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“Le textile est une excuse pour faire de l’insertion” : à Strasbourg, les dons de vêtements créent des emplois

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Que ce soit pour des raisons économiques ou encore écologiques, s’habiller avec des vêtements de seconde main n’a jamais été aussi tendance. Pourtant ce n’est pas nouveau : depuis des années, des associations d’Alsace et d’ailleurs œuvrent pour éviter la poubelle à nos vêtements en les collectant, les triant et les revendant. Grâce à ces activités, ces structures permettent à des personnes éloignées du monde de l’emploi de reprendre le chemin du travail et de se former, tout en les accompagnant socialement. Reportage.

Face à la multiplication des bornes de collecte et afin d’assurer plus de transparence aux donneurs, l’Eurométropole a signé en 2016 un SIEG, Service d’Intérêt Économique Générale.

Désormais, quatre structures signataires, partenaires de l’Eurométropole, disposent de bornes de collecte réparties sur tout le territoire : Emmaüs Mundo, Horizon Amitié, Le Relais Est et Vetis. Toutes ont pour objectif de favoriser le réemploi des textiles tout en donnant une nouvelle chance à celles et ceux qui en ont besoin.

Nous sommes allés à leur rencontre pour en savoir plus sur leur fonctionnement et leur spécificité.

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À Emmaüs Mundo, un atelier de couture pour favoriser le recyclage et l'insertion professionnelle

Emmaüs Mundo est une structure d’insertion, spécialisée dans la collecte, le tri et la revente d’objets de seconde main : la collecte de textile est dans les gênes du mouvement Emmaüs. À l’origine ils étaient des chiffonniers, rappelle Thierry Khun, directeur d’Emmaüs Mundo.

La structure, dont l’objectif est de permettre à certain(e)s de renouer avec le monde actif, est actuellement en pleine évolution. Elle s’est installée dans de nouveaux locaux à Bischheim et compte continuer sa progression : “Notre objectif est désormais de doubler la collecte et donc doubler les emplois”, précise le directeur. Chaque semaine, l’association collecte les vêtements déposés dans ses bennes, mais reçoit également de nombreux dons directement dans ses locaux. Emmaüs Mundo propose ainsi l’achat de vêtements de seconde main directement dans ses boutiques.

Emmaus Mundo (1)
© Mathilde Piaud pour Pokaa

Le lieu a également mis en place, récemment, un atelier de couture où certains vêtements connaissent une nouvelle vie : “Il y a trois ans, Zoé est venue nous voir. Elle souhaitait faire un projet de design textile, mais avec une dimension sociale”, explique Thierry Khun. Zoé travaille avec une équipe de cinq salariés en insertion, ayant une aptitude pour la couture ou simplement l’envie d’apprendre, mais aussi deux bénévoles. Ils créent ensemble des vêtements à partir de pièces issues des dons. “Ce sont des choses qui ne peuvent pas être vendues en boutiques. Par exemple, les costumes ou chemises d’homme sont toujours abîmés aux mêmes endroits”, détaille-t-elle.

Une fois transformées, les nouvelles pièces sont ensuite vendues en boutique ou sur le site patchworker.fr. C’est la même équipe qui s’occupe du coin de vente mercerie, où est vendu tout le nécessaire pour le tricot ou encore la couture mais aussi des pièces vintages. Et cet espace semble plaire : “Il y a des personnes âgées qui viennent pour retrouver ce que l’on trouvait avant dans les merceries, mais aussi des jeunes qui ont un intérêt croissant pour ces activités manuelles”, constate Zoé.

Emmaus Mundo (10)
© Mathilde Piaud pour Pokaa
Emmaus Mundo (14)
© Mathilde Piaud pour Pokaa

Le nouveau local de vente d’Emmaüs Mundo a été divisé par espaces thématiques. Celui dédié au textile est géré par Carine, l’encadrante technique de l’équipe.  Sur les portants, les vêtements sont triés par genre mais aussi par couleurs : On essaye de mettre en place la même organisation que dans les magasins classiques. Ça permet aux salariés qui ont décidé de travailler dans la vente ensuite de s’habituer”, explique Carine.

Il y a, par exemple, une vendeuse qui aimerait devenir responsable de magasin. Je lui donne alors plus de responsabilités.” Et d’ajouter : “On les aide à reprendre le fil et à se remettre sur la route. Il y a différents profils de personnes. L’une d’elles était, par exemple, professeur dans son pays mais son diplôme n’est pas reconnu ici.

Ici, sont vendus les articles issus des dons apportés directement sur place ou récupérés au domicile des particuliers. Les dons déposés dans les bornes installées à travers l’Eurométropole et collectés une fois par semaine, sont eux transmis au Relais Est.

Chez Horizon Amitié, de la collecte de textile pour former à différents métiers

Lors de sa création en 1973, l’association Horizon Amitié avait pour vocation d’offrir un toit aux anciens détenus ou délinquants. Elle a ensuite évolué afin de venir en aide à toutes les personnes en difficulté sociale. Pour ce faire, en 2003, la structure a créé le chantier d’insertion SOLIBAT, permettant à certaines personnes exclues du marché du travail de retrouver le chemin de l’emploi.

