Avec le retour de la chaleur, les plans d’eau et les piscines sont pris d’assaut par tous ceux qui cherchent un peu de fraîcheur. Loin du brouhaha du tumulte estival et des barbecues sur fond de musiques disparates crachées par des dizaines d’enceintes portatives, la photographe Sandra Munch propose des séances rafraîchissantes sous l’eau. Curieux de découvrir son univers vaporeux avec vous, on a échangé avec l’artiste et on s’est laissé embarquer dans une douce promenade au gré des vaguelettes.
Sandra Munch a découvert la pratique de la photographie il y a une vingtaine d’années lorsqu’elle était étudiante en droit. Elle a commencé à pratiquer pour le plaisir, puis s’est formée à l’école des Gobelins à Paris. Une fois diplômée, elle a travaillé quelques années dans un studio, avant de décider de voler de ses propres ailes et de s’installer à son compte en 2011, avec l’envie de transmettre des émotions fortes, de laisser une trace physique de l’intensité de certains grands moments de vie : “J’avais besoin de vivre chaque séance photo comme une expérience et une rencontre nouvelle. J’ai vraiment aimé partager ces grands moments de famille : des mariages, des naissances, des grossesses, des petits qui deviennent grands. Tout cela est mon moteur depuis des années”.
Pendant dix ans, l’artiste se plaît à figer la joie et la complicité derrière son appareil photo. Dans son répertoire, on trouve des portraits de famille plein de complicité et des larmes de joie. Sandra avait notamment fait du portrait de nouveau-né sa spécialité. Elle aimait immortaliser la tendresse qui entoure les jeunes parents et leur bébé : “La rencontre humaine était alors au cœur de mon projet, j’étais maman, et cela a sans doute changé ma vision de la photographie”.
« Sous l’eau, tout un champ créatif devient alors possible…”
Au bout de quelques années de pratique, Sandra avait l’impression d’avoir fait le tour des possibilités : “J’avais besoin de me retrouver, de reprendre mon souffle pour réinventer mon travail, de trouver l’inspiration, et repartir sur de nouvelles envies créatives”. C’est alors qu’elle découvre les photos de l’artiste américaine Sarah Lee, spécialisée dans la photo de surf, et d’Elizabeth Blank, qui réalisent toutes deux des photos underwater, comprenez “sous l’eau”. Les mouvements sont figés dans le temps, les corps dansent langoureusement, comme suspendus dans l’atmosphère. C’est le coup de cœur immédiat : “J’ai rapidement été attiré par la beauté des mouvements de gym ou de danse sous l’eau”.
Sandra acquiert le matériel nécessaire à cette pratique qui la subjugue par ses mouvements vaporeux et délicats et s’exerce d’abord sur son entourage, puis sur des modèles volontaires, pour apprendre à apprivoiser les mouvements si particuliers d’un corps se déplaçant lentement dans l’enveloppe aquatique : “J’aime être sous l’eau, observer les mouvements au ralenti, les effets de la lumière à travers la surface, c’est féerique ! […] Il n’est pas possible d’obtenir les mêmes déplacements sur la terre ferme. Sous l’eau, tout un champ créatif devient alors possible…”
L’enchantement est immédiat à la vue des images qui habillent le site internet de Sandra. La sensation de plonger dans un monde de silence froid, semblable au flottement d’un demi-sommeil. On se sent tomber dans un univers de poésie où les drapés s’emmêlent, se croisent, animés par des corps qui semblent se laisser porter, en communion parfaite avec l’élément aqueux. Sandra semble s’effacer complètement pour mettre en valeur la personnalité de ses modèles, exaltant leur beauté, comme un fragment de vie qui se serait saisi seul.
S’adapter à ses modèles
Pour obtenir une telle harmonie, l’artiste met un point d’honneur à tisser des liens avec ses modèles, avant même la première séance, qu’elle organise dans des piscines privées ou privatisées : “Il est très important pour moi de connaître mes modèles avant. Je me déplace à leur rencontre, et nous prenons le temps de discuter. C’est le moment de faire connaissance, mais aussi de préparer toute la partie esthétique et sécuritaire de la séance photo : connaître le niveau d’aisance sous l’eau de chaque participant, prévoir les conditions de sécurité nécessaires, ou m’assurer que les femmes enceintes n’ont pas de contre-indication particulière à la pratique d’une courte apnée. Pour les enfants, je trouve important qu’ils me connaissent pour que le jour J, qu’ils soient à l’aise, et qu’ils envisagent la séance comme un jeu et un plaisir partagé […] le jour de la séance, tout se passe en douceur. Les tenues sont prêtes, et je commence tranquillement, en donnant quelques conseils à chacun pour vivre l’apnée avec confiance et bien-être. Il y a beaucoup d’échanges et de pauses lorsque c’est nécessaire”.
Et si Sandra accorde autant d’importance au confort des futures mamans, c’est parce qu’on constate en regardant son portfolio underwater, qu’après avoir passé des années à prendre les nouveaux-nés en photo, ses modèles de prédilection sont à présent les femmes enceintes. Toutes affichent sereinement leurs ventres ronds, nichées dans des drapés colorés qui mettent en valeur leur grossesse : “Les photos aquatiques sont très adaptées aux futures mamans qui aiment l’eau. L’apesanteur leur donne une plus grande liberté de mouvement […] Esthétiquement parlant, les courbes arrondies de la femme enceinte sont formidablement mises en valeur sous l’eau avec des drapés, ou même un simple maillot de bain”.
Elle-même maman, la photographe aurait aimé pouvoir immortaliser ses grossesses lors de séances semblables à celles qu’elle organise aujourd’hui : “Je n’ai jamais été autant accro à l’eau que durant mes trois grossesses. Il est certain que j’aurais aimé en faire une [séance photo underwater] et avoir des souvenirs aussi artistiques de cette belle période. Sous l’eau, on se sent plus légère, les bruits sont feutrés, c’est relaxant. Et le bébé aussi se sent bien”. On l’aura compris, Sandra Munch grave des moments de bonheur et de partage dans la mémoire. De son propre aveu, elle souhaite faire d’une séance photo “un moment de partage qui doit laisser de beaux et bons souvenirs”.
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Sandra Munch
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