Voilà maintenant près de trois semaines que la plateforme Parcoursup est ouverte. Les lycéennes et les lycéens de terminale ont jusqu’au 29 mars pour faire leur choix et renseigner leurs vœux pour l’année prochaine. À Strasbourg comme ailleurs, beaucoup d’élèves sont gagnés par le doute. Alors pour que certains puissent y voir plus clair, on a demandé conseil à Sonia Coudon, psychologue de l’Éducation nationale spécialisée en conseil en orientation.
Depuis le 20 janvier, c’est l’heure des choix dans les lycées à Strasbourg. Après une nouvelle année sur laquelle le Covid a lourdement plané, un programme chargé à assimiler et une nouvelle version du bac à passer, les terminales doivent trouver ce qu’ils veulent faire l’année prochaine et rentrer leurs vœux sur la plateforme Parcoursup.
Sonia Coudon est psychologue de l’Éducation nationale, spécialisée en conseil en orientation. Elle travaille à la fois pour le CIO de Strasbourg et l’Espace Avenir qui se trouve sur le campus central de l’Esplanade. Elle a accepté de partager ses meilleurs conseils pour aider ceux qui se sentent un peu perdus.
Partir de ses matières préférées et prendre en compte sa façon de travailler
“On ne leur demande pas de choisir un métier.” rassure Sonia Coudon. Selon la psychologue, rien n’oblige à avoir un projet entièrement ficelé. Celles et ceux qui n’ont pas d’idées peuvent déjà identifier leurs matières préférées. Depuis la réforme du Bac, il y a de grandes chances qu’il s’agisse finalement des enseignements de spécialités. Les élèves peuvent aussi utiliser l’outil Horizons 21, proposé par l’Onisep, qui permet de tester des combinaisons de spécialités et ainsi voir vers quelles études ou métiers celles-ci peuvent mener : “L’idée, c’est de partir d’un domaine qu’on aime ou d’un grand centre d’intérêt pour voir ce qui en découle.”
Certains pourraient aussi être intéressés par des domaines complètement différents. Dans ce cas-là, Sonia Coudon rappelle qu’il n’y a pas de classement des vœux sur la plateforme. Comme les établissements ne savent pas quels sont les autres vœux renseignés par l’élève et qu’il n’y a pas d’ordre de préférence, rien n’empêche d’ouvrir un maximum ses possibilités en ajoutant dix vœux, soit le maximum autorisé. Mais également des sous-vœux, qui reviendrait par exemple à demander la même formation mais dans des établissements différents de toute la France. Elle rappelle néanmoins que la phase d’admission débutera elle le 2 juin prochain et qu’à ce moment-là, il faudra que l’élève ait choisi celle qui lui convient le mieux s’il est accepté dans plusieurs formations.
En plus des matières abordées, le type de formation peut aussi aider à faire son choix. “Il faut se demander : quel étudiant j’ai envie d’être ?” indique la psychologue. Si le lycéen estime qu’il a besoin d’être encadré, il vaudra mieux se tourner vers une Prépa, un BTS ou encore un BUT (le nouveau DUT). Et si à l’inverse, celui-ci pense qu’il saura s’organiser lui-même s’il a plus de libertés et croit pouvoir appliquer une bonne méthode de travail, il peut envisager d’aller à la fac par exemple.
Les tips à connaître sur Parcoursup
“Parcoursup, ce n’est pas que pour candidater. C’est aussi pour trouver des informations précieuses sur les formations.” prévient la spécialiste en orientation. Chaque formation dispose en effet d’une fiche descriptive dans laquelle on retrouve les critères généraux d’admission et de classement des établissements et les parcours ou les spécialités recommandés.
Les élèves doivent aussi rédiger un “projet de formation motivé” de 1 500 caractères. Une sorte d’argumentaire grâce auquel on peut justifier son choix, parler de ses objectifs et assurer qu’on a les connaissances et les compétences pour y arriver. “Si les résultats ne sont pas très bons, on peut compenser avec ça et ça peut faire la différence.” garantit Sonia Coudon.
Bien que facultative, une autre rubrique peut s’avérer particulièrement utile et jouer en la faveur de l’élève : “Activités et centres d’intérêts”. Selon l’experte : “Ça permet au lycéen de valoriser ce qu’il fait en dehors du cadre scolaire. Un job d’été, un stage, le BAFA, des engagements associatifs, la pratique d’un sport, la maîtrise d’un instrument, etc. À candidature égale, ça peut vraiment jouer si l’un des deux remplit cette rubrique.” Un détail qui peut faire la différence notamment pour celles et ceux qui s’engagent dans des filières particulièrement bouchées chaque année comme le Droit, la Psychologie, ou encore STAPS.
