Du 17 au 23 janvier, les Bibliothèques idéales prennent leurs quartiers d’hiver à la Cité de la musique et de la danse et dans les médiathèques strasbourgeoises. Une nouvelle édition autour du pouvoir de la parole et des grands mouvements de société, avec au programme une quarantaine de rencontres, des débats, des lectures et des moments musicaux qui s’annoncent riches en émotion.
Toutes celles et ceux qui ont déjà eu la chance d’aller à une rencontre organisée par les Bibliothèques idéales le savent : écouter un auteur ou une autrice parler de son livre est un moment particulier, privilégié, un peu magique. C’est découvrir l’histoire derrière l’histoire. La genèse d’une idée, d’un projet, les doutes et les épreuves qui l’ont façonné. Les mille et une anecdotes qui donnent une saveur particulière à l’ouvrage que l’on a peut-être lu et relu. C’est aussi, parfois, découvrir la démarche de l’auteur. Ce qu’il a voulu dire et que l’on n’avait pas forcément compris. Ce que l’on a compris et qu’il n’avait pas forcément envisagé dire. C’est finalement échanger bien au delà du livre et de l’auteur. Et c’est là tout l’esprit d’un festival qui s’est imposé en dix ans comme LE temps fort littéraire strasbourgeois à ne manquer.
A l’origine des Bibliothèques idéales, il y en a en effet “l’idée de montrer tout ce qu’il peut se passer de fascinant et de contagieux autour des livres”, détaille François Wolfermann, programmateur du festival. L’idée, aussi, de “faire découvrir un texte autrement”, à travers sa “mise en spectacle”, via des lectures musicales ou des créations plastiques par exemple. Le choix de la Cité de la Musique et de la danse comme lieu principal du festival ne doit d’ailleurs rien au hasard, pour cette manifestation qui aime à faire en sorte que “les arts se répondent” autour du livre. “Il s’agit de montrer que d’autres supports que la littérature peuvent servir la littérature et les textes”, poursuit celui qui est par ailleurs responsable rencontres à la Librairie Kléber.
Politique, féminisme, culture : grâce à la littérature, suivre l’évolution rapide de la société
Avec une édition en septembre et une autre en janvier, le festival épouse les grandes rentrées littéraires. Mais c’est avant tout l’envie de “suivre l’évolution rapide de la société, à laquelle participent beaucoup les auteurs, les essayistes, les philosophes et les psychologues” qui guide les choix de François Wolfermann en matière de programmation. “Les Bibliothèques idéales veulent démontrer que les grandes questions politiques, sociales ou culturelles agissent sur la vie intime des individus. S’approprier l’espace public, y prendre la parole pour dénoncer les injustices vécues, reprendre sa place grâce aux mobilisations actuelles : tel est le fil rouge de
cette édition”, annonce le festival en préambule de son programme.
Parmi les invités cette année, on retrouve notamment des journalistes. Le rédacteur en chef de Mediapart, Edwy Plenel, viendra parler de la dégradation du débat public – diffusion de fake news, poids du présidentialisme, renoncement à certaines valeurs à gauche de l’échiquier politique – le samedi 22 janvier à 17h. A 18h, le même jour, les journalistes d’investigation Taha Bouahfs et Jean-Baptiste Rivoire questionneront les liens entre le pouvoir et les médias en revenant notamment sur l’affaire Benalla – du nom de l’ancien conseiller d’Emmanuel Macron qui s’était fait passé pour un policier lors d’une manifestation parisienne, en mai 2018, et avait interpellé puis violenté un couple de manifestants.
Cette édition de janvier fait aussi la part belle aux enjeux féministes. Vendredi 21 janvier, à 18h, les philosophes Guillaume Leblanc et Fabienne Brugères, l’autrice et dessinatrice Klou et l’autrice Rose Lamy débattront des luttes féministes. Les premiers ont réalisé un “tour du monde du féminisme” et s’interrogent sur la manière dont on traite les femmes et les minorités de genre autour du globe. Klou évoque quant elle son parcours, intime et politique de travailleuse du sexe dans son roman graphique, ou elle décrypte aussi la socialisation liée au genre. Rose Lamy est de son côté l’autrice de Préparez-vous pour la bagarre, un livre et un compte instagram qui travaillent à mettre en lumière un certain sexisme encore bien présent dans le discours médiatique, en ce qui concerne le traitement des féminicides et des violences sexuelles notamment.
Samedi 22 janvier, à 18h, l’autrice et créatrice du podcast Injustices, Charlotte Pudlowski, abordera la question de l’inceste à travers une rencontre avec Adrien Borne sur le thème de la réparation et de la résilience. Le même jour, à 14h, les autrices Manon Debaye et Lisa Blumen discuteront quant à elle de la création féminine en matière de bande dessinée.
Autre thème de société abordé : le racisme. En effet, les autrices Grace Ly et Rokhaya Diallo, créatrices du podcast Kiffe ta race, viendront présenter le livre du même nom dimanche 23 janvier à 16h, toujours à la Cité de la Musique et de la Danse. Un vrai évènement pour Strasbourg.
