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La Bête des Vosges : retour sur une légende qui a bel et bien existé !

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Printemps 2021. Un nouveau confinement met Strasbourg sous cloche. Je décide de mettre à profit ce contexte particulier pour passer quelques jours dans une cabane dans les Vosges. Perché à presque 1000 mètres d’altitude, je peux admirer à loisir la vallée de la Moselotte qui serpente, docile, entre les montagnes, les forêts de sapins et les chaumes encore légèrement parées de blanc. La nuit venue, le noir est dense et profond comme il sait l’être loin des villes. Bercé par la douce chaleur du poêle, je tombe tout doucement dans le sommeil lorsque soudain des cris de bête me tirent de ma torpeur. “Bwaaah bwaaah bwaaah”. Je passe ma tête par la fenêtre et observe la masse sombre des sapins qui se découpe sur le ciel dégagé. Bien sûr je ne vois rien. Ce qui n’empêche pas mon cœur de battre et mon cerveau de spéculer. La partie rationnelle me dit que ça doit être le simple cri d’un renard. Mais la partie enfouie des peurs ancestrales me susurre que ça pourrait être tout autre chose… Pourquoi pas le dahu ? Ou pire encore… la Bête des Vosges ?!



Il était une fois, un combat sans merci entre une bête et des Hommes


Il faut dire que quelques jours auparavant mon grand-père, à qui je rendais visite à la maison de retraite du village, m’avait raconté les battues qu’il avait faites à l’époque en tant que sapeur-pompier pour traquer la Bête qui terrorisait la région. Une des battues s’était justement déroulée dans le secteur de la cabane car des moutons avaient été massacrés à quelques centaines de mètres de là, dans un parc avoisinant.

L’imagination galopante faisant le reste, j’ai eu un peu de mal à me rendormir ce soir-là. De retour sur Strasbourg, j’ai eu envie de me pencher plus en détail sur cette histoire quasi légendaire, au point qu’on oublie parfois qu’elle a bel et bien existé et que c’était il n’y a pas si longtemps !

Les battues dont me parlait mon grand-père se sont tenues durant l’hiver 1977/78 dans les hauts des villages de Cornimont et La Bresse. Dans un terrain très accidenté et enneigé, la bête avait encore une fois échappé à ses poursuivants. Encore et toujours… On ne comptait plus en effet les battues mises sur pied depuis le printemps : vingt-six au total, ayant mobilisé plus de 1800 personnes. La première d’entre elles avait eu lieu le 8 avril 1977 autour de la forêt de Rambervillers, cinquante kilomètres plus à l’ouest. Et c’est bien dans ce secteur qu’il faut retourner pour remonter la piste de la Bête.


Il était une fois, une bête qui surgit dans la plaine des Vosges


La première manifestation de la Bête remonte au 28 mars 1977. Au petit matin, un éleveur de Domèvre-sur-Durbion, petit village de la plaine des Vosges, situé non loin d’Épinal, retrouve sept brebis mortes dans son parc. Mais pour le moment, on pense simplement au forfait d’un chien errant et l’affaire ne fait pas grand bruit. Sauf que les attaques se multiplient rapidement dans le secteur : onze brebis et agneaux le 30 mars à Hadigny-les-Verrières, une biche d’au moins 100kg le 31 mars à Romont et surtout vingt-six brebis le 9 avril à Moriville. À partir de là, on ne rigole plus du tout. La folie meurtrière du prédateur qu’on appelle désormais « la Bête » commence à faire parler, et à faire un peu flipper aussi. Car une chose devient sûre : elle tue par plaisir et par goût du sang, ne mangeant en général qu’une seule de ses victimes. D’autres carnages s’annoncent…

Alors on ne pense qu’à une chose : lui régler son compte au plus vite. On planifie des veillées, on pose des pièges, on organise des battues. Mais la bête semble d’une intelligence rare. Et puis elle se terre dans l’immense forêt de Rambervillers. Pourtant, lors de la battue qui a suivi cette nuit sanglante du 9 avril, on la déniche, un chasseur tire même une fois mais sans l’atteindre. Une situation qui va malheureusement se répéter dans les semaines suivantes.

