Ils étaient 18 athlètes à Tokyo, venus pour représenter l’Alsace aux JO. 18 sportives et sportifs, connus ou moins connus, qui ont réalisé le rêve d’une vie. Après l’euphorie des Jeux, on est parti à leur rencontre afin de mieux les connaître. Avec, pour la majorité d’entre eux, un nouveau point de mire : Paris 2024. Aujourd’hui, on présente Thom Gicquel, champion du monde de badminton en double hommes junior et désormais 10ème mondial en double mixte.
Pour Thom Gicquel, le badminton est une véritable affaire de famille. « Je fais du bad depuis que j’ai 7 ans. Mon père et ma mère en faisaient, et ils m’ont invité à une soirée découverte pour les enfants. J’ai joué avec ma grande sœur et mon grand frère, ça m’a plu alors j’ai continué. Ça fait maintenant 15 ans que j’en fais. » Pour le jeune homme, qui joue désormais dans le club de Mulhouse, il a néanmoins fallu faire un choix : « Je faisais du foot et du bad en même temps. je préférais le foot mais comme la famille jouait au bad je me suis dirigé vers ce sport. »
Un amour de la gagne
La raison est toute simple : il aime gagner. « Moi ce qui m’a motivé c’est la gagne. Quand t’es petit, tu aimes gagner et j’étais doué au bad. » En outre, ce sport possède plusieurs qualités qui ont facilité ce choix : « L’ambiance du badminton est meilleure que celle du foot. En plus, c’est un sport super complet. Que ce soit tactique, mental ou physique. » Lui qui aime la gagne continue de progresser de manière régulière, jusqu’à exploser en 2019.
Aujourd’hui, Thom Gicquel ne s’arrête plus de gagner. Ses meilleurs résultats ? Champion du monde en double hommes en junior en 2017 et aux jeux méditerranéens en 2018, médailles de bronze aux Championnats d’Europe par équipe en 2018 et en double mixte aux Jeux européens de 2019. Mais aussi une victoire au Swiss Open et une finale à l’US Open. Désormais, le jeune homme fait désormais partie du top 10 mondial en double mixte, avec sa partenaire Delphine Delrue.
Le soulagement de se qualifier aux JO
Au vu de leurs qualités, la paire Gicquel/Delrue devait logiquement se qualifier aux Jeux de Tokyo. Néanmoins, se qualifier au badminton demande de la régularité : la qualification dure en effet un an. Pour ces Jeux, elle a même duré deux ans, à cause du Covid. Dès lors, une fois l’objectif atteint, c’était place au soulagement. « Un grand soulagement. Ça a été très long et très dur. On était super content de réussir, parce que ce n’était pas facile. Il y a beaucoup de fierté aussi, parce que faire les JO, c’est grand. »
À seulement 22 ans, l’athlète a pu réaliser son rêve d’enfant. Une réalité qu’il a mis un peu de temps à assimiler. « J’ai mis beaucoup de temps à réaliser. C’était un rêve de gosse, donc c’était dingue de réussir. » Néanmoins, les conditions sanitaires à Tokyo ont quelque peu atténué la lumière de ce rêve : « J’étais déçu de les faire de cette manière-là. Mais ça reste quand même un avant-goût de ce que ça peut réellement être, et je reste très fier d’y avoir été. »
Des Jeux décevants
Cela n’a sans doute pas aidé que les Jeux de Thom Gicquel furent un échec sportif. « Ça s’est mal passé. On a gagné un match sur trois. On a mal joué. On perd contre les Anglais, on n’a pas réussi à faire ce que l’on a voulu. Donc très décevant. » Face aux Britanniques, huitième paire mondiale qu’ils n’avaient jamais battus en trois rencontres, ils lancent leurs Jeux par une défaite 21-18 21-17. Puis une défaite face aux numéros deux mondiaux thaïlandais les condamnent à une élimination précoce.
Finalement, ils sauvent l’honneur en battant la paire canadienne en deux sets secs. Une fin de tournoi positive, qui n’atténue cependant pas la grosse déception de Thom Gicquel. Qui n’a pas voulu se cacher derrière la difficulté annoncée de leur poule : « Contrairement à ce qui s’est dit, ce n’était pas une mauvaise poule. Donc forcément, avec cette élimination, l’expérience est moins belle aux JO. On vient pour gagner des matchs, on n’est pas que là pour kiffer le moment. »
De grands objectifs à venir
La déception a néanmoins été de courte durée pour le jeune athlète. Il tourne en effet très vite la tête vers de nouveaux objectifs, très ambitieux. « On reprend les tournois mi-octobre. Il y a un tournoi à Coubertin, un très gros tournoi mondial. On aimerait également se qualifier aux World Tour Finals en Indonésie – un tournoi regroupant les meilleures paires mondiales, ndlr – et les championnats du monde mi-décembre. S’il y a tout le monde, on souhaite faire au moins quart de finale. »
Des objectifs élevés pour un athlète qui n’a aucune envie de cacher son ambition. Il met ainsi toutes les chances de son côté pour réaliser ses objectifs. « Je ne crois pas beaucoup au double projet « badminton/études. Si on veut rivaliser avec les nations les plus peuplées au monde où le bad est sport numéro 1, il faut s’entraîner, s’entraîner, s’entraîner. » Un choix et une discipline de travail dans un seul et même but : Paris 2024. Quant à son rêve pour les prochains jeux, Thom Gicquel ne se cache pas : « À Paris, je ne viserai que la médaille d’or. J’ai souvent un peu peur de le dire, parce que c’est grand et qu’il y a une montagne de travail derrière. Mais il ne faut pas avoir peur. C’est ça que je vise. » Une ambition affichée, qui force le respect.