Musique métal, sketch à chaussettes, interventions remarquées dans le Jamel Comedy Club, passage dans la série Bref, spectacles à L’Olympia ou encore édition de bandes dessinées… Dédo a tout fait depuis ses débuts sur les planches à seulement 19 ans. Et au vu de l’énergie qu’il donne sur scène, il n’est pas prêt de s’arrêter. Il y a quelques jours, on a eu la chance de le croiser, au Fat, lors des soirées Plato, un rendez-vous mensuel dédié au stand-up local et national, créés par les humoristes strasbourgeois Zohar et Maurizio & Horace. Juste après son spectacle, pour le moins intimiste, il a répondu à quelques-unes de nos questions, accoudé au comptoir.
Sébastien De Dominicis, dit Dédo, est ce qu’on appelle un “couteau suisse” dans le langage (très énervant) des start-ups. Lancé par le Jamel Comedy Club, il a arpenté les salles de spectacles en tant qu’humoriste et les salles de concert avec son groupe Princess Leya. Mais si vous ne reconnaissez peut-être pas son visage, c’est peut-être parce que pendant longtemps, il s’est caché derrière des chaussettes avec la team de Golden Moustache. Mais son truc à lui, c’est définitivement la scène, le stand-up et le public qui rit à ses vannes. Après une tourné en Suisse, en Belgique, à Montréal et dans toute la France, il a partagé la scène avec son pote Yassine Belhousse et bien d’autres humoristes encore. Et quand on le voit sur scène, avec ses sketchs écrits avec beaucoup de précision, son look de hard-rockeur et sa gestuelle toujours maitrisée, on se dit que c’est un sacré ovni dans le monde du stand-up. Rencontre.
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Tu as déjà joué en Alsace ?
Alors je ne sais toujours pas si c’était en Alsace ou en Allemagne mais en tout cas le nom du bled terminait par sheim.
Est-ce que tu peux qualifier ton humour en trois mots ?
Je dirais noir, absurde et… trampoline. C’est bien trampoline.
Ton pire souvenir de scène ?
C’est sûrement la première partie de Jamel en 2006. Le public était très chaud, mais lorsqu’ils m’ont vu arriver, moi, avec ma gueule de métaleux, au lieu de lui, ils m’ont hué pendant quasiment dix minutes. En plus, il était en retard, ça veut dire que j’ai dû leur donner du rab alors que tout le monde en avait déjà marre de moi. Devant moi, j’avais plus d’un millier de personnes qui hurlaient, qui me sifflaient, c’était l’enfer. En plus, j’étais dans une configuration particulière : j’étais encore jeune, peu expérimenté même si j’avais fait pas mal de scène avant, c’était un sacré exercice de style et je crois que je m’en suis pas mal tiré. Mais ce qui m’a rassuré, c’est surtout que Jamel avait entendu les cris et les huées, mais qu’il avait quand même kiffé mes vannes. Ça m’a franchement rassuré, et au final, c’est surtout ça que je retiens.
Est-ce que tu penses qu’on peut aller trop loin dans l’humour ?
Non, je ne crois pas, mais à une seule condition et pas des moindres : il faut maîtriser ton sujet à la perfection, sur le bout des doigts. Si tu balances une vanne dure, il faut non seulement l’assumer, mais aussi être prêt à toute éventualité, à des réactions, à des mauvais retours, et pour les gérer, il faut être calé au maximum sur le sujet, c’est absolument indispensable si tu ne veux pas passer pour un con. Si tu fais ça, tu as beaucoup de chance que ton axe devienne intéressant, voire pertinent si c’est réussi. Si tu as des pensées douteuses, que ta vanne est suspecte tu te fais toujours niquer à la fin. Pour moi il n’y a donc pas de sujet tabou, il faut juste les évoquer de la bonne manière. Tu peux parler de tout à condition que tu le fasse intelligemment.
Ton meilleur souvenir de scène ?
Une fois dans un gros festival dont j’ai oublié le nom… Je me pointe sur scène, et là : plusieurs milliers de personnes devant moi. Là, je me dis “ah oui, c’est massif”. C’était tellement immense, je me prenais de véritables vagues de rire, je ne m’entendais plus, c’était extrêmement impressionnant, presque autant d’un concert de rock. Sinon on a joué au Zénith de Nantes avec mon groupe devant plus de 7 000 personnes, là, tu te lâches, devant un public déjà conquis… C’est fou.
Tes clichés les plus énormes sur Strasbourg ?
Désolé mais c’est la saucisse, qui est d’ailleurs la plus dégueulasse de France. Je sais pas d’où ça vient mais c’est une identité affiliée d’office à Strasbourg. Sinon dans un tout autre registre un peu moins fun… La Seconde Guerre mondiale. On sent ici qu’il s’est passé des choses et que la ville a beaucoup souffert. Et ah oui il y a aussi ce putain de froid polaire qui me glace le sang.
Ce dont tu es le plus fier dans ton travail ?
Que le plaisir dure, que je puisse continuer à faire ce qu’il me plaît avec autant de kiff. Ça commence à faire vraiment longtemps que je fais ça et je dois dire que de continuer à avoir une résonance auprès part du public, c’est toujours gratifiant. Je souhaite le faire le plus longtemps possible, et c’est vrai que j’en suis très fier.
Plutôt Louis CK ou Ricky Gervais ?
Peut-être dernièrement Ricky Gervais. Il met en parallèle ses séries, ses films, ses spectacles, il est multi-tâches, acharné, bosseur, quand tu vois ce qu’il a fait avec After Life, Extras ou The Office, c’est juste brillant.
Ton humoriste national préféré ?
Yassine Belhousse, c’est la personne qui me fait le plus rire, dans la vie, et sur scène. C’est une personne que j’admire beaucoup autant humainement que professionnellement.
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