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Invisible il y a quelques années, la culture voguing fait sa place à Strasbourg

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Ces dernières années le voguing s’est fait une place et a su convaincre de plus en plus d’adeptes à Strasbourg. Aujourd’hui, entre les workshops organisés lors d’événements, les représentations, les cours et les Balls, vous avez certainement déjà entendu parler de cette danse créée par communauté LGBTQI+ latino et afro-américaine dans les années 70. Et si le voguing a pris autant d’ampleur dans notre ville, c’est notamment grâce à une danseuse : Ksu Labeija, de la House of Labeija, qui a su faire découvrir cette culture à de nombreux Strasbourgeois(es). 


D’origine ukrainienne, Ksu Labeija commence à “voguer” en 2011 dans son pays d’origine et tombe rapidement amoureuse de la culture voguing. “Avant ça, j’ai fait de la danse classique, du patinage artistique, du contemporain, du break. À l’époque il n’y avait pas beaucoup d’info sur le voguing, j’avais juste vu des vidéos, des clips, ça me plaisait visuellement.” se souvient Ksu. Elle commence alors à s’entraîner avec d’autres passionnés et ensemble, ils parviennent à inviter des fondateurs du style, organisent des festivals et des compétitions avec des danseurs originaires des États-Unis : “Ils nous ont enseigné non seulement les pas, mais aussi la culture, d’où ça vient, etc. Je suis devenue très très engagée j’ai participé à toutes les catégories, tout m’intéressait je voulais tout apprendre.

Ksu Labeija.
© Mathilde Piaud / Pokaa


Lors d’un ball – NDLR. une compétition – à Saint-Pétersbourg, Ksu est officiellement invité à rejoindre la célèbre House of Labeija par le père de la House lui-même, Tommie Labeija. À l’époque, la jeune danseuse a seulement 14 ans et fait déjà son entrée dans l’une des plus anciennes familles new-yorkaise du voguing. Elle poursuit ses études en parallèle et déménage à Strasbourg en 2015 pour suivre un cursus en informatique. “J’ai vu qu’ici personne ne voyait ce qu’était le voguing, il fallait même que je l’explique aux danseurs. Alors l’année d’ouverture de la Grenze, j’ai fait mon premier workshop et suite à ça, les gens m’ont demandé si je faisais des cours réguliers.” se souvient Ksu. Aujourd’hui, la danseuse propose un cours tous les mercredis soirs au Palais des fêtes, qui accueille une vingtaine d’élèves au total. Et au vu de la forte demande, un second cours de 3h sera ouvert dès l’année prochaine, le lundi soir.

© Mathilde Piaud / Pokaa


Plus qu’une danse, une culture

Si le voguing explose dans les années 80, certaines traces historiques laissent à penser qu’il existait déjà dans les années 60. Cette danse est intimement liée à l’essor de la scène Ballroom, où des personnes de la communauté LGBTQI+ d’origine afro-américaine et latino se réunissait pour exprimer leur féminité lors d’une compétition de défilés.Il n’y avait pas vraiment de danse au début, juste des poses et des défilés parce qu’ils voulaient se sentir beaux ou belles et que l’espace d’un moment, tous les regards soient portés sur eux. Si on regarde les documentaires, ils sont habillés avec des draps noués à la va-vite, mais quand ils marchent, waouh. Cette sensation-là, de se sentir incroyablement beau et important, c’est ce que ce milieu a offert à ces personnes.” sourit la professeure.

Puis la discipline évolue petit-à-petit. La mode prend une place plus importante et les participants aux compétitions, appelés balls, reproduisent les poses des mannequins du magazine Vogue et créent leurs propres costumes pour défiler. Ce n’est que par la suite que des mouvements codifiés sont ajoutés. Enfin, le premier style de voguing verra le jour : le Old way, avec des lignes droites et figées et une rigidité presque militaire. S’en suivra la New way, plus souple avec des mouvements géométriques et des éléments acrobatiques comme des tours de bras. Puis, plus récemment, le Vogue Fem, qui exprime la féminité à son paroxysme avec beaucoup de technique et en racontant une histoire.

Chaque style a ses propres règles et s’accompagne de sons house électro. Mais le voguing, ce n’est pas qu’une danse. C’est aussi tout un monde qui s’agite en coulisses : “Il y a aussi des Dj’s, des MC au micro qui doivent connaître chaque participant, son historique, son style, et puis aussi les personnes qui font des costumes, celles qui défilent juste, d’autres qui performent, des maquilleurs, chacun peut trouver sa place sans forcément défiler.”


