Débutés en 2022, les travaux de la Loupiote viennent de se terminer. Ce mercredi, Jeanne Barseghian, son adjointe Floriane Varieras et la sous-préfète Myriam Leheilleix étaient sur place pour présenter les rénovations de ce lieu d’accueil indispensable pour les familles sans hébergement à Strasbourg. Le lieu propose désormais des services de première nécessité sur trois étages, avec un nouvel espace cuisine et plusieurs douches supplémentaires.
Tous les jours du lundi au samedi, la Loupiote accueille les familles dans une situation d’extrême précarité. Souvent à la rue ou bien hébergés via le 115, ces enfants et leurs parents s’y rendent pour cuisiner, se laver, faire leur linge ou tout simplement souffler pendant quelques heures au chaud.
Située dans le quartier gare, la Loupiote est un repère indispensable dans le quotidien incertain des familles. Ouvert depuis 2017, le lieu a entamé une période de rénovation en 2022 pour devenir un tiers-lieu alimentaire, grâce à l’obtention d’une subvention de 280 000 euros du plan France relance. Aujourd’hui, les travaux sont terminés et les familles profitent déjà des nouveaux aménagements.
Un nouvel espace cuisine et des douches supplémentaires
Par le passé, le bâtiment accueillait plusieurs structures différentes. Il a donc fallu décloisonner le lieu, pour que la Loupiote puisse s’étendre sur quatre étages complets (dont un réservé aux bureaux, inaccessible au public).
Au rez-de-chaussée, l’espace est aménagé en lieu d’accueil où les familles peuvent s’installer, avec un comptoir auquel se présenter pour échanger avec les travailleurs sociaux présents sur place. Au premier étage, la Loupiote propose une salle de sieste accessible la demi-journée sur réservation. Dans la pièce, quelques tapis de sol sont mis à disposition ainsi que des couettes et des taies d’oreiller.
Juste à côté, un bureau permet de réaliser des entretiens avec les familles, pour connaître leur situation, établir un diagnostic social et de santé. C’est aussi dans cet espace que les infirmières de l’association l’Étage et la puéricultrice en PMI s’installent pour leurs permanences.
Au deuxième étage, cinq postes de cuisine avec un évier indépendant chacun, plusieurs hottes et un grand four viennent d’être installés. Qu’elles souhaitent cuisiner ensemble ou séparément, les familles peuvent utiliser des ustensiles mis à disposition, mais aussi se servir dans la réserve de denrées alimentaires. Lorsqu’elles sont hébergées à l’hôtel, certaines profitent de leur créneau de réservation pour préparer tous leurs repas de la semaine et les conserver dans des tupperwares.
Le troisième étage sert quant à lui de salle de jeux. Il peut être réservé par plusieurs familles pendant une demi-journée. Quand des ateliers sont organisés, les participants se retrouvent aussi dans cet espace plus vaste. Enfin au sous-sol, un dernier espace est aménagé et pas des moindres : le coin douches et buanderie. Alors qu’une seule douche était accessible auparavant, le lieu propose maintenant deux grandes douches familiales et une cabine individuelle. Et pour laver leurs vêtements, les familles peuvent utiliser les lave-linges et sèche-linges mis à disposition. Environ six machines tournent chaque jour.
“C’est un soutien physique et mental, un lieu de répit.”
Sur place pour inaugurer le lieu réhabilité, Jeanne Barseghian a rappelé l’importance d’un tel lieu, alors que le nombre de familles avec enfants qui se retrouvent à la rue augmente continuellement. La maire de Strasbourg a également salué l’engagement de l’équipe de la Loupiote : “Lutter contre la misère et les inégalités de santé et pouvoir permettre un accueil digne des personnes et en particulier des plus vulnérables, ça passe par des locaux, mais aussi par des personnes engagées.”
Le lieu compte sept salariés et une cheffe de service. “Depuis 2017 la loupiote a trouvé son nom et sa place dans le maillage territorial. Elle a aussi trouvé son équipe qui est au front au quotidien, au côté des familles. Intervenants sociaux, éducatrice spécialisée, éducatrice de jeunes enfants, infirmières, psychologues, etc.” précise Dorothée Hoeffel.
"C’est un nom qui qui se prononce bien dans toutes les langues. C'est un nom qui parle de détresse, de parcours longs, de traversée de frontières, de déserts, d'espoir aussi. Changer un bébé, laver son linge et maintenant cuisiner. Des gestes dans la vie normale d'une famille, dans un contexte qui ne l'est pas. C’est un soutien physique et mental, un lieu de répit. Les parents sont angoissés, parfois dépités, sonnés, en colère. La rue, la tente, le squat, c’est aussi cela, la parentalité en prend en coup. La précarité frappe fort, mais elle frappe en majorité les plus fragiles, les enfants.”
Si ces rénovations donnent un nouveau souffle au lieu, Dorothée Hoeffel ne se berce pas d’illusions. Durant les mois de février et mars, la Loupiote a battu son record d’affluence : jusqu’à 150 personnes sur une journée. Chaque jour, trois à cinq nouvelles familles se présentent au comptoir d’accueil. Avec des situations parfois extrêmes. Un père qui porte son enfant polyhandicapé à bout de bras qui est à la recherche d’un fauteuil, ou des parents avec un bébé d’à peine quelques jours.
Et puis quand le soir approche, l’ambiance se tend dans la salle du rez-de-chaussée. À 17h, la Loupiote ferme ses portes et les familles doivent quitter les lieux. Tous les jours, environ une douzaine de famille passent la porte sans avoir un endroit où dormir le soir même. “La question est complexe et internationale. Nous sommes lucides. Nous pensons que l’égalité de droit est à défendre, que l’hospitalité est à défendre. C’est un lieu de résistance où la cohabitation se construit par la participation de chaque personne.” conclut Dorothée Hoeffel.
Merci de ce reportage détaillant les nombreuses missions essentielles de la Loupiote ! Ce service est devenu indispensable à Strasbourg !