du sculpteur français Jacques Alain LACHANT qui s’appelle « Ecce Omo »
Mille bravos pour ce sympathique compte rendu de ” 4 jours d un grand gourmand alsacien à Milan” !
On peut aussi aller à Bale en voiture ( électrique !) On y trouve facilement un parking gratuit.
Après avoir lu votre reportage , on a vraiment envie de découvrir MILan.
Aucun trajet proposé à moins de 2 correspondances(Bâle et Zürich