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40 millions d’usures : la réalité des Bains Municipaux de Strasbourg, un an et demi après ouverture

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Alors qu’ils ont ouvert leurs portes il y a un peu plus d’un an, les Bains Municipaux semblent déjà faire preuve de sérieux signes d’usure. On y est alors allé plonger une tête pour voir la réalité de l’intérieur. Et ce que l’on a vu nous a fait poser des questions au délégataire.

C’est l’un des projets strasbourgeois les plus emblématiques de ces dernières années. 40,22 millions de budget toutes taxes comprises, plusieurs acteurs qui chapeautent le projet, un nouveau spa et un espace bien-être… la rénovation des Bains Municipaux était très ambitieuse. Et de l’extérieur, elle fut très réussie.

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C’est pourquoi, sa réouverture le 8 novembre dernier après trois ans de portes fermées, a ravi de nombreux/ses Strasbourgeois(es), trop heureux/ses de retrouver leur piscine préférée au coeur de la Neustadt. Pourtant, malgré le prestige de l’extérieur, maintes fois mis en avant, il semble que le vernis semble légèrement craqueler à l’intérieur, à peine un an et demi après sa réouverture.

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C'est joli. © Nicolas Kaspar/Pokaa

Grand bassin, grand perdant

Avec la saleté, pas étonnant pour une piscine, c’est l’un des griefs qui revient le plus souvent lorsqu’on parcourt les avis sur les Bains Municipaux : l’usure marquée à l’intérieur du lieu, moins d’un an et demi après leur réouverture.

Lorsqu’on y est allé piquer une tête, la peinture des bancs des vestiaires était par exemple très largement écaillée, tout comme celle des portes. Au niveau des sols également, des dalles sont cassées, d’autres imbibées d’eau, tandis que de la moisissure apparaît à certains endroits. Par ailleurs, l’un des rares toilettes du grand bassin n’a plus sa plaque de commande.

Ces défauts d’usure remarqués sont particulièrement visibles au sein de la partie du grand bassin. Lieu de passage le plus fréquenté, il est normal de voir que les matériaux s’usent plus vite. Néanmoins, les travaux ne semblent pas avoir anticipé l’accueil d’autant de monde. Il y a en effet très peu de vestiaires disponibles pour se changer, ce qui tranche avec le nombre impressionnant de casiers tactiles.

D’ailleurs, les portes des vestiaires ne s’ouvrent pas totalement, ce qui peut rendre compliquée l’accès même dans la cabine. Il y a également bien trop peu de toilettes pour autant de passage. Enfin, un seul couloir mène des vestiaires aux douches, et il est tout sauf large. Tout cela mis bout à bout engendre immanquablement de l’attente et un blocage de passage, sans parler du manque d’intimité pour certain(e)s qui se retrouvent à devoir se changer dans le couloir.

Le grand bassin est donc le grand perdant dans l’affaire. Et c’est fortement dommage, puisqu’il représente souvent la piscine la plus proche pour de nombreux types d’usagers.

A contrario, l’espace bien-être situé au-dessus est bien plus aéré et plus pratique. Forcément, le prix d’accès est plus élevé, il y a donc moins de monde, plus de place, et l’usure n’est en aucun cas comparable, malgré quelques grosses marques d’humidité sur les carrelages.

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© Nicolas Kaspar/Pokaa

Aux Bains, la signalétique, c’est pas très pratique

Ce qui frappe également lorsqu’on rentre aux Bains Municipaux, c’est le manque de praticité de l’ensemble. On a déjà parlé des portes de vestiaires qui ne s’ouvrent pas totalement, et on peut également mentionner les coups de pied arrière perpétuels qu’il faut donner pour se doucher avant d’accéder au grand bassin.

Néanmoins, rien ne représente davantage ce manque de praticité que la signalétique mise en place. Pour être aimable, on pourra la qualifier de minimaliste. C’est simple : si c’est la première fois que vous venez aux Bains, vous aurez sans doute l’impression d’être dans un remake strasbourgeois du labyrinthe du Minotaure.

