Vendu au consortium BlueCo, propriétaire notamment de Chelsea, le 22 juin dernier, le Racing Club de Strasbourg a depuis vécu quelques jours agités. L’occasion de faire le point sur l’arrivée de nouveaux actionnaires dans le club, sur ce que ça implique pour le futur du Racing et sur la réaction des supporters.
Depuis que l’Équipe avait annoncé, le 24 février dernier, l’intérêt des propriétaires de Chelsea pour le rachat du Racing, les supporters et supportrices strasbourgeois(es) attendaient fébrilement d’en savoir plus. Dans une saison très compliquée, ce flou autour de l’avenir du club n’aidaient pas les esprits, qui étaient principalement concentrés sur le maintien à aller arracher.
Une fois ce dernier obtenu face à Paris dans une Meinau en fusion, les supporters et supportrices du Racing se sont remis à attendre, en cochant une case dans leur calendrier : le jeudi 22 juin. Date de passage pour présenter son budget devant la DNCG – chargée de surveiller les comptes des clubs de football professionnels en France, ndlr -, elle devenait de plus en plus celle où tout allait changer pour le Racing.
Ça n’a pas manqué, puisqu’aux alentours de 19h, le Racing publiait un communiqué annonçant un accord entre le club et BlueCo, consortium qui a racheté Chelsea en mai 2022, pour que ces derniers deviennent les nouveaux actionnaires du RCS. Lançant les hostilités de quelques jours de folie autour de notre club bien aimé.
Pourquoi le club a été vendu ?
Commençons par le commencement : pourquoi Marc Keller et son équipe ont-ils décidé de vendre le Racing ? On vous l’expliquait déjà en février dernier, cela fait maintenant plusieurs années que le président du Racing dit que le club a besoin de plus d’argent pour aller plus haut, et survivre en Ligue 1. Comme il le résume lui-même dans un grand entretien à l’Équipe (pour les abonnés) : “Strasbourg, sa région, son public méritent d’aller plus haut. C’est mon rêve pour mon club”.
Le communiqué reprend cet argumentaire, avec Marc Keller soulignant que “même s’il n’y avait pas d’urgence financière, nous étions conscients que nous avions atteint le plafond de notre modèle, et que si nous voulions continuer à faire avancer le Racing et à le projeter dans une nouvelle dimension, nous devions nécessairement être accompagnés par une structure solide capable de soutenir notre développement et notre ambition“.
Qui est BlueCo, le nouveau propriétaire du Racing ?
Cette structure, c’est BlueCo. Un consortium américain d’investisseurs, qui comprend le fond Clearlake Capital, qui gère plus de 72 milliards de dollars d’actifs et représenté par Behdad Eghbali, mais aussi Todd Boehly, Mark Walter ou encore Hansjörg Wyss.
Niveau argent, ça pourrait participer aux championnats du monde de natation tellement ça brasse : que ce soit Boehly, Walter ou Wyss, ils dépassent tous les plusieurs milliards de dollar de fortune.
Côté sportif, BlueCo s’implante dans différents sports, et pas que le football. Si Chelsea représente leur porte d’entrée dans le sport européen, certains actionnaires de la structure sont propriétaires des Los Angeles Dodgers (MLB) ou encore des Los Angeles Lakers (NBA).
Quant au Racing, il semblerait que BlueCo ait dépensé 75 millions d’euros pour acquérir le club, soit moins que Wesley Fofana, défenseur de l’Équipe de France. Le consortium s’engage en outre, selon le communiqué de presse, à “préserver l’héritage du Racing et souhaite travailler en étroite collaboration avec Marc Keller et son équipe dirigeante afin de poursuivre l’excellent travail accompli“. Néanmoins, on le sait : les promesses n’engagent que ceux qui les croient.
Quel Racing la saison prochaine ?
Au-delà de l’arrivée des Américains à Strasbourg, ce qui compte, c’est le futur du Racing. Déjà, et c’est une bonne nouvelle : Marc Keller reste président du club, et il est toujours accompagné de son équipe dirigeante. Une stabilité bienvenue, même si le sort de Jean-Michel Aulas à Lyon, débarqué quelques mois après l’arrivée d’investisseurs américains, enjoint à la prudence.
Quoiqu’il en soit, Marc Keller et son équipe devront s’atteler au mercato d’été. Et là encore, ils devraient avoir une enveloppe conséquente pour s’atteler à construire une équipe compétitive pour jouer entre la 4e et la 8e place, le nouvel objectif. Pour le moment, l’Équipe parle d’un minimum de 25 millions, dans un article réservé aux abonnés.
Des millions qui ne seront pas de trop, et qui permettraient d’envoyer quelques messages à la concurrence. Sans BlueCO, impossible de garder Alexander Djiku ou Morgan Sanson, tauliers du maintien, voire Habib Diarra et Ismaël Doukouré. Les garder, et mieux les payer, montrerait que le Racing a les reins solides. Tout comme aller chercher des joueurs inaccessibles sous “l’ancien Racing”. Avec un risque cependant : surpayer des joueurs juste parce qu’on a plus d’argent, cela ne finit jamais bien.
Dans tout ça, une question demeure : avec quel entraîneur repartira le Racing la saison prochaine ? Frédéric Antonetti a sauvé le club, mais pas sûr du tout qu’il continue avec l’arrivée des nouveaux propriétaires. Le soutien, timide, de Marc Keller dans l’Équipe ou encore les premiers contacts pris avec Karel Geraerts, ex-entraîneur de l’Union Saint-Gilloise en Belgique, montrent que la poursuite de l’aventure du technicien corse est très loin d’être actée.
Comment réagissent les supporters du Racing ?
Dans toute cette situation encore un peu floue, l’état d’esprit des supporters et supportrices du Racing est compliqué à sonder. Entre la joie de voir le Racing jouer peut-être les premiers rôles et changer de dimension, la désolation face aux évolutions actuelles du monde du football, où l’argent fait tout, ou encore le constat des premiers résultats catastrophiques de Chelsea depuis l’arrivée de BlueCo, il y a de quoi alimenter les discussions.
Enfin, la plus grande peur reste sans doute celle de devenir seulement un club satellite de Chelsea, soit un club formateur sans ambition sportive, qui développe ses jeunes pour ensuite les envoyer en Angleterre. Sachant également que, pour le moment, deux clubs appartenant à une même entité ne peuvent pas disputer la même compétition européenne.
En tous les cas, de leur côté, les associations de supporters sont davantage inquiètes et vigilantes que ravies. Alors qu’elles avaient remis un document expliquant leur vision du futur du Racing à Marc Keller en février dernier, elles ont par la suite mené plusieurs actions en s’opposant au principe de multipropriété, soit quand plusieurs clubs sont possédés par une même entité.
Samedi 24 juin, elles ont également publié un communiqué intitulé “Nous, c’est le Racing club de Strasbourg et rien d’autre”. Elles y narrent les échecs passés, dont McCormack (déjà des Américains) puis Jafar Hilali, et annoncent analyser collectivement ce grand changement, et de mener des actions si nécessaires. L’été s’annonce chaud du côté du Racing.