65 salariés y sont aujourd’hui en CDDI (contrat à durée indéterminée d’insertion) et bénéficient d’un accompagnement. “Il ne s’agit pas que d’avoir un travail mais d’apprendre les codes de l’entreprise, monter en compétence et se défaire des freins à l’emploi”, explique Maryline Wilhelm, directrice du pôle insertion par l’activité économique. L’association propose ses services dans les domaines du BTP, de la peinture, du nettoyage, de la voirie et, depuis 2009, dans la collecte de textile.

Horizon Amitié (1)
© Mathilde Piaud pour Pokaa
Horizon Amitié (8)
© Mathilde Piaud pour Pokaa

Six salariés en insertion, accompagnés d’un encadrant technique, effectuent du lundi au vendredi la collecte des 105 bornes de collectes de l’association. 68 se trouvent sur le sol de l’Eurométropole. En 2022, ce sont au total 305 tonnes de textile qui ont ainsi été collectées. Ce mardi matin, Mustafa et ses collègues terminent leur matinée de collecte à la Robertsau. Après avoir ouvert le conteneur, ils remplissent leur camion.

Ils sont ainsi formés au métier de livreur ou transporteur. Ils ont aussi des formations pour l’écoconduite, ce qui représentera un avantage lorsqu’ils postuleront sur le marché du travail”, explique Maryline Wilhelm. Le contenu des camions est ensuite transvasé dans des semi-remorques, livrés à l’entreprise solidaire KFB, dans le Nord de la France, qui s’occupe de son tri. Les conteneurs sont entretenus et rénovés au sein des ateliers d’Horizon Amitié, à Strasbourg.

Horizon Amitié (5)
© Mathilde Piaud pour Pokaa

Depuis quelques semaines, l’association travaille au développement d’une nouvelle activité : une boutique textile itinérante. “On souhaitait créer une nouvelle activité qui soit solidaire et permette d’apprendre de nouveaux métier. On a pensé à la boutique voyageuse, explique Maryline Wilhelm. L’idée c’est de récupérer des dons, puis de faire de la vente itinérante auprès de personnes qui n’ont pas beaucoup de moyens. Aller, par exemple, dans les centres d’insertion ou socioculturels proposer ces pièces et pourquoi pas ensuite dans des entreprises ou des Ehpad.

Cette nouvelle activité a permis la création de quatre nouveaux postes. Ces nouveaux salariés s’occupent ainsi du tri des vêtements récupérés, de leur stockage puis de leur vente. “Je faisais de la vente dans mon pays, explique l’une d’entre elle, tandis qu’elle s’occupe du tri d’un carton dans une petite salle réquisitionnée pour l’occasion. En France, j’aimerais avoir ma propre boutique de vêtements.” Et Maryline Wilhelm de conclure : “Ici, l’humain prend soin des objets mais quelque part, l’objet aussi prend soin de l’humain.

Au Relais Est, créer de l’emploi au niveau local et donner une nouvelle vie aux vêtements usagés

Le Relais Est est une société coopérative (SCOP) créée en 1994 et installée à Wittenheim dans le Haut-Rhin.  Son objectif est de créer des emplois en insertion pour les personnes exclues du monde du travail en Alsace et Franche-Comté. En 2022, ce sont 7000 tonnes de textiles qui ont été récoltés à travers les deux régions, permettant aux salarié(e)s de se former à différents métiers tels que ceux de chauffeurs, manutentionnaires ou encore vendeurs/vendeuses. 

Le Relais Est (9) recyclage textile
© Mathilde Piaud pour Pokaa
Le Relais Est (12) recyclage textile
© Mathilde Piaud pour Pokaa

La quinzaine de chauffeurs du Relais Est collecte de manière hebdomadaire les sacs de vêtements et textiles déposés dans les 1600 bornes situées en Alsace et Franche Comté. Une fois arrivés au centre de tri de Wittenheim, les sacs sont vidés puis triés méthodiquement à la main, grâce à une chaîne de tri bien rodée et une cinquantaine de salariés. 58% des vêtements récupérés seront réemployés (6% revendus en friperie, 52% exportés via le groupement TESS).

Les vêtements dont l’état ne permet pas le réemploi seront transformés sur place en chiffons (9%), effilochés et valorisés notamment en isolant thermique (21%) ou encore transformés en combustible (10%). Au total, la SCOP emploie 170 salariés dont 40% en insertion.Notre vocation est de créer de l’emploi au niveau local”, explique Anne-Sophie Landié, responsable communication.

Le Relais Est (5)
© Mathilde Piaud pour Pokaa
Le Relais Est (4) vetement fringue
© Mathilde Piaud pour Pokaa

Pour donner une nouvelle vie à certains vêtements présentant des défauts, le Relais Est a créé Les Surcyclés : une équipe de quatre personnes y créent des collections de vêtements à partir de pièces récupérées lors des collectes.Le but est de revaloriser ce qui ne part pas en boutique en les retravaillant”, explique-t-on. Couture, peinture… Les vêtements sont transformés en pièces tendance avant d’être revendus.