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Les traces de précédents arrachages. © Vivien Latuner/Pokaa

En d’autres mots, se faisant remarquer par sa presque absence, la signalétique peut nous perdre entièrement dans l’immensité du bâtiment, de presque 7 000m2. À ce sujet, le dédale de l’espace bien-être pour aller aux toilettes, fait de montées et descentes, confinent presque à l’absurde. Bref, il faudra plusieurs venues aux Bains pour s’y faire. Une signalétique labyrinthique, c’est pas très pratique.

Pour la SPL Deux Rives, tout va bien

Après avoir expérimenté tout cela, on avait quelques questions à poser aux responsables du projet. Si Eiffage n’a pas donné suite à nos sollicitations, la SPL Deux Rives a elle accepté de nous répondre, par la voix du chef de projet. Et à les entendre, il ne semble pas y avoir de problèmes : « Les travaux réalisés ont dans l’ensemble été bien accueillis par le public, et la fréquentation de l’établissement sur l’année 2022 s’est élevée à un peu plus de 260 000 visiteurs ».

Vu leur conviction quant au succès des lieux, il aurait peut-être mieux fallu anticiper le passage qu’un tel succès allait engendrer. Et donc décider de miser sur des matériaux durables plutôt que sur des matériaux qu’il faut régulièrement changer. On pense notamment aux toilettes, « où les éléments défectueux, sous garantie, ont été remplacé le 16 janvier dernier » selon la SPL Deux Rives. Sauf que le 28 février, date à laquelle nous sommes allés aux Bains, la plaque de commande n’avait toujours pas été changée.

Enfin, niveau humidité, le chef de projet relève « quelques sujets ponctuels de condensation pour lesquels des solutions sont en cours d’étude ». Quant aux peintures, il rappelle également que « l’entreprise en charge de ces travaux a fait l’objet d’un appel en garantie de parfait achèvement et doit réaliser les reprises nécessaires ». Sauf que ces travaux ne peuvent être réalisés que lors de l’arrêt technique annuel de l’établissement. L’an dernier, ce dernier avait duré huit jours, du 31 octobre au 7 novembre. On peut donc encore attendre.

La difficulté de composer dans un bâtiment classé

Pour se justifier, la SPL Deux Rives met en avant une contrainte de taille : travailler dans un monument historique. Et s’il est beau de l’extérieur, et même à l’intérieur, il rend également plus compliqué certaines choses. Selon le chef de projet : « Le choix initial de conserver, pour autant que faire se peut, les éléments les plus remarquables d’un point de vue patrimonial a conduit à conserver certains matériaux d’origine, quand bien même les équivalents actuels auraient pu être plus adaptés à cet environnement particulier qu’est celui d’une piscine ».

Même problème côté signalétique : « Le choix initial a été de mettre en place une signalétique discrète respectueuse des espaces classés ». Néanmoins, comme l’aveu à demi-mot ci-dessus, le chef de projet reconnaît quelques insuffisances : « À l’usage, cette signalétique apparait néanmoins insuffisamment intuitive, en particulier pour un utilisateur fréquentant l’établissement pour la première fois. Une agence de communication a été missionnée en vue de d’améliorer la signalétique actuelle ». Affaire à suivre.

Les Bains Municipaux sont une très belle vitrine de l’architecture strasbourgeoise et permettent à de nombreuses personnes de bénéficier d’un accès à une piscine en bordure de la Grande-Île, dans un cadre prestigieux. Il est donc regrettable de constater une usure bien entamée, encore plus dans les endroits les plus fréquentés par les Strasbourgeois(es).

Cela pose en outre la question du futur des Bains : car si une telle usure existe après un an et demi, qu’en sera-t-il dans 5/10 ans ? Faudra-t-il changer/remplacer les matériaux dès qu’ils cessent de fonctionner ? Faudra-t-il démarrer de nouveaux travaux, avec un nouveau budget ? Pour un aussi beau projet, il est dommage de se questionner si tôt de son avenir.