Pas de panique : on ne choisit pas le métier de sa vie en terminale
“On ne joue pas sa vie quand on est en terminale ! On a le droit de se tromper ou de ne pas savoir” promet Sonia Coudon. Chaque élève devrait interroger son entourage et voir qui avait l’idée du métier qu’il fait aujourd’hui, au même moment. Je ne suis pas sûre que beaucoup de personnes serait capable de le dire. En général, ça se construit progressivement.” Il s’agirait donc de désacraliser cette étape, qui n’est en rien définitive et qui ne fige pas l’avenir de chaque lycéen à partir d’une seule décision.
Nombreux sont celles et ceux qui, après avoir débuté la formation choisie, se sont rendu plus ou moins rapidement compte que celle-ci ne leur correspondait pas. Si un élève se retrouve dans ce cas de figure, la psychologue conseille d’abord de ne pas abandonner dès les premières semaines ou les premiers mois : “Parfois, il faut juste un temps d’adaptation. Mieux vaut en parler avec d’autres étudiants et les professeurs avant de prendre une décision.” Mais si on se rend compte qu’on s’est trompé, il est toujours possible d’arrêter. Cependant, il est préférable de ne pas rester à rien faire. L’experte du CIO recommande d’en profiter pour postuler à un job étudiant, faire un service civique, ou n’importe quoi d’autre qui ferait gagner en expérience et montrerait une volonté d’apprendre.
Et pour celles et ceux qui ont besoin de plus de temps pour se poser les bonnes questions sur leur avenir, il reste encore la possibilité de faire une année de césure, en France ou à l’étranger. Dans ce cas, deux possibilités s’offrent au lycéen : préciser cette volonté tout en formulant ses vœux ou ne pas s’inscrire sur la plateforme et candidater seulement l’année d’après. Pour la première option, l’élève ajoute normalement ses vœux et les établissements ne sont pas informés de son ambition. Ce n’est qu’au moment de l’inscription qu’il faudra le préciser et l’établissement pourra alors accepter ou non de suspendre l’inscription à l’année d’après. “Il faudra sûrement faire un projet de césure et qu’il ait un lien avec la formation choisie.” précise Sonia Coudon.
Si l’élève choisit la seconde option, donc de ne pas s’inscrire sur la plateforme, mieux vaut avoir bien réfléchi et avoir préparé en amont un projet bien défini d’après l’experte. Elle prévient également : “Quelqu’un qui veut faire une classe Prépa ou médecine par exemple, je ne sais pas si c’est une bonne idée. Au lycée, il aura acquis des automatismes, des méthodes de travail et il vaut mieux les mettre à profit tout de suite.”
Des rendez-vous qui peuvent aider à se décider
Avec une année scolaire une nouvelle fois perturbée par le contexte de pandémie mondiale, certains événements habituels ont malheureusement dû être organisés en distanciel. C’est le cas des Journées Universitaires, qui se sont tenues les 20 et 21 janvier dernier en ligne. Mais si les journées d’échange sont closes, la plateforme reste néanmoins accessible jusqu’en avril. Toute la documentation reste téléchargeable et le moteur de recherche des formations fonctionne encore.
Sonia Coudon conseille aussi à toutes celles et ceux qui sont en plein doute de prendre rendez-vous directement avec le ou la psychologue spécialisée en conseil et en orientation qui se trouve dans leur lycée. Si ce n’est pas possible, le CIO de Strasbourg, situé dans la cité administrative Gaujot propose aussi des rendez-vous individuels.
Du côté de l’Université de Strasbourg, des journées portes-ouvertes sont organisées le 5 mars prochain : “C’est l’occasion de rencontrer du monde et d’échanger aussi bien avec les profs qu’avec les étudiants.” Elle rappelle aussi qu’il est possible de s’inscrire à des créneaux de cours pour y assister. Il suffit simplement de créer un compte et de choisir le cours.
Enfin, l’Espace Avenir situé dans le bâtiment du Nouveau Patio sur le campus central de l’Esplanade dispose d’un espace ouvert à tous et à toutes avec une tonne de documentation à découvrir. La prise de rendez-vous avec Sonia Coudon ou l’une de ses collègues psychologues est également possible et des permanences métiers et formations y sont organisées. L’occasion de découvrir les métiers du sport et de l’animation, le secteur médico-social, l’entreprenariat, l’apprentissage, les métiers de la défense ou encore l’artisanat. À vos agendas !