Cédric et Cyril collectionnent les maillots du Racing Club de Strasbourg depuis 30 ans. Les deux frères possèdent plus de 600 pièces, qui permettent de retracer l’histoire du club alsacien. Anecdotes, déceptions, prix exorbitants : à la veille de l’avant dernier match de la saison contre le PSG, ils nous racontent la passion qui les anime depuis tant d’années.
Quelques heures avant un match du Racing Club de Strasbourg à la Meinau, Cyril et Cédric me donnent rendez-vous pour me présenter leur collection. Après une longue discussion sur la situation sportive du club, mais surtout de son histoire, les deux frères ouvrent les boîtes renfermant les plus de 600 maillots, emballés soigneusement dans des petits sachets.
Les yeux grands ouverts, comme des enfants à Noël, les deux hommes déballent la collection débutée le 15 mai 1993. Cédric raconte comment cette passion a débuté, il s’en souvient « comme si c’était hier ».
« C’était un déplacement à Sochaux. On a joué en blanc ce jour-là. Il y avait Franck Leboeuf. À la fin du match, il s’approche de la tribune, on savait qu’il allait jeter son maillot. On ne s’est pas précipité. Il l’a jeté par-dessus tous les supporters et il est arrivé devant mes pieds. Il fallait faire vite. C’était formidable, fou, et ça a commencé comme ça avant de devenir une vraie addiction », sourit-il.
"Des fois, ta collection vaut plus chère que ta maison"
Devant les dizaines et dizaines de maillots déballés sur le canapé, Cédric et Cyril se remémorent des souvenirs, des anecdotes. Il y a des très vieux maillots, et des plus récents. Seul un expert du RCS reconnaîtrait toutes les tenues.
Au détour d’une conversation, l’un des frères sort un vieux contrat : « On n’a pas que des maillots, on a aussi des contrats de joueurs de 1950, à l’ancienne », explique-t-il. Toutes les pièces sont conservées minutieusement. Leur collection suit un fil conducteur depuis le début : l’histoire du Racing Club de Strasbourg.
Les deux hommes sont de véritables passionnés, et ça se voit. Malheureusement, le système actuel semble un peu saturé pour les collectionneurs : « À l’époque, c’était facile de trouver un maillot sur un marché aux puces. Il y avait de bonnes affaires à réaliser. Aujourd’hui, un gros business existe derrière. Il n’y a plus de bonnes affaires, uniquement un coup de chance », soupire Cédric.
Les deux frères déplorent les prix des anciens maillots qui montent en flèche. Pour eux, la valeur de ce bout de tissu n’a pas sens : « C’est devenu n’importe quoi, ça n’existe pas la valeur d’un maillot, c’est celle qu’on lui donne par rapport à nos souvenirs », explique Cyril.
En montrant un maillot porté en cinquième division par le RCS, il explique : « un maillot de CFA 2, ce n’est rien d’extraordinaire, mais ça raconte l’histoire du Racing. Et cette pièce a de la valeur à nos yeux. C’est ça qui fait la beauté des collections. Des fois, ta collection vaut plus chère que ta maison. Tu dis ça à un assureur, il ne va pas te croire et il ne saura pas faire », sourit Cédric.
Le cambriolage ou même l’incendie sont donc logiquement des craintes pour les deux hommes : « Ce n’est pas la perte financière qui nous fait le plus peur, mais surtout la perte de tout le travail effectué depuis 30 ans. C’est presque un travail à plein temps, de la sueur, des sacrifices». Pour ces raisons, les deux hommes ne souhaitent pas montrer leurs visages sur les photos.
En tout cas, les frangins ont un rêve : celui d’ouvrir un musée et d’y exposer toute leur collection.
« On veut en faire profiter toutes les générations, du plus jeune au plus vieux. Montrer l’évolution du textile, des sponsors… On aimerait vraiment centraliser notre collection strasbourgeoise pour en faire à terme un bon usage. Il faut que ce soit du partage, on ne veut pas garder égoïstement ce patrimoine dans les cartons. On souhaite expliquer à un petit gamin comment les footballeurs jouaient au football dans les années 60/70 », concluent-ils.
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