Depuis le mois d’août dernier, Clément, un jeune Fegersheimois de 27 ans, sillonne les routes alsaciennes à l’aide de son camion-bar ambulant. Son but ? Partir à la rencontre des habitants et habitantes des villages dans lesquels les bistrots ont disparu. Dans ces petits bourgs, où il n’y a parfois plus aucun commerce, Clément apporte un peu de convivialité et de gourmandise à coups de pintes de bière, de planchettes et de tartes flambées.
Bistrot de Villages : c’est le nom que Clément a donné à son camion, un bolide coloré et équipé d’une tireuse, d’un bar, et même d’un four à tartes flambées. Au volant de son véhicule, il part chaque jour à la rencontre des Alsaciens et des Alsaciennes dans 8 petits bourgs de quelques centaines d’âmes, des lieux dépourvus de bistrot et donc amputés d’une partie de leur convivialité.
Pour Clément, c’est une toute nouvelle aventure qui commence et ses deux premiers mois d’activité l’ont convaincu que les Alsaciens et les Alsaciennes répondent présent(e)s lorsqu’il déploie ses chaises et ses tables sur la place du village. On l’a rencontré, juste avant la fin de sa saison prévue pour le 7 octobre, afin qu’il nous parle de son aventure, ou plutôt de ses aventures, parce que même en hiver, Clément ne va pas chômer.
Une idée née d’un besoin de reconnexion et d’un retour aux sources
À la suite du Covid, après une prépa, une école de commerce, et plusieurs années parisiennes passées à charbonner pour le groupe TF1, Clément a eu besoin de changer de vie. Les confinements successifs, passés à Fegersheim chez ses parents, ont fini de le convaincre qu’un retour aux sources et aux plaisirs simples était nécessaire. Et puis, l’idée d’évoluer professionnellement et humainement dans la capitale ne le faisait définitivement plus rêver, alors il a eu une petite idée.
« Quand le premier confinement est arrivé, j’ai retrouvé la maison de mes parents, la verdure de mon village et les grands espaces. J’avais besoin d’améliorer ma qualité de vie et surtout, de revenir à des choses simples et à une certaine proximité avec les gens que j’aime. Alors, j’ai posé ma démission, j’ai déménagé à Strasbourg, et j’ai réfléchi à un métier qui me permettrait d’être au contact de gens, et quoi de mieux pour cela que de leur servir à boire et à manger. J’ai d’abord essayé d’ouvrir un bar à Strasbourg entre 4 murs, mais finalement, au vu des difficultés à s’implanter lorsque l’on est personne et que l’on n’a pas un grand groupe derrière soi, j’ai ouvert mon bar entre 4 roues ».
Un bar itinérant qui va au plus près des habitants
Pendant sa tournée, Clément arrive aux alentours de 16h sur la place du village, déballe ses tables et ses chaises, et installe un véritable petit bistrot à ciel ouvert. Il propose des bières pression, des petites planchettes et des tartes flambées. Il y a là tout ce qu’il faut pour apporter un peu de convivialité dans ces petits villages de 400 à 1500 habitant(e)s. Un bon remède à la solitude, la distance ou encore à l’isolement : car ces villages, qui autrefois s’animaient dans et autour du bistrot, sont aujourd’hui des villages dortoir où, souvent, même la boulangerie a disparu.
Alors, lorsque Clément arrive, que les premières odeurs de tartes flambées embaument les rues, ce sont toutes les générations qui se regroupent autour de son camion pour trinquer, discuter et partager des moments tous ensemble. Parfois, plus de 20 % du village est présent, et même lorsque que le temps se gâte comme en ce moment, et que la saison se termine, il suffit d’un échange et d’un client pour que la mission du jour soit accomplie. « Des fois, c’est très dur, et c’est beaucoup de travail. Mais quand tu doutes et que, comme ce soir, deux petites mamies arrivent, discutent avec toi, s’installent en mangeant une planchette et en buvant une bière toutes les deux, c’est gagné. C’est pas comme ça que je vais faire mon beurre, c’est certain, mais je m’en fiche. C’était peut-être leur seul moment de convivialité de leur journée. »
En deux mois d’exploitation, la popularité du camion vintage et de Clément a traversé les villages de toute l’Alsace et a inspiré beaucoup de gens. Aujourd’hui, il n’a qu’une hâte, c’est d’être au printemps prochain et de partir à nouveau sur les routes pour une saison estivale complète.
Mais l’hibernation n’est pas pour autant au programme : dès le 31 octobre, Clément s’installera sur 6 marchés alsaciens (qui fonctionnement sur des créneaux d’après-midi, c’est mieux pour boire des bières). Et si vous voulez profiter du camion rien que pour vous, pour un quelconque événement, Clément privatise également son Bistrot de Villages, toujours avec le même plaisir.