Tel un métronome, la bête continue donc de frapper. Le 17 avril, c’est le cadavre d’un jeune bœuf de 200kg qu’on découvre dans un parc à Domèvre. Dans son livre consacré à cette histoire, Gaston Picard décrit la scène ainsi :

« Affreusement mutilé, les entrailles répandues sur le pré, l’épaule, la cuisse et l’échine dévorée, la gorge ouverte jusqu’à la colonne. »

Le 19, elle fait soixante victimes parmi les moutons et brebis! L’horreur monte crescendo. La bête semble être prise dans une spirale meurtrière qui commence désormais à inquiéter les autorités. La tension monte d’un cran. Les habitants du coin commencent à s’armer. On n’ose plus se promener seul en forêt.

Dès cette époque, une énième battue a pourtant failli mettre fin à ses agissements. Enfin débusquée, elle avait fini par sortir à découvert pile dans la ligne de mire des chasseurs (et des photographes, dont un, Ernest Gless prendra THE CLICHÉ). Mais faute de sang-froid, ceux-ci tirent de trop loin et ne font pas mouche. Pourtant les balles s’enchainent. Dix-sept au total ! Mais la bête semble invincible, elle parvient même à sortir du dispositif en profitant du seul trou dans le filet (un des chasseurs avait quitté son poste pour discuter avec son collègue). Avec un peu plus de compétence, l’histoire aurait pu s‘arrêter là. À la place, elle ne va cesser de devenir plus fascinante.

Capture d’écran d’un plan Google Maps qui définit le secteur de la Bête entre mars et avril 1977. On comprend très clairement le refuge que lui offrait la forêt de Rambervillers au centre.

Le 21 avril, à Girecourt-sur-Durbion, c’est une génisse qui est en partie dévorée. Puis une autre le 25 ; une bête de plus de 100kg ! On dit que seul un lion serait capable d’attaquer une bête de ce poids ! Et la tension scénaristique continue de monter. Le 27, à Rehaincourt, la Bête fait son festin… d’un poulain tout juste né ! On retrouve le pauvre, abdomen ouvert, intestins répandus entre les cuisses. Le 30, elle fait dix-sept victimes à moins de 100m de l’habitation du propriétaire du troupeau, à l’orée de la ville de Rambervillers. La presse locale titre alors : « La bête aux portes de la ville! »

Les battues s’enchaînent, avec jusqu’à cent-vingt chasseurs locaux et quarante militaires réquisitionnés. On fait même appel à des chasseurs réputés de la France entière, à des tireurs d’élite de l’armée, à des radiesthésistes avec pendule et même à l’inspecteur Columbo (enfin non peut-être pas). Le préfet en personne est de la partie. Tout ce beau monde ne peut que constater l’échec et s’en repart la queue entre les jambes (si je puis me permettre).

La panique gagne les éleveurs et l’émoi, ainsi que la peur, se répandent dans la population. On est déçu et révolté par l’incompétence des autorités. Lors de la battue du 29 avril, la bête va même nous sortir un coup dont elle seule a le secret : le chien policier suit une piste toute chaude, les chasseurs sentent la Bête prise au piège dans leur étau. Ils savent qu’ils vont l’avoir puisque le dispositif débouche sur une immense clôture haute d’1m50. Sauf que… Sauf que la Bête, d’un bond admirable franchit la clôture, ce que ne pourront pas faire les hommes à ses trousses. Dans ce combat, la Bête engrange les points. Son intelligence commence même à forcer l’admiration des chasseurs. Car elle sait les repérer et les mener en bateau (elle les évente, revient sur ses pas, brouilles les pistes en enjambant des ruisseaux, cherche à trouve la faille du dispositif, flaire les pièges, etc.)


Loup, y es-tu ?


Si on l’appelle la Bête (avec une majuscule s’il vous plaît), c’est faute de savoir à quoi on a affaire au juste. Si on pensait d’abord à un chien errant, l’hypothèse d’un loup commence à être sérieusement envisagée. Le mode opératoire (égorgement propre) fait bien penser à un loup mais les carnages sanguinaires sont de l’ordre du chien. Plusieurs témoins l’ont décrite; on sait donc qu’elle est trapue, puissante, au fort poitrail, que ses oreilles sont petites et droites, que son pelage est à poil long, de couleur fauve/roux et plus foncé sur le dos. La queue quant à elle est assez courte, noire et touffue. Les empreintes font environ 80mm sur 100mm – ce qui impressionne plus d’un chasseur ! On estime son poids à une soixantaine de kilos. Autre constat : sa vitesse est hors du commun et ses qualités physiques sont exceptionnelles.

