Niché au cœur du jardin des Deux-Rives, à la lisière de la capitale européenne, c’est LE festival à ne pas manquer. L’événement qui annonce le printemps. Le grand rendez-vous des Strasbourgeois(es). Ambiance intimiste et chaleureuse, programmation délicieusement éclectique, faut-il encore présenter le Pelpass Festival ?
Jeudi 18 mai, 18h. Arriver sur le site et sourire. Prendre quelques instants pour épouser la carte postale du regard. La tour et ses fleurs colorées qui balancent dans le vent. Les deux grands chapiteaux sous lesquels la musique résonne déjà. Et la foule des festivaliers qui déambulent. Les pieds dans le gazon, comme l’impression de revenir à la maison.
Flash. C’était il y a cinq ans. Fraichement débarquée dans la capitale européenne, je m’étais laissée traquenarder par un ami. “Ça te dit d’aller au Pelpass ce week-end ? C’est sympa, tu verras.” Je ne connaissais ni la programmation, ni les lieux – le jardin des Deux-Rives sonnait encore pour moi comme une sorte de No Man’s land situé à la frontière de la ville.
Mais la magie avait opéré. Pas dix pas sans croiser une connaissance. Des discussions avec des inconnu(e)s dans les files d’attente – parfois chaotiques. Des heures à musarder entre les grandes scènes pour finir par danser comme une folle devant les enceintes de la Militente. Un retour à vélo en zigzag. La plus grosse gueule de bois de la décennie. Un coup de foudre.
Strasbourg village : place centrale
Le Pelpass Festival est une histoire d’amour strasbourgeoise que je ne suis pas la seule à partager. “On y croise toujours du monde que l’on ne s’attendait pas à voir”, sourit Victor 31 ans, habitué de l’événement. “Tu te poses à un endroit, tu attends et tu vas forcément rencontrer des gens que tu connais, renchérit Raphi, 35 ans, troisième édition au compteur. Le Pelpass a ce côté fédérateur. C’est l’un des premiers événements strasbourgeois où l’on s’ambiance un peu au printemps.”
En effet. Il ne faut pas dix minutes avant de tomber sur les premiers copains. “Hey coucou ! Ça va bien ? Vous êtes là depuis longtemps ? Ça vous dit de boire une bière tout à l’heure ?” En une demi-heure, les invitations pleuvent. Se retrouver sera une autre paire de manches, sur ce site capable d’accueillir 3000 festivaliers.
18h15. Direction la scène B pour le concert de Bonbon Vaudou, attendu depuis de longs mois. Le duo commence piano piano avant d’enflammer le public de ses rythmes endiablés. Autour de moi, juste devant les baffles, un petit groupe de fans – dont je fais partie – se déhanche sur Suiv amoin mon dalon, Rituel ou encore Le pied dans la tombe, au groove entrainant. L’assistance est conquise. “C’est qui ça ?” demande une jeune femme à ses amis à la lisière de la tente.
Une programmation tournée vers l’émergence
Le Pelpass, c’est aussi ça : des découvertes. Le concert de Voyou terminé, je me surprends à hocher la tête en écoutant NeS – “Je n’aime pas trop ce style de rap, mais faut avouer que c’est vraiment pas mal !”. Le public est survolté : ça aide à se mettre dans l’ambiance.
Même chose du côté de la Militente ou le set de Zhar captive plus de monde que le chapiteau peut en contenir. “La Militente ? La minitente oui ! Hey le Pelpass, faudrait vraiment l’agrandir maintenant !” glisse une amie en riant. Je ne peux qu’acquiescer : la programmation y est toujours de qualité.
22 h 45. Retour à la grande scène pour voir atterrir un ovni. Robe de magicien sur les épaules et boule Tesla sur son chapeau bleu, Henge met le Pelpass en orbite avec son rock électro-psychédélique. Nouveau nom à ajouter à la playlist en rentrant. Nouvelle belle découverte.
“Un des trucs sympas avec le Pelpass, c’est sa programmation tournée vers l’émergence, glisse Clément, 28 ans, professionnel de la musique croisé au milieu du site. On y écoute beaucoup d’artistes que l’on retrouvera ensuite au Printemps de Bourges ou dans d’autres grands festivals les années suivantes.” Des pépites qui se feront un nom.
23 h. La tour éclabousse les transats de ses lumières colorées. Les festivaliers se prélassent sur l’herbe en papotant. Souvenir de soirées passées à écouter les derniers concerts d’une oreille en refaisant le monde avec des copains. Rigoler comme des bossus. Croiser, encore et encore, des connaissances qui s’asseyent à leur tour. Agrandir le cercle. Tanguer un peu au moment de repartir. Mais pas ce soir : qui veut tenir l’entièreté du Pelpass ménage sa monture.
"Un festival authentique"
Vendredi 19 mai, 19h. Retour sur le site, bondé cette fois. Le Pelpass affiche complet. On sent que le week-end commence vraiment pour beaucoup de festivaliers. Direction la scène B pour écouter le rock de Stuffed Foxes, découverts en écoutant la playlist du festival. Vous l’ignoriez ? Moi aussi, avant cette année, mais le Pelpass concocte un petit résumé de sa programmation à chaque édition. Voilà comment l’on peut se retrouver à chanter les paroles du Cœur des filles de A2H à tue-tête alors qu’on ne connaissait pas l’artiste il y a encore 48h.
21h. Petit creux dans la soirée. Le moment de se mettre en quête du diner. Si la foule est dense au Jardin des Deux-Rives, le site n’en reste pas moins impeccable. Les bénévoles sont à pied d’œuvre pour ramasser les quelques détritus qui traînent. Sur le pont, aussi, pour nettoyer les toilettes et s’assurer qu’il restera du papier pour toutes et tous. Le Pelpass peut compter sur une large équipe, fidèle au poste d’année en année. Gardienne d’un certain “esprit Pelpass”.
“C’est un festival authentique, juge Marie, grande festivalière croisée sous le chapiteau de la scène principale. Malgré leur succès, ils ont choisi de rester à taille humaine. De ne pas s’agrandir encore et encore. Le public est varié : il y a des familles avec des enfants, des jeunes, des moins jeunes.”
Ça se passe à Strasbourg
22 h 45. LE concert du Pelpass. LA date avec laquelle je bassine tous mes amis depuis des mois. Celle de Charlotte Adigery et Bolis Pupul, duo bruxellois découvert il y a plus d’un an. Je me souviens avoir cherché désespérément une date en France. Cet hiver, il n’y en avait qu’une à Paris. Ce printemps, le Pelpass est l’une des trois seules dans l’Hexagone. Le reste de leur tournée se poursuit à Dublin, Barcelone ou encore Glastonbury.
Un concert comme on les aime, avec autant d’énergie sur scène que dans le public. Bouchon dans les oreilles, je laisse les basses me déchausser les molaires, collée à la barrière devant la scène. Et je ne suis pas la seule à hurler entre chaque morceau. Alchimie collective. La fin du set arrive beaucoup trop vite au goût du chapiteau, mais le planning est serré : il n’y aura pas de rappel.
Le sourire aux lèvres, nouvelle promenade entre les tentes. Premiers godets. L’heure de ranger le carnet pour profiter. Pelpass, ô doux Pelpass, puisses-tu encore longtemps durer.