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Mont Sainte-Odile : un accès par téléphérique ou navettes électriques ? Le débat fait rage

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On connaît tous et toutes le mont Sainte-Odile. Situé à Ottrott, ce haut-lieu – littéralement, il culmine à 767 mètres d’altitude – spirituel et énergétique offre un point de vue incomparable sur toute la plaine d’Alsace. Néanmoins, son accession pose depuis longtemps débat. En effet, près de 330 000 voitures ou bus y accèdent chaque année. Résultat ? Une pollution environnementale et sonore importante, au détriment des habitants et de la biodiversité remarquable des alentours. Dès lors, depuis plusieurs années, existe une envie de trouver des transports alternatifs. Un projet de télécabine ou de navettes électriques est d’ailleurs sorti de terre. Et ce n’est pas peu dire qu’il fait débat.



Les études tentant de réduire la part de la voiture dans l’accession du mont Sainte-Odile ne datent pas d’hier. Néanmoins, le sujet de l’accessibilité est revenu sur le tapis par le biais de deux événements. Le premier : une nouvelle étude de faisabilité commanditée par le Pôle d’équilibre territorial et rural du Piémont des Vosges (PETR). Datant d’octobre 2020, elle propose deux solutions alternatives au trafic routier : une télécabine ou des navettes électriques.

Le second : une pétition lancée le 19 octobre, intitulée « NON à un projet de téléphérique au Mont Sainte-Odile ». Portée par les associations “Nature et Vie”, “SAMMSO” et “Le Chaudron des alternatives », celle-ci s’oppose ainsi à un projet de téléphérique, ainsi qu’à « la mise en place d’une offre diversifiée de loisirs attractifs et innovants à proximité du couvent […] pour objectif de développer le tourisme au Mont Sainte-Odile. »

© Coraline Lafon


Trouver une alternative à la voiture, “c’est notre projet” ?

D’entrée de jeu, on s’heurte à un débat de termes. Pour la pétition, ainsi que pour l’association Alsace Nature, jointe par téléphone, on parle d’un projet. Plus précisément, d’un projet de téléphérique. Comme le déclare Stéphane Giraud, directeur d’Alsace Nature, « l’idée c’est de monter un téléphérique sur le Sainte-Odile, qui partira par Saint-Nabor et le site de l’ancienne carrière. Un lieu extrêmement intéressant pour tout un type d’espèces protégées ». Néanmoins, contacté par nos soins, le PETR réfute le terme de « projet » : « Il n’y a pas de projet. Moi je ne suis pas garant de ça, c’est de la fake news. Tout ce que je peux vous dire c’est qu’il y a une étude de faisabilité sur comment stopper les 330 000 voitures/an. »

Le seul projet pour le PETR ? L’objectif de réduire les voitures accédant au mont Sainte-Odile : « Qu’est-ce qu’on fait pour qu’elles arrêtent de monter là haut ? Il y a des nuisances de pollution, acoustiques. Il faut écouter les riverains. On souhaite reverdir et créer un parc paysager. L’idée c’est d’enlever le béton et le parvis. Pour y construire un parc. On arrive alors sur un mont Sainte-Odile apaisé, sans voitures. Si on n’adapte pas un site touristique au changement climatique, on sera passé à côté de quelque chose. »

© Coraline Lafon


Le débat autour de la solution « téléportée »

Le débat le plus important ne porte néanmoins pas sur la suppression des voitures sur l’accession au mont. Ni sur les navettes d’ailleurs, puisque les associations signataires de la pétition défendent cette solution, « à faible émission de CO2 ». Elles demandent même « une étude approfondie de la desserte par navettes de l’ensemble du massif du Mont Sainte-Odile/Champ-du-Feu ». En réalité, ce qui fait débat, c’est que, selon la pétition, l’option par câble est déjà largement favorisée. Une position que conteste fermement le PETR : « Il n’y a pas d’options privilégiées. C’est prématuré de s’embarquer sur un aspect de l’étude de faisabilité du mont Sainte-Odile ». Même discours du côté de Claude Deybach, maire d’Ottrott : « Je ne peux pas dire quel scénario sera retenu. Ce que nous essayons de faire c’est de réfléchir à ce transport du futur. Qui doit servir le massif et la partie sommitale du mont Sainte-Odile ».

Pourtant, lorsque l’on s’intéresse au Schéma de cohérence territoriale du Piémont des Vosges (SCOT), on remarque que l’une des deux hypothèses a la faveur : « L’hypothèse qui est retenue est de créer un transport téléporté et de réduire le nombre de places de stationnement au site ». À ce sujet, le PETR insiste sur le fait que ce document n’indique en rien une préférence : « Le ScoT ne valide pas un ou l’autre projet de notre étude. » Néanmoins, cela peut expliquer pourquoi les opposants à cette solution par câble ont axé leur argumentaire dessus. Pour les associations signataires de la pétition, cela donnerait en effet lieu à la « destruction d’un paysage emblématique de l’Alsace par les pylônes et le passage des cabines qui seraient visibles depuis la plaine, mais aussi depuis toute la crête (et depuis le sentier des pèlerins, itinéraire réputé du chemin de Compostelle) ».