LA PHOTO de la Bête du 19 avril 1977. La seule, l’unique, à être vraiment exploitable (© Ernest Gless, remise en ligne sur le site du journal Vosges Matin en 2009)

Alors ? Loup, chien-loup ? Voire autre chose ? Le délire collectif fera que certains y verront carrément un dingo, un lynx, un puma, une hyène voire même une créature surgie d’un autre âge. D’ailleurs, plus le temps passe, plus on croit désormais la voir ici ou là, un peu partout à la fois. La psychose collective, amplifiée par les médias, alimente l’imagination.


Il était une fois une bête… Qui remonte la vallée

En ce mois de mai, alors que la région de Châtel/Rambervillers est sur le pied de guerre depuis la réunion des quarante maires du secteur, la Bête va encore une fois jouer un sacré tour aux autorités. Alors qu’on met en place des troupeaux-appâts ultra-surveillés, la Bête décide… de frapper ailleurs ! La voilà qui change de territoire. Se sentant certainement trop menacée dans sa forêt de Rambervillers, elle parcourt une vingtaine de kilomètres et frappe cette fois-ci dans la vallée de la Vologne, tuant des bêtes du côté de Deycimont, puis de Prey et de Jussarupt. Les nouvelles battues ne sont pas plus fructueuses que dans l’ancien secteur.

Moulage d’une trace de patte de la Bête des Vosges (capture d’écran d’un reportage de l’INA)


Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup


On connaît désormais bien le mode opératoire de la Bête et à quoi elle ressemble. Il est venu le temps des hypothèses sur le pourquoi du comment. En effet, comment la Bête a-t-elle bien pu arriver ici sans jamais faire parler d’elle ailleurs auparavant ? C’est le grand mystère de cette affaire. Certains se demandent si ça ne serait pas les deux loups qui gardent la nuit l’usine de Réhaupal. Supposition trop simpliste. Mais alors ? S’est-elle échappée d’un zoo ou d’un cirque ? L’a-t-on lâchée intentionnellement par pure malveillance ? Ou a-t-elle échappé à la vigilance d’un propriétaire privé ? Cette dernière thèse fait son petit bonhomme de chemin et elle a de nombreux soutiens. Les rumeurs, on s’en doute, ont aussi les dents longues. Des habitants auraient remarqué qu’une Volkswagen, avec à son bord deux personnes, sillonnait les chemins forestiers la nuit… comme s’ils cherchaient quelque chose… quelque chose comme une bête par exemple. Serait-il possible qu’ils aient été engagés par le propriétaire pour récupérer ou abattre la Bête sans que ça se sache (parce que bonjour la facture !). On dit qu’on aurait fait venir la bête d’Europe centrale, qu’elle aurait échappé à son maitre et s’en retournerait là-bas, d’où sa progression vers l’Est.

Il n’en faut pas beaucoup plus pour que la population pointe du doigt M. Reinartz, riche industriel allemand, qui venait de racheter il y a quelques années le plus grand domaine du coin, le château des Verrières… pile là où il y a eu les premières attaques. Tiens tiens. Mais aucune preuve ne vient étayer ces dires. Surtout, la jalousie a pu rendre les chasseurs du coin amers. L’immense forêt giboyeuse du domaine venait en effet d’être entièrement clôturée par celui qu’ils appellent « le Boche » (les crimes perpétrés dans la région par l’armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale sont encore dans toutes les mémoires). Aurait-il fait importer clandestinement un loup des Carpates dressé au sifflet à ultrasons pour protéger son domaine ?

À moins qu’il faille retourner les soupçons dans l’autre sens ? Et si c’était plutôt des chasseurs jaloux qui avaient introduit cette bête dans la forêt des Verrières pour nuire justement à M. Reinartz ? Rien ne permet aujourd’hui de valider telle ou telle thèse. Reste que les rumeurs, c’est comme la confiture sur les doigts, ça colle à la peau. Et quand on ne sait rien, et que l’homme a horreur du vide, il vaut mieux toujours trouver un bouc émissaire.



