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Le vote blanc à Strasbourg et ailleurs : une solution illusoire ?

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À chaque nouvelle élection le sujet revient sur le tapis. D’après ses défenseurs, le vote blanc permettrait de retranscrire plus justement l’opinion politique de certains électeurs. Mais une fois comptabilisé, quels sont les choix qui s’offrent à nous ? Quelle portée lui donner ? Et permettrait-il vraiment de rendre nos élections plus démocratiques ? Ce n’est pas l’avis de l’économiste Herrade Igersheim, qui mène une expérimentation sur les modes de scrutins alternatifs à Strasbourg et pour qui la reconnaissance du vote blanc est loin d’être la solution par excellence pour notre démocratie.

Aux dernières élections présidentielles, le vote blanc a atteint plus de 6% au second tour, soit l’équivalent de 2,2 millions de votants. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que sa part augmente depuis les années 90, avec un pic lors des élections présidentielles de 2017 avec 8,51% au second tour.

Pourtant, historiquement, le vote blanc est d’abord associé au vote nul – NDLR. soit une enveloppe avec un mot personnel à l’intérieur ou tout bulletin jugé invalide. Ce n’est qu’en 2014, que la loi précise que celui-ci doit être décompté séparément, sans pour autant être comptabilisé dans le résultat final, c’est-à-dire parmi les suffrages exprimés. Ces dernières années, de nombreux militants associatifs et politiques se sont positionnés en faveur de sa reconnaissance, comme l’association Citoyens du vote blanc, ou certains candidats aux dernières élections comme Jean Lassalle, Nicolas Dupont-Aignan, Anne Hidalgo, ou encore Jean-Luc Mélenchon.

élections présidentielles 2022
© Caroline Alonso / Pokaa


Quelle place donner au vote blanc ?

Si le vote blanc était comptabilisé parmi les suffrages exprimés, autrement dit, en introduisant une nouvelle catégorie pouvant recueillir des voix au même titre que les autres partis, l’ensemble des candidats verraient leur pourcentage se réduire. Cette solution permettrait alors de considérer le vote blanc comme l’expression d’un véritable choix politique de la part de votants qui ne se reconnaissent dans aucun des candidats qui leur est proposé. En Europe, l’Espagne et les Pays-Bas ont notamment fait ce choix.

Mais au-delà de la représentativité, pour que le vote blanc ait un réel impact, il faut que celui-ci soit assorti d’effets concrets. Et c’est là que cela se complique. Certains estiment que si le nombre de votes blancs excède un certain palier, le scrutin devrait être annulé et de nouvelles élections devraient être organisées. C’est la position défendue par l’association Citoyens du vote blanc, qui souhaite qu’en cas de votes blancs majoritaires au premier tour (soit plus de 50% des voix), les candidats se retirent et que de nouveaux candidats puissent se présenter.

Une loi similaire est d’ailleurs en vigueur en Mongolie, où le candidat doit réunir la majorité absolue pour être élu, aussi bien au premier qu’au second tour des élections. En Amérique du Sud également, comme au Pérou ou en Colombie, les votes blancs peuvent invalider l’élection en cours, s’ils représentent les ⅔ pour l’un ou s’ils atteignent les 50% pour l’autre.


Une fois comptabilisés, que faire de ces votes ?

Admettons que les votes blancs soient majoritaires lors d’une élection en France. Que pourrions-nous en faire ? “D’accord, un certain nombre de pays reconnaissent le vote blanc en tant que suffrage exprimé. Mais qu’est-ce qu’on fait de ce petit pourcentage qui se balade ?” s’interroge Herrade Igersheim, directrice de recherche CNRS au BETA (Bureau d’Economie Théorique et Appliquée) à Strasbourg.