Du côté des têtes d’affiches enfin, on pourra retrouver Riad Sattouf, le vendredi 21 janvier à 16h. L’auteur de l’Arabe du futur et des Cahiers d’Esther a décidé de se pencher sur la trajectoire de l’acteur Vincent Lacoste, passé du statut d’adolescent anonyme à celui de jeune espoir du cinéma français grâce au premier film du bédéaste, Les Beaux gosses, réalisé en 2008. L’auteur de La Délicatesse, David Foenkinos viendra quant à lui présenter son nouvel ouvrage, Numéro deux, samedi 22 janvier à 15h. Il y imagine la vie d’un enfant recalé in extremis pour le rôle d’Harry Potter au cinéma et son parcours pour surmonter cet échec. Enfin, le chanteur Laurent Voulzy sera également présent pour présenter Mes cathédrales, un ouvrage-promenade sur des édifices qu’il affectionne particulièrement et où il se produit régulièrement en concert.
La musique au service du texte
Autres temps forts de cette édition : les moments musicaux, très attendus des habitués du festival. Samedi 22 janvier à 20h30, le leader du groupe Dyonisos Mathias Malzieu proposera une lecture musicale sur l’histoire de son père. En avril 1944, le petit Mainou, neuf ans, vient de perdre sa mère. Son père l’envoie, caché dans une charrette à foin, par-delà la ligne de démarcation en Lorraine chez sa grand-mère, qui tient une épicerie, la Frohmühle, au bord de l’ancienne frontière allemande. Ce sont ces derniers mois de guerre, vus à hauteur d’enfant, qu’a voulu faire revivre l’auteur, musicien et interprète.
Autre moment à ne pas manquer : la lecture musicale de textes de Baudelaire proposée le dimanche 23 janvier à 11h. Des récitations en allemand, arabes, grec, turc et français, portées par les rythmes et mélodies des jeunes de la classe d’orchestre du Collège du Stockfeld.
Les médiathèques à la fête pour cette édition hivernale !
Pour la première fois en janvier cette année, toutes les médiathèques de Strasbourg – à l’exception du Bibliobus – participeront au festival. Une programmation destinée au public scolaire et familial a spécialement été concoctée pour cette édition. “Nous nous sommes concertés avec nos élus et avons fait le choix d’ouvrir les Bibliothèques idéales à un public jeunesse, détaille Bertille Detrie, responsable de l’Action culturelle au sein de l’Eurométropole de Strasbourg. La programmation du festival touche d’ordinaire un public lycéen : nous avons essayé de viser un public collégien.”
Les rencontres scolaires proposées en médiathèques à l’occasion des Bibliothèques idéales aborderont des thèmes variés comme le harcèlement scolaire, le roman policier, la poésie, les héroïnes de l’Histoire ou encore la musique, avec l’écrivain slameur, rappeur, et comédien Insa Sané.
Mais le programme a également été pensé pour les familles. Cette année, la Nuit de la lecture mettra Antoine de Saint-Exupéry à l’honneur, dans le prolongement des célébrations du centenaire de son premier vol à l’aérodrome du Polygone à Strasbourg, en septembre dernier. “L’idée, pour cette manifestation, était d’attirer un public de proximité et de mettre en avant des partenaires locaux”, poursuit Bertille Detrie. A découvrir, le 22 janvier: un escape game à Hautepierre, un simulateur de vol de nuit à la médiathèque de la Meinau, une déambulation la tête dans les étoiles en partenariat avec le planétarium à la médiathèque Sud et une nuit du Conte à Neudorf.
Pour résumer, pour cette édition encore, les Bibliothèques idéales risquent bien de faire rêver, réfléchir et vibrer les petits et les grands.
Les petites choses à savoir avant d’y aller
- Comme d’habitude, l’évènement est 100% gratuit !
- Le port du masque sera obligatoire pendant les rencontres et il faudra présenter un pass sanitaire au personnel d’accueil. L’équipe se réserve également le droit d’appliquer toute nouvelle règle qui serait exigée par les autorités compétentes.
- Les gestes barrières seront également de rigueur tout au long du festival : la distanciation sera indiquée par une signalétique et il faudra obligatoirement se laver les mains au gel hydroalcoolique à l’entrée.
- Pour être sûr de pouvoir assister aux débats ou autres concerts, on vous conseille de réserver vos places en suivant ce lien. Néanmoins, la spontanéité n’étant pas encore une valeur morte, même si vous n’avez pas de billets, ne renoncez pas à tenter votre chance en allant directement sur place. L’équipe des Bibliothèques Idéales fera tout son possible pour ne laisser personne à la porte ! Vos billets seront à imprimer ou à présenter sur smartphone auprès du personnel d’accueil.
- Vous pouvez bien sûr assister à plusieurs rencontres d’affilée, en procédant à plusieurs réservations, mais à noter que la salle sera vidée après chaque rencontre.
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LES BIBLIOTHÈQUES IDÉALES
Du 17 au 23 janvier 2022 a
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*Article soutenu mais non relu par la Ville de Strasbourg