Une discipline ouverte à tous et toutes, à condition de respecter son histoire

Si le voguing naît suite au rejet d’une population très précise, à savoir les hommes racisés appartenant à la communauté LGBTQI+, il n’en est pas moins ouvert à tous et à toutes aujourd’hui, à condition d’en connaître l’histoire et d’en respecter les valeurs. “Tout le monde peut faire du voguing.” garantit Ksu. “Mais si tu le veux, il faut s’intéresser à la culture, savoir qui l’a développé, comprendre les références, les objectifs, l’histoire des mouvements, etc. Suivre des conférences sur le sujet ou écouter les pionniers de la discipline. En France par exemple, c’est Lasseindra Ninja la référence.” D’après la danseuse, interdire la pratique à certaines ou certains en raison de leurs origines, de leur genre ou de leur orientation sexuelle, s’inscrirait d’ailleurs à l’encontre des principes véhiculés par la culture voguing. 

Mais elle reconnaît tout de même, qu’il est important de savoir rester à sa place : “Tu ne peux pas non plus dire : je viens, mais je m’en fous des règles, je vais faire mon voguing revisité. Tu n’as pas à créer tes propres règles dans un milieu qui ne t’appartient pas. Par contre tu peux l’exercer et faire partie de la communauté, moi c’est mon cas.” Des notions et des nuances à connaître, pour ne pas tomber dans l’appropriation culturelle.

À travers ses cours, c’est donc tout un univers et des valeurs que Ksu souhaite faire découvrir à ses élèves : “Les valeurs importantes, c’est surtout le respect, être culturellement renseigné, être éduqué, le sens de l’esthétique, avoir un regard artistique où il faut enlever tous les préjugés qu’on peut avoir. Quand on voit une performance et que la personne arrive avec tout son monde, il faut le voir comme il est, c’est-à-dire sous sa forme brute et juste accepter.


Un esprit de famille

Le milieu du voguing et des Balls sont régis par une organisation bien précise. Pour tout dire, c’est une véritable affaire de famille. Les danseurs et les danseuses se regroupent au sein de “House”, autrement dit des maisons, en référence aux grandes maisons de couture. “C’est une structure au sein de laquelle il y a une hiérarchie” précise la membre de la House of Labeija. Ceux qui créent la House, sont identifiés comme le père ou la mère de la House et le reste, ce sont les enfants. Et tout le monde porte alors le même nom de famille, sous la forme “House of …” En France, la House of Revlon est l’une des plus grandes familles.

Ces regroupements impliquent notamment le soutien de chacun des membres de la famille, comme lorsque l’un d’entre eux participe à un ball par exemple. Chaque House impose aussi ses règles et défend certaines valeurs. Certaines sont davantage tournées vers la technique, vers la beauté, d’autres vers des valeurs politiques, ou expertes dans la création de costumes, etc. Choisir de rejoindre une famille, c’est connaître ses engagements et ses projets communs.

Chez nous, c’est la beauté.” précise Ksu Labeija. La danseuse membre de la House of Labeija devrait d’ailleurs prochainement accéder à un nouveau statut, qui devra être officialisé lors d’un Ball : celui de mère de la House of Labeija, sur l’ensemble du territoire français. Une responsabilité supplémentaire, qui donnerait à Ksu la possibilité de recruter elle-même de nouveaux membres au sein de la House.



Avec la perspective d’intégrer l’une des plus prestigieuses House depuis notre ville, on n’est pas prêt d’arrêter de voguer à Strasbourg. Aujourd’hui déjà selon Ksu, la capitale européenne n’a pas à rougir de son statut. Avec Lille et Marseille, Strasbourg fait partie des villes où le voguing est le plus développé, juste après Paris.Et même par rapport aux autres, nous on a franchi le cap de sortir de la salle de cours avec mes élèves. On a déjà participé à des Balls ici, à Metz et on est partis assister à un autre à Paris pour se présenter. On a montré notre implication et on ne va pas s’arrêter là, parce que la prochaine fois, on y participera !” De la Grenze aux grands Balls parisiens, les danseurs et danseuses strasbourgeoises comptent bien se faire une place dans le monde du voguing et rafler au passage, un maximum de prix. Faites de la place sur le podium, Strasbourg arrive. 

Ball Ksu Labeija Voguing
© Doc remis

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