Les cigognes sont de moins en moins nombreuses à Strasbourg. Un patrimoine local en danger, que l’on peut retrouver quelques kilomètres plus loin aux abords de Shopping Promenade. On est allé parler à différentes cigognes pour comprendre ce changement d’habitudes.
Strasbourg patrie de la cigogne ? Peut-être plus pour très longtemps. Selon un dernier sondage de l’institut Informations factuelles… ou pas (IFOP), le nombre de majestueux échassiers blancs à migrer au centre-ville de Strasbourg est en constante diminution. À tel point que la Charente Maritime s’autoproclame désormais patrie de la cigogne.
Néanmoins, derrière cette réalité s’en cache une autre, peut-être encore plus inquiétante. Selon un comptage plus fin, il semblerait que les cigognes ne s’arrêtent plus vraiment à Strasbourg, mais plutôt vers Shopping Promenade. Une réalité qui a rapidement pris un tournant politique.
Plus de place pour plus de consommation
Si l’on se fie aux quelques témoignages de cigognes, une chose ressort : à Shopping Promenade, il y a plus de place. Selon Sixgogne* : « La grande roue, c’est quand même plus confortable pour faire son nid que le bâtiment de la FNAC ». Il faut dire que les 150 hectares du lieu en imposent, même en termes de verdure, selon Nongogne* : « Place Kléber, ils plantent 5 arbres, alors qu’il y a en a 35 000 d’annoncés à Shopping Promenade. Quand on doit réfléchir pour faire son nid, le calcul est vite fait ».
En outre, certaines cigognes semblent préférer le modèle de consommation proposée par la zone commerciale de Vendenheim. Pour Barygogne*, tout est réuni pour passer son temps en consommant : « Lorsqu’on a plusieurs cigogneaux, c’est plus facile de les emmener faire du bowling ou du karting, de leur acheter des vêtements ou de les emmener au fast-food dans la même journée ». À tel point qu’au lieu de migrer dans des contrées plus chaudes, certaines cigognes restent désormais toute l’année, comme si elles ne savaient plus où donner de la tête.
Des difficultés pour désormais accéder à Strasbourg
Derrière cet argumentaire s’en cache un autre : la supposée difficulté d’accès à Strasbourg. Selon Sigrogne*, cela fait toute la différence : « On dirait aujourd’hui que tout est fait pour nous décourager d’aller à Strasbourg. Stationner dans son nid est désormais payant à l’Orangerie, il n’y a même plus de bowling et on réduit les places de stationnement cigogne comme branche de chagrin ».
À ce sujet, la place de la Cigogne-Neuve concentre quelques critiques acérées, avec la suppression de places de parking. Pour Antigogne*, cela diminue la fréquence des commerces de centre-ville : « Ces parkings ne dérangent absolument personne, sont pleins et ils servent à énormément de personnes qui viennent faire leurs achats en ville. Les supprimer, ça dessert évidemment tous les commerces du quartier ».
Une réalité qui a pris un tournant politique
Très vite, lorsque le sondage est sorti, la sphère politique cigognale s’est emparée du sujet. L’opposition ne s’est pas fait attendre pour claquer du bec, protestant notamment contre une « idéologie anti-entreprises » de la part de la municipalité, résultant en des enseignes vides.
Dans un communiqué de presse commun, tous les groupes d’opposition dénoncent « la dégradation de l’image du centre-ville » de Strasbourg, avec « les commerces du centre-ville et de nos quartiers qui meurent à petit feu ». Une cigogne d’opposition a même publié une vidéo sur Facebec, le réseau social prisé de nos échassiers, pour dénoncer ce « coup de bec » envers les commerces.
Pour la municipalité en revanche, le claquement de bec est différent. Une cigogne adjointe déclare que volatiliser le plus possible le centre, en réduisant l’accès à la voiture, permettra au contraire d’améliorer la fréquentation des commerces du centre-ville : « C’est quand même plus agréable de voler à travers les arbres, de se poser cinq minutes sur banc et de flâner un peu plus ».
Elle insiste également sur le fait qu’avec le développement du tram aérien avenue de la Cigogne, c’est tout un secteur qui va pouvoir retrouver de l’apaisement, ce qui bénéficiera aux commerces : « Aujourd’hui, qui peut dire que la place Cigognie, ou l’avenue de la Cigogne sont agréables pour s’arrêter chez les commerçants ? ». Elle met enfin en avant le fait que les commerces strasbourgeois sont uniques en leur genre, et moins aseptisés que ceux qu’on peut parfois retrouver en-dehors de la ville.
S’il faut toujours prendre les résultats des sondages avec des pincettes, cet apparent abandon du centre-ville strasbourgeois par les cigognes se retrouve désormais souvent évoqué dans la vie politique locale. Un vrai enjeu pour le futur des commerces à Strasbourg, et notamment celui des porte-clefs cigognes.
*Tous les prénoms ont été modifiés
À force de faire des bêtises,cela vous pend au nez,au revoir.😭🤬