Alors que le droit à l’avortement a été considérablement remis en question aux États-Unis ces derniers mois, ce mercredi 23 novembre, l’ONG chrétienne conservatrice European Centre for Law and Justice organise une conférence anti-avortement dans la salle Weiss du Parlement européen. Plusieurs intervenants seront présents, comme Margarita de la Pisa Carrión, députée espagnole membre du parti d’extrême-droite Vox, des représentants de l’ECLJ et de l’organisation chrétienne américaine American Center for Law & Justice. Un rassemblement de militantes féministes est prévu pour protester contre la tenue de l’événement.
Alors que treize États américains ont déjà prévu des lois contre l’avortement suite à la révocation de l’arrêt Roe vs Wade en juin dernier, en France, une proposition de loi déposée par LFI visant à inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution vient d’être adoptée par la commission des Lois de l’Assemblée nationale.
Ce mercredi 23 novembre à 18h, la salle Weiss du Parlement européen accueille une conférence intitulée “S’opposer à l’avortement aux États-Unis et en Europe : la voie à suivre”. L’événement est organisé par l’European Centre for Law and Justice (ECLJ), une ONG chrétienne et conservatrice installée à Strasbourg.
Dans une vidéo intitulée “Pourquoi l’IVG n’est pas un droit fondamental”, le directeur de l’ECJL Grégor Puppinck, qui se présente comme un juriste, explique notamment que l’avortement n’est pas un droit et que réduire son recours à l’avortement est un devoir “pour le bien des femmes, des enfants et de toute la société.”
Il fait partie des intervenants de l’événement, aux côtés d’Andrew Ekonomou, un avocat ayant travaillé au sein de l’équipe juridique de Donald Trump et conseiller principal de l’organisation conservatrice américaine American Center for Law & Justice (ACLJ). Margarita de la Pisa Carrión, députée européenne et membre du parti d’extrême-droite espagnol Vox sera également présente.
Un rassemblement pour protester contre la tenue de l’événement
Pour Nina*, membre des Colleur.ses féministes de Strasbourg, l’organisation d’un tel événement est inacceptable : “Comment peut-on accepter que de telles discussions se tiennent à cet endroit ? L’IVG est un droit fondamental, il fait partie du droit à disposer de nos corps. C’est un droit qui est sans cesse remis en question, et nous trouvons cela inquiétant que cette remise en question puisse se faire jusque dans le Parlement Européen.”
Selon la militante, le droit à l’IVG est de plus en plus menacé et la France est loin d’être à l’abri : “Quand on parle d’un danger pour le droit à l’IVG, on parle de quelque chose de concret, qui peut arriver en France aussi. On a peur, parce qu’on voit que les mouvement anti-avortement prennent de l’ampleur. On ne le répétera jamais assez, l’interdiction de l’accès à l’IVG tue. Mais on est surtout en colère que des gens se permettent ainsi de commenter ce qu’on devrait faire ou ne devrait pas faire de nos corps, alors que cela ne concerne que nous.”
“Presque 50 ans après la victoire des féministes à propos de l’IVG, on en est encore là.” regrette Delphine*. La colleuse ajoute “Et symboliquement, c’est également puissant que Simone Veil qui a largement contribué à la dépénalisation de l’avortement en France a été élue la première présidente du Parlement européen élue au suffrage universel direct, donc elle doit clairement se retourner dans sa tombe.”
Plusieurs militantes féministes seront présentes ce soir, devant le Parlement européen, pour protester contre la tenue de cet événement. “Nous avons été immédiatement ahuries qu’un tel événement puisse se tenir cette semaine, qui culmine symboliquement le 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.” pointe également l’une d’entre elles.
*Le prénom a été modifié.