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Le juste chiffre : est-ce 92,4 % ou 8,1 % des Alsaciens qui veulent sortir du Grand Est ?

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Au début du mois de janvier, la Collectivité européenne d’Alsace lançait par la voix de son président Frédéric Bierry une grande consultation citoyenne. Le sujet ? Une question : est-ce que l’Alsace doit sortir du Grand Est ? Ce lundi 21 février, les résultats sont tombés. Sans surprise, on a assisté à un plébiscite de « Oui ». Retour sur les résultats du scrutin, que Frédéric Bierry veut désormais porter dans l’arène politique nationale.

92,4 %. Un plébiscite qui ferait rêver n’importe quelle personnalité politique. Ce score, c’est celui obtenu par le « Oui » lors de la grande consultation citoyenne de la CEA, concernant l’éventuelle sortie de l’Alsace de la région Grand Est. Néanmoins, comme le dit l’adage, les chiffres, on peut leur faire dire ce que l’on veut. Et n’importe quel résultat ne vaut rien, sans une mise en contexte. Ainsi, on a décidé d’aller plus loin que le simple résultat, pour tenter de comprendre le poids éventuel d’un tel résultat.

© Coraline Lafon


Combien de personnes ont voté ?

168 456 : c’est le nombre de bulletins exprimés pour cette grande consultation citoyenne. Là-dedans, on peut déjà en enlever pas un seul mais bien des milliers. En effet, « seuls » 153 844 bulletins sont considérés comme valides. Un premier succès pour la CEA, qui avait comme objectif de dépasser les 100 000 contributions. Le deuxième succès pour la nouvelle Collectivité européenne d’Alsace réside dans le résultat en lui-même : 142 200 personnes ont voté pour la sortie de l’Alsace du Grand Est, soit 92,4 %. A contrario, 11 644 personnes ont voté « Non », soit 7,6 %. Au total, 125 046 bulletins proviennent d’un vote en ligne, soit une grande majorité de 82,2%.

Par ailleurs, pour aller un peu plus dans le détail, 60,4 % des bulletins proviennent du Bas-Rhin, contre 37 % du Haut-Rhin. Pour les spécialistes de mathématiques au fond de la classe, il reste alors 2,6 % de bulletins qui ne viennent pas d’Alsace. Ceux-ci proviennent d’autres régions en France et même, pour certains, de l’étranger.


Peut-on parler d’un résultat représentatif ?

Une fois que les résultats sont tombés, forcément, les réactions politique ne se sont pas fait attendre, se lançant toutes dans une bataille de chiffres et de comparaison. Il faut dire que le score paraît impressionnant. Néanmoins, des doutes peuvent poindre concernant la réelle représentativité d’une telle consultation. En effet, alors que certains élus pouvaient mettre en avant la forte participation à ce scrutin, alors que l’on se trouve dans une période politique marquée par la hausse de l’abstention, il suffit d’une simple division pour se rendre compte de la réalité des choses. Selon l’INSEE, l’Alsace possède en effet 1 898 533 habitants. Si l’on divise le nombre de bulletins valides par le nombre d’habitants, on obtient un taux de participation de 8,1 %. Soit bien moindre que celui de la participation aux municipales en 2020, ou aux départementales et régionales de 2021.

Par ailleurs, et c’est utile de le rappeler, un tel référendum s’était déjà tenu sur la question. En effet, le référendum de 2013 proposait déjà la fusion du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, afin de fonder une « collectivité territoriale d’Alsace ». Soit peu ou prou la même que celle souhaitée par Frédéric Bierry. À l’époque, 457 685 Alsaciens et Alsaciennes étaient allés voter, soit un taux de participation de 35,96%. Surtout, 187 623 Alsaciennes et Alsaciens avaient voté « Non », soit plus de 40 000 personnes de plus que celles ayant voté « Oui » à la consultation de 2021. Comme toujours, les chiffres ne veulent rien dire sans contexte ni comparaison.

cathédrale rue tourisme alsace strasbourg
© Hugo Favre – Napoli / Pokaa


Est-ce que cette décision possède un quelconque poids politique ?

À première vue, non. Tout simplement parce que cette consultation est… une consultation, qui n’a donc aucune valeur contraignante pour l’État et les décideurs politiques nationaux. De plus, on peut se dire que les personnes ayant participé à ce scrutin sont les plus impliquées sur la question. Et que le résultat n’est donc pas si représentatif que ça des préoccupations de l’ensemble de la population alsacienne. Néanmoins, cela n’a pas empêché Frédéric Bierry d’invoquer, dans une tactique bien connue de la classe politique, la mémoire du Général de Gaulle. Le président de la CEA a effectivement profité du dépouillement des bulletins pour lancer son « appel du 21 février » pour « retrouver le fil de notre histoire et bâtir ensemble un nouvel élan démocratique local », comme il l’exprime sur sa page Facebook.

Quelle est désormais la suite pour la consultation ? Déjà, ce résultat conforte Frédéric Bierry dans sa volonté de faire peser la question de la sortie de l’Alsace dans le débat national. Sachant que, en plus, le 26 janvier dernier, le Canard Enchaîné révélait qu’Emmanuel Macron pourrait appuyer une sortie de l’Alsace. Une “vengeance” pour la présence du président du Grand Est Jean Rottner dans l’équipe de campagne de Valérie Pécresse. Un Jean Rottner qui ne s’est d’ailleurs pas privé pas réagir aux résultats : « Je prends acte du résultat (…) qui, avec les moyens consacrés à cette vaste campagne de communication locale et nationale, n’est ni surprenant, ni convaincant (…). Il est temps que la CeA honore les missions qui lui ont été confiées. »

Quasiment même son de cloche du côté de Jeanne Barseghian. La maire de Strasbourg prend également acte du résultat, tout en critiquant le procédé : « Dès le lancement de cette consultation, j’ai exprimé de sérieuses réserves quant à la pertinence d’un tel procédé qui suscite des attentes fortes sans aucune possibilité de les satisfaire dans le contexte politique et institutionnel actuel (…). La CeA doit s’atteler à mettre en œuvre concrètement les compétences qui sont déjà les siennes ». Reste à voir si le sujet aura assez de poids politique pour débarquer dans l’arène des présidentielles.

Frédéric Bierry, président de la CEA
Frédéric Bierry © Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons – cc-by-sa-3.0

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Commentaires (2)

  1. Sondage populiste de bierry pour se faire mousser par les alsaciens réactionnaires et repliés sur eux même. Bon article qui a bien décrypté le contexte

  2. Alsacien replié sur eux même ? Quel mépris, c’est honteux.
    Notre région a une âme. Merci de respecter ceux qui l’habitent et ne pensent pas comme vous.
    Il n’y a pas que Strasbourg ici, merci de s’en rappeler.

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