Selon elle, même si un seuil à 50% était fixé et permettait d’invalider l’élection, les probabilités que cela arrive seraient quasi-nulles : “Je n’y crois pas trop. Dans les pays qui appliquent cette règle, il n’y a pas eu d’exemples où le vote blanc a vraiment empêché l’un ou l’autre candidat d’être élu. Pour moi, ça resterait une espèce de reconnaissance artificielle qui n’aura aucun voire très peu d’impact sur les candidats et les partis. Et si ça n’a aucun impact sur la vie démocratique, est-ce que ça sert vraiment à quelque chose ?

élections présidentielles 2022
© Caroline Alonso / Pokaa

Et même si ce cas de figure se présentait et qu’on décidait que les candidats ne puissent plus se représenter, leurs remplaçants seraient-ils forcément plus convaincants ?Remplacer l’ensemble des candidats, qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce que les mêmes partis ne vont pas tout simplement représenter des candidats clones des précédents ? Est-ce que ça va donner un résultat différent ? On ne s’en sort pas, il n’y a pas de solution qui semble être optimale. Ou alors il faudrait changer les partis et le tout en trois semaines ?” explique la directrice de recherche en économie. D’après elle, le vote blanc a beau être brandi comme le remède à tous les maux causés par notre système électoral malade, il ne sert pas véritablement à grand chose, sauf à déstabiliser encore plus les élections.


Envisager des nouveaux modes de scrutins plus démocratiques

Herrade Igersheim en est convaincue, le vrai problème n’est pas tant la reconnaissance du vote blanc, qui aurait finalement peu d’impact significatif, mais plutôt de repenser l’expression citoyenne dans la vie démocratique : Pour moi, le vote blanc c’est une mauvaise réponse à une bonne question qui est la suivante : les élections fonctionnent mal, qu’est-ce qu’on peut faire pour les améliorer ? Et pour tenter de répondre à cette question, l’économiste participe depuis 2007 à une vaste expérimentation sur les modes de scrutin alternatifs organisée par le BETA. Cette année comme à chaque élection présidentielle, certains électeurs strasbourgeois ont été invités à tester un mode de scrutin alternatif au bureau de vote de la Bourse.

L’objectif, c’est de proposer aux électeurs de s’exprimer d’une façon complètement différente, qui permettrait une meilleure reconnaissance et une représentativité plus juste. Depuis plus de vingt ans, “Voter autrement” teste par exemple le vote par approbation :Ça consiste à permettre aux électeurs de donner leur approbation à autant de candidats qu’ils le souhaitent. Donc à aucun, à un seul, à deux ou autant qu’ils veulent. Et c’est celui avec le plus d’approbation qui est élu.

Chaque votant peut ainsi exprimer son opinion sur plusieurs candidats. C’est un mode de scrutin qui permet de donner plusieurs noms, tout en conservant la méthode de dépouillement actuelle. “Ça ouvre des possibilités d’expressions qui sont énormes avec ce mode. On a une information beaucoup plus riche sur les préférences des gens. Ça engagerait une dynamique de changement vertueuse et espérons le, plus d’écoute de la part des partis.” promet la directrice de recherche.

Document CNRS expérimentation de vote
© Coraline Lafon/Pokaa

`Mettre en place ce nouveau mode de scrutin permettrait aussi, selon elle, d’en finir avec le carcan du vote utile : “Ceux qui se disent que ça ne sert à rien de voter pour un candidat qui ne passera pas au second tour pourraient finalement voter pour lui sans avoir peur d’avoir gâché un vote. Et pour ceux qui s’y refusent, ça pourrait aussi réduire de façon importante l’abstention. Cette obligation de vote utile qu’on nous a fait avaler depuis 2002 tomberait. On pourrait marier différents types de préférences et de convictions. Comme par exemple ne pas balayer sa conviction écologique pour voter utile.” Herrade Igersheim reconnaît aussi qu’avec ce mode de scrutin, les pourcentages des petits candidats augmenteraient certainement. Mais d’autres alternatives peuvent aussi être envisagées, comme le vote par note ou le jugement majoritaire qui a notamment été testé lors de la dernière Primaire populaire

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