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Fleurs des villes, tisanes des champs : une matinée de cueillette aux Jardins de la Montagne Verte

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Connus des Strasbourgeois(e)s pour leurs paniers de légumes bios, les Jardins de la Montagne Verte cultivent aussi des plantes aromatiques et médicinales pour en faire des infusions. Un travail patient et délicat à la lisière de la ville. Reportage.

Dans la lumière rasante du petit matin, les chapeaux et vêtements contrastent avec le flamboiement des calendulas. Penchées sur le rang de fleurs orangées, quatre femmes cueillent minutieusement les corolles grandes ouvertes et les glissent dans une poche pendue à leur tablier. Il est 9h, et cela fait déjà deux heures que la petite équipe de salariés des Jardins de la Montagne verte travaille sur le pré des aromates, en ce début du mois de juillet.

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Jardins de la montagne verte
© Adrien Labit / Pokaa

Les planches – nom des grandes rangées de chaque essence – sont en fleurs ou en voie de l’être. Le bleu roi des bourraches perce à côté du blanc des guimauves et des mauves. Encadrante technique à la production des plantes aromatiques et médicinales – la PPAM pour les intimes – Mélodie Maurer se fait volontiers guide de ce champ particulier, situé à la frontière est du Neuhof.

« Une biodiversité de dingue »

Entre les rangs colorés se cachent des espèces plus discrètes, mais aussi plus parfumées. « Là, on a du thym orange et du thym citron. Je ne sais plus lequel est lequel », sourit la jeune femme avant d’en cueillir une ou deux feuilles. Le plus simple étant encore d’y mettre le nez. Cultivé en agriculture biologique, le champ offre quelques surprises. Ici, de grands coquelicots. Là, du millepertuis perforé – médicinal lui-aussi. « On ne les a pas plantées, elles sont arrivées ici toutes seules », sourit la responsable.

Surs les feuilles et dans les airs, coccinelles, abeilles et bourdons sont légion. Avec un intérêt tout particulier pour les quelques plants de lavande qui séparent le pré d’aromates de son voisin maraîcher. « Ici, on a vraiment une biodiversité de dingue », se réjouit Mélodie Maurer. Le champ a beau être situé au bout du Neuhof, ce sont moins les voitures que le ronronnement de la pompe à eau que l’on entend.

Derrière cet incendie végétal se cache cependant beaucoup d’huile de coude. Une douzaine de salariés travaillent sur le pré tout au long de l’année. Préparation du paillage et de l’engrais vert l’hiver, semis, désherbage, récolte… il y a toujours quelque chose à faire. Mais la nature a son propre rythme : « À partir de juin, on entre dans une grosse période dans laquelle il y a énormément de boulot. On voit assez régulièrement des bénévoles arriver pour nous donner un coup de main. »

Jardins de la montagne verte
© Adrien Labit / Pokaa

« L’occasion d’être formée en étant payée »

La production de tisanes est l’un des chantiers d’insertion proposés par les Jardins de la Montagne Verte. Les salariés y bénéficient de contrats de 2 à 6 mois renouvelables sur deux ans. Concentrée sur les hauts plants de guimauve dont elle récolte les fleurs, Hélène*, 32 ans, est entrée dans la petite équipe il y a plus d’un an et demi : « Quand je suis arrivée, j’étais chômeuse longue durée après quelques années dans l’audiovisuel. J’avais toujours été attirée par les fleurs et les plantes aromatiques. J’ai vu dans l’insertion une occasion de me former en étant payée. »

Jardins de la montagne verte
© Adrien Labit / Pokaa

10h. L’évaporation des dernières gouttes de rosée sous le soleil estival parfume l’air d’une douce odeur de terre humide. Samantha remonte le rang de calendulas et verse le fruit de sa récolte sur un drap blanc étendu au soleil, avant de prendre une gorgée d’eau à l’ombre des arbres, en bord de parcelle. Ancienne salariée du secteur de la logistique et de la manutention, la trentenaire est elle aussi en reconversion professionnelle.

« Il y a toujours eu quelque chose qui m’attirait dans le travail avec les plantes. Cela a commencé avec les petites plantations que je faisais chez moi. J’ai fini par me dire : « pourquoi ne pas me lancer » ? » La jeune femme cherche déjà une parcelle pour une future activité de paysanne herboriste et envisage même de distiller. En attendant, elle apprécie le travail au pré. « La cueillette, c’est une tâche assez délicate. »

Jardins de la montagne verte
© Adrien Labit / Pokaa

Plus haut dans le rang, Corinne, 53 ans, continue à remplir son tablier. Chapeau équipé d’une moustiquaire sur la tête. Tout calme, tout sourire. « Je n’avais jamais fait d’insertion avant, retrace-t-elle. Mais je suis arrivée ici dans le cadre d’une transition de vie professionnelle et personnelle. »

Celle qui envisage de se former à l’aromathérapie se montre diserte quand il s’agit d’évoquer le travail au milieu des fleurs. « Ce me fait comme un temps de pause, sourit-elle. Ça fait du bien d’être au contact des plantes, du vivant, de ce qui pousse. Ça a presque quelque chose de thérapeutique. » « Ça a quelque chose de méditatif, juge de son côté Mireille*, penchée sur l’autre bord du rang. C’est calme, posé. Et puis, récolter des fleurs, ce n’est pas donné à tout le monde. »

Jardins de la montagne verte
© Adrien Labit / Pokaa

Du champ au sachet

11h. Le soleil commence à cogner, il est l’heure de rentrer. La petite équipe replace délicatement les fleurs sur les draps blancs et en rabat les bords avant de les nouer en un baluchon. Direction le séchoir, situé quelques rues plus loin. Étalées sur des claies, les corolles sont laissées quelques jours, voire quelques semaines – selon les conditions météo – dans une pièce chauffée entre 35° et 40° où le taux d’humidité dans l’air ne dépasse pas 1%.

« On les touche pour savoir si elles sont sèches. Ensuite, on enlève toutes les petites tiges pour ne garder que le cœur des fleurs. Et on les met dans des futs hermétiques. Elles s’y conservent très bien. On sort les lots en fonction des besoins, quand on fabrique nos tisanes », détaille Mélodie Maurer.

Pour le moment, les Jardins de la montagne verte en confectionnent sept variétés. Un mélange de cueillette sauvage – en faisant attention à l’environnement pour pouvoir conserver l’appellation bio – et de fleurs du pré. Et les floraisons de l’été finissent par faire une bonne infusion quand arrivent les premières gelées.

Jardins de la montagne verte
© Adrien Labit / Pokaa

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