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Commentaires (18)

  1. Eh oui malheureusement nous ne sommes pas en Allemagne,il suffit d’aller à Baden regarder comment les altes friedriechsbad sont entretenus et comment Carracalla vieillit bien .Chez nous c’est beaux les premiers et tout se dégrade très vite à l’image de la gare et de ses galèries .

  2. Je confirme tous les points qui ne datent pas de hier car nous y étions l’été dernier ! L’article résumé en tout pas la galère pour comprendre le cheminement, le fonctionnement des douches, le manque de cabines , le seul toilette cassé, les joints, etc…très déçus

  3. Rien d’étonnant si c’est Eiffage qui a réalisé les travaux. Une catastrophe, ils ne savent (ou ne veulent) rien faire correctement et radinent sur tout !
    C’est dommage… surtout avec l’enveloppe allouée.

  4. J y vais régulièrement et me retrouve dans toute la description faite dans l’article. J’y ajoute un ménage très aléatoire… dommage c’est un lieu mythique.

  5. Les Bains strasbourgeois sont une pépite locale, notre patrimoine commun, fréquentée comme rarement par toutes les générations et classes sociales. Exigeons de la collectivité qu’elle en prenne soin et en améliore la gestion (le cahier de doléances n’existe plus mais on peut faire ses remarques sur par internet). Effectivement un p’tit voyage outre Rhin s’impose où l’entretien des bains se fait dans la continuité (Caracalla ne ferme que 2 jours pour Noël) et les budgets de maintenance sont à la hauteur

  6. Je suis entièrement d’accord avec tout ce qui est rapporté dans cet article. J’ajouterai également que on ne peut pas accéder à cette piscine avec la carte d’abonnement des piscines de la ville: il faut donc s’acquitter d’une entrée à plus de 5€… bien trop cher payé pour ce que c’est. Très mauvais expérience: je n’y mettrai plus les pieds!!

  7. J’ai visite avec mon mari les bains en février, nous venons d’Annecy (74). Nous sommes amateurs de thermes dans divers pays. Les bains sont magnifiques et proposent une offre riche. Patrimoine exceptionnel. On aimerait qu’Aix les Bains remette ses thermes historiques ds le même esprit. Ils sont fermés depuis des années.
    Ok sur la signalétique déficiente. Je me suis perdue x fois… 😆

  8. Pour ma première visite, nous nous sommes retrouvés à nous changer dans un espace dont nous avons découvert ensuite qu’il était prévu pour les familles et les personnes handicapées. Ce qui n’était pas indiqué sur la porte..
    La suite a ensuite relevé du jeu de piste. Collectif. Heureusement, les personnels nous ont aidé quand nous les avons sollicités. Mais c’était un moment de faible affluence.

    L’argument selon lequel on a limité la signalétique pour ne pas dénaturer le cadre m’amuse. Si c’est la raison, il suffirait de créer de jolis panneaux dans le style de l’époque.

  9. Bravo pour votre article ! Je me suis fait les mêmes remarques consternantes en allant à la piscine extérieure et assister à un cours de gym: la rénovation n’a pas été réfléchie par rapport à l’usage, les matériaux ne sont pas adaptés et aucun entretien. C’est très sale et le personnel n’est pas à la hauteur. La signalétique est nullissime tout comme le planning des cours ou le site web. Les associations de sauvegarde du patrimoine peuvent émettre des souhaits mais il faut laisser faire les professionnels. Là c’est un véritable gâchis sur toute la ligne et j’habite à côté, je me réjouissais de pouvoir m’y rendre mais mes 2 expériences malheureuses m’ont vite fait changer d’avis. Quel dommage de gâcher ainsi le patrimoine et l’argent public !

  10. Pas de quoi changer les bébés, et une entrée qui n’accepte pas la carte des piscines de l’Eurometropole donc obligé de payer en plus…. plus tout le reste décrit dans l’article!
    1 fois mais pas 2

  11. Un lien possible entre les dernières révélations concernant la direction et le turn over du personnel et l’état des bains ? Allez les journalistes en herbe, c’est facile comme enquête 😉

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