Le linge de maison devient par exemple un kimono : “Il y a un côté arty, citadin”, expliquent Clara, Djudis, Camille et Lisa, dans le bureau ce jour de janvier. Pour la réalisation des pièces, Le Relais Est travaille avec deux structures locales : La Petite Manchester, un atelier d’insertion situé à Mulhouse et l’ESAT des Papillons Blancs, situé à Didenheim.

Le Relais Est (21)
© Mathilde Piaud pour Pokaa

Le Relais Est possède neuf boutiques Label Fripe et deux boutiques Léopard, où sont revendus une partie des vêtements triés à Wittenheim. Une cinquantaine de personnes y travaillent , permettant à certain(e)s de se former aux métiers de la vente. C’est aussi l’une des principales sources de revenu de la SCOP. “Il y a une notion de rentabilité mais pas de profit. Tout est réinjecté, notre but est de créer de l’emploi”, assure Anne-Sophie Landié.

À la boutique Léopard de Vendenheim, cinq personnes sont employées dont quatre en insertion : C’est un endroit qui permet aussi aux petits budgets de trouver des vêtements impeccables. Les prix sont environ cinq fois moins chers que du neuf, détaille Anne-Sophie Landié en marchant au milieu des allées de vêtements. “Ce ne sont que des dons de la région, qui ont été triés à Wittenheim, c’est donc de l’économie locale”, précise la responsable communication.

Chez Vetis, du tri à la vente de vêtement, avec un accompagnement personnalisé

L’association Vetis est née il y a 29 ans, avec un objectif : l’insertion professionnelle. L’an passé, l’association a collecté et trié 730 tonnes de textile et ainsi permis la formation de chauffeurs/livreurs, de manutentionnaires, de vendeurs et vendeuses, de préparateurs de commandes mais aussi de couturiers et couturières.On teste des choses, on se développe. Le textile est une excuse pour faire de l’insertion, peut-être même qu’un jour on fera autre chose”, réfléchit Florent Letoquart.

Les salariés en insertion bénéficient d’un accompagnement personnalisé : cours de français, aide pour trouver un logement, un projet professionnel, une formation ou encore des stages découverte. Ils et elles ont deux ans pour reprendre pied et trouver leur voie, notamment grâce à Solim, accompagnante sociale et professionnelle.

Vetis (5)
© Mathilde Piaud pour Pokaa
Vetis (8)
© Mathilde Piaud pour Pokaa
Vetis (3)
© Mathilde Piaud pour Pokaa

Dans l’atelier situé à Illkirch-Graffenstaden, les collecteurs / livreurs, apportent le contenu des bornes situées à travers l’Eurométropole. Les sacs sont ouverts et un premier tri par catégorie est effectué : d’un côté les chaussures, d’un autre les manteaux mais aussi les vêtements enfants dans un chariot, ceux pour femmes puis pour hommes dans d’autres.

Dans une deuxième pièce, les trieurs sont à pied d’œuvre pour affiner le tri en fonction de l’état des vêtements mais aussi des tailles, des saisons et des marques. À côté, à l’atelier chiffon, Abdulla, s’occupe de la découpe de chiffon dans du linge de maison. Ces morceaux de tissu seront vendus à des entreprises tels que des garages. : “Normalement je travaille sur les chantiers mais j’ai des problèmes de santé. Je suis venu ici le temps de régler mes problèmes”, témoigne-t-il.

Vetis (17)
© Mathilde Piaud pour Pokaa

À l’étage, l’atelier couture, délaissé pendant un temps, a repris du service en 2020 avec la demande de masques et de blouses. Désormais, il permet d’effectuer des retouches sur certains vêtements collectés. Depuis l’an passé, il est aussi devenu un studio de création. Marie-José, modéliste et styliste, y encadre cinq salariés :  “Il faut qu’ils aient une compétence ou une véritable envie d’apprendre à coudre”, explique-t-elle. Une collection a déjà été produite à partir des pièces trouvées lors des collectes. Les pièces, toutes uniques, sont ensuite vendues dans la boutique de Vendenheim.

Vetis (9)
© Mathilde Piaud pour Pokaa

Les vêtements collectés sont quant à eux vendus dans l’une des quatre boutiques Vetis. La boutique située à Esplanade, à Strasbourg, propose notamment de la seconde main mais aussi des pièces neuves données par la marque Kiabi, partenaire de l’association. Les prix sont définis à partir d’un barème préalable, en fonction des marques notamment. Une étape permettant de se familiariser, là encore, avec les tâches classiques d’une boutique de prêt-à-porter.


Pour rappel, si vous aussi, vous souhaitez déposer vos vêtements et autres textiles dans l’une de ces bornes, il est impératif de les placer dans des sacs en plastique fermés afin qu’ils ne soient pas endommagés. Les points de collecte sont à retrouver ici. Le nom de l’organisme collecteur est indiqué sur la borne et un logo “Conteneur Agréé” de l’Eurométropole y figure généralement.

Article soutenu mais non relu par la Ville de Strasbourg et l'Eurométropole

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