Un impact sur le paysage assumé par le PETR du Piémont des Vosges : « On sait qu’il y aurait un impact sur le paysage avec la solution par câble ». Avant d’ajouter : « Mais vu l’urgence climatique, si on ne fait rien je ne suis pas sûr que qui que ce soit puisse encore regarder le paysage d’ici une centaine d’années. »

© Vivien Latuner


Concilier respect de la biodiversité et pérennité du mont

À terme, la crainte pour les associations signataire est de voir le mont Sainte-Odile développer le tourisme de masse. Avec tous les effets négatifs que cela engendrerait sur la nature. Notamment du côté la carrière de Saint-Nabor, havre de paix pour la biodiversité alsacienne, protégée par un arrêté préfectoral de protection du biotope datant de 2018.

Le PETR a intégré cet élément dans sa réflexion : « On essaye de faire les choses correctement. On sait qu’il y a un arrêté. On l’a contesté parce qu’il empêche qui que ce soit de rentrer, ce qui est dommage. Évidemment qu’on va respecter tous les enjeux environnementaux ». Un argument qui ne convainc néanmoins pas Stéphane Giraud : « La carrière de Saint-Nabor, ça fait des années que le monde naturaliste l’a mise en protection. Là on a l’impression qu’on va encore faire un truc en disant « les espèces protégées ne seront pas impactées ». Mais la réalité, c’est qu’on nous dit toujours ça. Sauf que si ce modèle fonctionnait on aurait pas de perte de biodiversité. Ce qui est pourtant toujours le cas. »

Le directeur d’Alsace Nature poursuit : « On fait face à une extinction majeure du vivant, avec tous les problèmes corollaires qui se posent déjà. La biodiversité en Alsace est en berne. On ne peut pas continuer de taper sur les rares secteurs intéressants qui nous restent ». Du côté du PETR toutefois, on reste très ferme sur ses positions : « On cherche à arrêter le tourisme de masse ». Pour Claude Deybach, ce qui importe, c’est la pérennité du lieu : « Mon ambition, c’est que le mont Sainte-Odile soit irrigué de façon pérenne par tous les visiteurs, avec le transport du futur qui sera choisi. Il en va de la pérennité du mont ».

© Coraline Lafon


L’inquiétude autour d’un tourisme de masse

Il se pourrait donc bien que cette pérennité passe par la diversification d’offres touristiques. Et donc le risque d’un tourisme de masse. En effet, l’étude de faisabilité analyse également le développement de l’offre touristique : « Plusieurs activités, pour tous les publics, sont à étudier : cyclotourisme, le VTT (qui serait à encadrer), les sentiers de randonnées pédestres, les circuits équestres, les activités à  cordes (escalade, accrobranche…) ». Des constats qui ne sont encore qu’à l’état d’hypothèses. Mais auxquels les associations signataires de la pétition s’opposent déjà : « Certaines activités de loisirs de plein air envisagées peuvent réellement surprendre. Par exemple un parcours d’accrobranche qui a un fort impact (aménagements en forêt, nuisances sonores…) et alors que cette activité est déjà proposée dans le massif, au Hohwald. […] Le développement du VTT n’est pas adapté non plus sur les versants fragiles du Mont Sainte-Odile (sol sableux). »

De son coté, le PETR du Piémont des Vosges continue d’affirmer que rien n’a été gravé dans le marbre : « Il n’y a pas de décision prise directement après l’étude de faisablité. Dès qu’on aura des éléments on communiquera ». Avant cela, Claude Deybach déclare qu’il y a encore des études à faire : « Il faut étudier la faisabilité, puis l’impact environnemental. Ensuite le bilan carbone et enfin le côté économique et sa rentabilité ». Une communication attendue depuis longtemps. Les opposants au projet demandent en effet des éclaircissement sur le sujet. Selon Stéphane Giraud : « Une opposition se monte, du fait de l’ensemble des questions qui posent, mais surtout de l’absence de réponses. Les citoyens ne connaissent ni les tenants, ni les aboutissants, que ce soit le projet éco, son financement… » Pour avoir un début de réponse, il faudra attendre au minimum le premier trimestre 2022.


Pour aller plus loin :

La pétition : https://www.change.org/p/non-au-projet-de-téléphérique-au-mont-sainte-odile

L’étude de faisabilité : https://drive.google.com/file/d/1QvWrFpaKF_qLxLF_I_1qrXnc7dWuJw5J/view

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Commentaires (3)

    • Bonjour,

      Bien que j’apprécie le jeu de mots, si les gens qui lisent l’article veulent savoir encore plus en détail ce qui fait débat, ce qui est dit et ce qui ne l’est pas, la pétition et l’étude de faisabilité sont les deux seuls documents vraiment disponibles aujourd’hui. C’est un effort certes, mais c’est toujours bien de se faire une idée par soi-même, une fois que l’on ait été intéressé par un sujet 🙂

      Bonne journée à vous,
      Nicolas Kaspar

  1. l’idéal serait un ascenceur : econome en énergie, il existe des ascenceurs de plusieurs centaines de metres comme les nouvelles tours d’immeubles de bureau

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