Il était une fois, une bête qui descend de la montagne

La Bête a désormais un cap. Plein est ! En effet, voilà qu’elle vient de parcourir trente kilomètres pour frapper aux Bas-Rupts, un lieu-dit de Gérardmer. Elle fait donc son entrée remarquée dans les Hautes-Vosges. Et elle va y élire demeure pour tout le reste de l’histoire. Il faut dire qu’avec son relief, ses parcs à moutons isolés et sa forêt immense et dense, le secteur a tout ce qu’il faut pour abriter une bête sauvage.

Capture d’écran d’un plan Google Maps qui définit le secteur de la Bête entre mai 1977 et février 1978. Encore une fois on comprend très clairement le refuge que lui offrait la forêt de Noire Goutte au centre.

Le 22 mai, elle attaque à La Bresse, village qui deviendra son garde-manger de prédilection pendant tout le reste de l’année. Pour autant, il va y avoir un certain laps de temps où elle va rester silencieuse. Un silence pesant et presque aussi inquiétant. Il faut croire qu’en ces mois de juin, juillet et août, la nature lui aura procuré de quoi se repaitre (miam miam les petits faons bien tendres).

Et c’est donc fin août, le 24 exactement qu’elle réapparait. Elle fait neuf victimes d’un coup. Elle ne s’est donc pas détendue pendant ses congés d’été ! Les battues reprennent direct, sans succès. En septembre, elle attaque dans un pré en bordure du village, tout près des habitations. L’audace est poussée à son paroxysme. En ce début d’automne, la nuit commence à tomber tôt et on n’ose plus faire rentrer les enfants des fermes isolées à pied depuis l’école. Sait-on jamais. Ils apprennent bien encore l’histoire du chaperon rouge !

La litanie des attaques se poursuit sans relâche dans le village. Le 5 octobre, le déchainement est à son comble. La liste des victimes ce jour-là est hallucinante : vingt-et-un moutons, douze brebis, un bélier et huit agneaux sont retrouvés massacrés. La stupeur est grande. L’inquiétude encore plus. Quand cela va-t-il s’arrêter ? Le 14 octobre, elle attaque en plein jour : une première ! Quelques jours plus tard, un habitant de La Bresse est réveillé vers 3 heures du matin par des bruits. Il ouvre alors ses volets et braque une grosse lampe-projecteur sur son parc. Et là que voit-il ? La bête en train de trainer un chevreau ! Tranquilou bilou. Elle s’immobilise, lâche lentement sa proie et le fixe. Battle de regards. Défi ultime. Le temps qu’il aille chercher un fusil, elle aura filé.

Début novembre,  elle attaque à trois reprises dans le village de Rochesson, faisant plus de 20 victimes au total ! Des attaques à répétition au même endroit, voilà encore quelque chose de nouveau ! La Bête n’en finit plus de surprendre.

C’en est trop. La presse annonce la couleur: « La montagne sur le pied de guerre ». Le 5 novembre, c’est plus de quatre cents personnes qui participent à la battue dans la forêt de Noire Goutte. Toujours sans succès. Ces battues sont inefficaces et coûteuses. Les autorités sont de plus en plus décrédibilisées. Cette confusion agace la population. On se met à parler de “bête diabolique”.

Le 13 novembre, c’est au tour du plus gros troupeau de la région d’être attaqué en pleine tempête aux alentours du col de Grosse Pierre. Un millier de moutons appartenant à Ben Abbés Amara, un agriculteur venu pour les redescendre des chaumes vers sa bergerie d’Uxegney dans la plaine. En plus des trente-sept victimes, une centaine de moutons se sont égarés. On retrouvera des cadavres un peu partout, plusieurs mois plus tard, après le dégel.

Le 15 novembre, une chose étonnante va conduire à une autre supposition. La Bête ne serait-elle pas en fait un couple ? Car il y eut en effet deux attaques quasi simultanées à deux endroits différents, séparés d’une dizaine de kilomètres, à Gerbamont et à Rochesson. Les trois battues qui suivront, dans la tempête de neige, sont épiques mais vaines. La lassitude gagne tout le monde. Sauf la presse…


La presse s’empresse de presser le citron

On s’en doute, la presse locale d’abord, puis nationale, ne s’est pas fait prier pour en faire ses choux gras. Quoi de plus normal ; les ventes gonflent et le lecteur a soif de frissons. Alors on utilise des titres un peu racoleurs et on feuilletonne, histoire de maintenir le suspense. Lorsque l’histoire remonte jusqu’à Paris, la presse nationale se déplace et ne se gêne pas pour faire un portrait peu flatteur de ce coin de France soi-disant reculé, aux mœurs ancestrales et aux habitants marginaux. L’accent traînant des habitants trahit bien leurs mentalités arriérées pardi! “Môôôôn la peute bête!” On se gausse de poncifs et de clichés éculés. Au point qu’aujourd’hui encore, il est difficile d’interroger les habitants sur la Bête des Vosges, par crainte des moqueries.

Exemple d’un article de la presse régionale en 1977 (numérisé d’après le livre “La bête des Vosges” publié aux éditions C. Chopat dans lequel on peut voir d’autres reproductions).


Il était une fois, une histoire sans fin

J’aurais aimé clore cette histoire dans un ultime twist final digne des meilleurs films d’épouvante. Mais il n’y en a pas. Car il n’y a pas de fin. Il n’y a que du vide et des questions sans réponse. En effet, après le 15 novembre 1977, la bête ne fera plus aucune victime. On croit bien l’apercevoir une fois ou deux. Une battue est même mise sur pieds le 9 janvier 1978 à Cornimont, dans près d’un mètre de neige. Mon grand-père se souvient encore, skis aux pieds, des traces fraîches dans la neige. On apercevra une dernière fois ses traces le 3 février au lieu-dit “Lispach” à La Bresse. Puis plus rien. Nothing. Nada.

L’humeur de la population se partage alors entre soulagement et amertume. Soulagement d’être enfin libéré de ce démon. Amertume de ne pas l’avoir tuée et surtout de ne toujours rien connaitre sur elle. Le bilan est terrible : près de 300 bêtes furent tuées. Surtout, elle a disparu comme elle s’en était venue. Est-elle morte de sa belle mort ? Ou tuée par un tireur anonyme ? A-t-elle été récupérée par son maitre ? Est-elle partie toujours plus vers l’Est mais sans faire de victimes parmi les troupeaux alsaciens? Le mystère reste entier. On se saura donc jamais quel animal c’était exactement non plus. Un chien, un loup, un chien-loup ? Tant de questions qui fascinent encore aujourd’hui…

La bête aura laissé des centaines de carcasses dans son sillage (capture d’écran du film-documentaire de Robin Hunzinger, La bête des Vosges).

Cette histoire, c’est plus qu’un fait divers, presque une sorte de conte moderne. Avec un savant mélange de mythe, de peurs, de forêts profondes, de sang, d’imagination galopante, de rumeurs et de haine. En fait, la Bête des Vosges, c’est un révélateur de ce qui tourmente l’homme au plus profond de lui depuis la nuit des temps. Et c’est surtout une bonne histoire à raconter à ses potes lors d’une nuit en bivouac sur les sommets vosgiens!

[Quant à mon grand-père, il a bien sa petite idée sur la fin de la Bête ; il pense qu’elle a été tuée, il m’a même dit où, dans la forêt entre Cornimont et La Bresse mais je n’en dirais pas plus car chut c’est un secret.]

***

Pour en savoir plus :
Cette affaire a fait couler beaucoup d’encre dans la presse de l’époque. Comme souvent les archives de l’INA sont précieuses :
Le journal de 20h d’Antenne 2 du 29 octobre 1977
Reportage de France 3 Régions du 19 janvier 1978
On notera un ouvrage daté mais précieux car il relate les faits jours après jour :
PICARD Gaston, La Bête des Vosges, un mystérieux fait-divers, la Nuée bleue, 1989 (citation p. 50)
Plus récemment (il y a 12 ans quand même) un document filmé est revenu plus particulièrement sur la rumeur à propos du propriétaire allemand M. Reinartz :
HUNZINGER Robin, La bête des Vosges, autopsie d’une rumeur, 2009
Dans la culture populaire vosgienne, la Bête des Vosges a aussi une belle place. On citera par exemple la bière en son honneur ou l’album/vinyle La Bête des Vosges  de l’humoriste Claude Vanony paru dès 1977, ainsi que le livre illustré qui en a découlé aux éditions C. Chopat en 2006.

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Commentaires (1)

  1. Un article très intéressant, très bien écrit ! La fin me donne clairement envie d’en savoir plus, sur ce que votre grand-père pense de la mort de la bête.
    En tout cas, bravo.

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